Empêtré dans une affaire de corruption d’officiels Africains de haut rang, de blanchiment d’argent international, le Sénégalais Cheikh Tidiane Gadio risque gros. Il est arrêté par la justice américaine, depuis vendredi et présenté au Juge Kévin Nathianel Fox.
Les charges sont lourdes, et le scénario inattendu. Vendredi 17 novembre, l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, a été interpellé à New York avant d’être présenté, le lendemain, à un magistrat. Selon un communiqué publié le lundi dernier par le Département américain de la Justice, cet ancien ministre d’Abdoulaye Wade, qui fut candidat à l’élection présidentielle de 2012, au Sénégal, est soupçonné d’être i impliqué dans une affaire de corruption touchant de hauts dirigeants africains.
Avec la complicité d’un businessman chinois, chef d’une organisation non gouvernementale basée à Hong-kong et en Virginie, l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise aurait comploté pour corrompre d’éminentes personnalités comme le Chef de l’État tchadien et le ministre des Affaires étrangères de l’Ouganda, avec comme objectifs spécifiques de bénéficier d’avantages commerciaux pour une compagnie pétrolière et gazière dénommée ‘’ La Société d’énergie ‘’.
Pour arriver à leurs fins, lui et son connivent ont mis en branle un programme pluriannuel de plusieurs millions de dollars. Un véritable pactole !
Selon l’AFP, qui revient avec des informations précises, les personnes inculpées sont soupçonnées d’avoir, entre autres, fait transiter près d’un million de dollars par l’intermédiaire du système bancaire new-yorkais.
En échange d’un pot-de-vin de deux millions de dollars, le président du Tchad aurait offert à l’entreprise pétrolière chinoise des droits pétroliers dans le pays sans passer par un appel d’offres international. L’ancien ministre sénégalais aurait joué un rôle central dans cette affaire.
M. Ho aurait également distribué des cadeaux tout en promettant d’autres avantages, dont le partage des profits d’une société commune ainsi que l’acquisition potentielle d’une banque en Ouganda, en vue d’obtenir des avantages pour l’entreprise de l’énergie pour laquelle il jouait le rôle d’intermédiaire.
Gadio et Chi Ping Patrick Ho Aka «Patrick» sont ainsi poursuivis par une plainte pour violation de la loi sur la corruption ou FCPA. Le dossier referme, par ailleurs, plusieurs chefs d’accusation. Le Sénégalais est, en effet, accusé de blanchiment d’argent international. Il aurait utilisé près d’un million de dollars dans le système bancaire de New York pour dérouler ses plans.
Ces sommes auraient été versées au plus haut niveau, via une ONG financée par cette firme, The Energy NGO, au titre de mécénat pour des causes caritatives. Selon l’acte d’accusation de la justice américaine, qui n’a pas encore donné lieu à un débat contradictoire, le président tchadien, Idriss Déby Itno, et le ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa, auraient bénéficié de ces largesses.
L’affaire commence en octobre 2014, à New York. The Energy Company, qui convoite l’exploitation des champs pétrolifères tchadiens, souhaite devenir partie prenante d’une joint venture aux côtés d’une entreprise dépendant du gouvernement chinois, la Chinese State Oil Company, qui opère déjà dans le pays. Celle-ci a été condamnée par les autorités à une amende de 1,2 milliard de dollars pour violation des réglementations environnementales.
Chi Ping Patrick Ho se tourne alors vers Cheikh Tidiane Gadio. Ancien ministre des Affaires étrangères d’Abdoulaye Wade de 2000 à 2009, fondateur du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité, l’homme a ses entrées chez le président tchadien Idriss Déby Itno. Ho attend de lui qu’il intercède au sujet de ce litige et qu’il en profite pour négocier des concessions pétrolières au profit de sa société, en évitant tout appel d’offres.
Selon les enquêteurs américains, Gadio aurait joué un rôle de lobbyiste auprès du régime de N’Djaména.
« The Energy Company a promis un pot-de-vin de 2 millions de dollars au président tchadien en échange de sa bienveillance envers les intérêts de l’entreprise », peut-on lire dans le document rendu public par le Département de la justice. Selon l’accusation, l’ancien ministre sénégalais aurait lui-même convoyé la somme. En échange de quoi il aurait perçu 400 000 dollars, via sa société de conseil.
Un deuxième dossier litigieux intéresse la justice américaine. Cette fois, l’homme d’affaires chinois aurait approché le ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa, à l’époque où celui-ci venait d’achever son mandat en tant que président de l’Assemblée générale des Nations unies.
Un pot-de-vin de 500 000 dollars lui aurait alors été versé afin de faciliter les activités de la firme chinoise. Le président ougandais Yoweri Museveni, lui aussi évoqué dans le document, serait concerné par les retombées promises en échange de sa complaisance.
L’annonce du Procureur général adjoint par intérim en charge de l’affaire fait froid dans le dos. ‘’ Les enquêteurs sont déterminés à poursuivre les individus qui mettent en péril les règles du jeu équitables pour la compétitivité des entreprises, quel que soit l’endroit où ils se trouvent. Leurs pots-de-vin et leurs actes de corruption nuisent à notre économie et sapent la confiance dans le marché libre. ‘’
Ce qui complique davantage la situation de l’ancien Chef de la diplomatie sénégalaise, c’est que son complice croupit déjà en prison et ensuite que son fils est cité dans l’affaire. Les prochaines heures devront donner d’autres développements.
Les enquêteurs du FBI ont été mis à contribution, tout comme l’IRS et la communauté des forces de l’ordre qui travaillent avec diligence et de manière soutenue. Objectif : Protéger l’intégrité des institutions financières, empêcher les entités étrangères de corrompre le commerce international et pour ce cas précis, tout tirer au clair.
Affaire à suivre…
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin