Les membres des Familles Fondatrices de Bamako au grand complet se sont donné rendez-vous à Bagadadji samedi dernier. Seul point à l’ordre du jour : la disparition de Birama Touré, membres desdites familles, journaliste à l’Hebdomadaire «le Sphinx». Au regard des témoignages accablants par eux reçus, Les patriarches ont tout simplement décidé de rencontrer IBK en personne et dans les plus brefs délais. Il y a urgence en effet ! Et pour cause…
Ce sont en effet les différents témoignages pour le moins très compromettants pour le régime en place qui ont incité les patriarches Niaré, Touré et Dravé à se pencher sur le cas de leur fils et frère Birama Touré, porté disparu depuis le 29 janvier 2016 et dans des conditions troubles (nous en savons bien quelque chose : lire notre témoignage).
Après avoir croisé informations et renseignements à disposition et toutes relatives à un enlèvement suivi de tortures à l’origine du décès de la victime par d’obscurs tenants du pouvoir, les patriarches ont convenu de prendre langue avec le président de la République en personne pour en savoir davantage.
Selon des témoignages crédibles dont ceux du Directeur de publication du journal «le Sphinx» Adama Dramé en effet, tout porte à croire que «Birama Touré n’est plus en vie». Des présumés codétenus de la victime l’auraient d’ailleurs aperçue en très mauvaise posture dans une des «succursales» d’un puissant service de l’Etat sous le contrôle d’un proche du président IBK lui-même. Le hic, c’est que ces accusations pour le moins gravissimes n’ont suscité la moindre réaction de la part des pouvoirs publics. Et puisque qui ne dit rien consent, alors…
En tout état de cause, les patriarches veulent en avoir le cœur net. D’où cette rencontre du samedi dernier ayant mobilisé environ 200 personnes et assortie du souhait ardent de rencontrer le président de la République.
A suivre donc !
B.S. Diarra
Encadré
Témoignage de BS DIARRA
«Dernier journaliste à avoir rencontré Birama Touré au siège du journal «le sphinx »…
«J’ai été entendu par la Gendarmerie…»
Nous avions tant voulu éviter de nous mettre au-devant de la scène… Hélas, les circonstances nous y obligent aujourd’hui à propos de ce qu’il convient appeler «Birama Gate».
Aucune gêne à le dire : pour des raisons de confraternité et de profonde conviction, nous collaborons avec ce journal d’investigation, «Le Sphinx» (et pas lui seul) depuis plus d’une décennie. Une collaboration empreinte d’honnêteté, de confiance, de franchise et de respect mutuel et avec comme seul et unique credo, la manifestation de la vérité pour le véritable bonheur des Maliens. Ceci reste notre seule et unique motivation… Passons !
Jeudi 29 Décembre 2016, aux environs de 11heures de la matinée. Nous nous trouvions alors dans les locaux du journal «le Sphinx» sis au «Grand-marché de Bamako » au moment des faits, aux fins de bouclage en vue de la parution du lendemain vendredi 30 décembre. Le Directeur de publication Adama Dramé était absent et la responsabilité nous incombait d’assurer les activités journalières.
C’est en ce moment qu’arriva Birama Touré en compagnie d’un inconnu habillé en complet « 3 poches », couleur chocolatée, pas très élégant… Après les salutations d’usage, il (Birama Touré) demanda les nouvelles d’Adama Dramé pendant que son accompagnateur gardait un silence mystérieux tout en nous observant attentivement. «Absent» lui répondîmes-t-on. Birama observa alors une pause avant de demander s’il devrait être de retour dans les heures qui suivront question de l’attendre. Nous lui fîmes alors savoir que Monsieur Dramé était en déplacement hors du pays. Encore une pause et, sans placer mot, il interrogea son compagnon du regard lequel ne dit mot. Les deux visiteurs décidèrent alors de se retirer sans rien ajouter. Un détail : Birama était quelque peu agité ce jour !
Souvenez-vous : nous étions le 29 Décembre 2016, jour de sa «disparation». On ne le revit plus !
Entendu par la Gendarmerie
Bien entendu, nous ne nous sommes nullement attardés sur les faits. Birama Touré était journaliste audit Hebdomadaire et sa présence sur les lieux n’avait rien de particulier, du moins, à première vue ! Et il s’avère, pour des raisons liées à son mariage très prochain, qu’il sollicitait son Directeur de Publication Adama Dramé. Rien d’anormal ! Mais pourquoi ignorait-il que Monsieur Dramé était absent pour plusieurs jours ? Et qui était cet individu qui ne le quittait ni des yeux ni des pas ? Un ange-gardien ?
En tout état de cause, nous avions, ce jour estimé qu’il n’y avait rien à signaler tout pouvant s’expliquer par son projet de mariage, un événement peu banal dans la vie d’un homme. Une intime conviction qui nous a d’ailleurs fait écrire dans ces mêmes colonnes que rien de grave ne lui était arrivé et que sa présumée disparition était probablement liée à son projet de mariage et que son orgueil a certainement dû prendre un coup.
Presque deux mois plus tard, nous avions été téléphoniquement invités (pas convoqués) à nous rendre au camp I de la Gendarmerie auquel l’enquête a été confiée suite aux nombreuses réactions liée à la présumée disparition.
Aux gendarmes enquêteurs, nous avions relaté exactement les faits ici cités. Les Gendarmes se sont montrés très courtois et compréhensifs. Ils ne nous ont fait preuve de la moindre animosité ni indélicatesse. A leurs dires, il s’agissait tout simplement d’une enquête. D’où ma présence.
Et après déposition, nous nous sommes retirés dans la plus grande sérénité. L’on s’est donc quitté avec la promesse de reprendre contact à la première alerte. Mais plus rien ! Selon toute évidence et intime conviction, notre déposition nous a semblé ce jour réconforter les enquêteurs.
Plus tard et suite à nos investigations personnelles, nous avions appris que l’équipe présente ce jour à la brigade d’investigation de la Gendarmerie a été presque disloquée. Le Commandant des lieux a fait valoir ses droits à la retraite et de nouvelles affectations sont survenues. En tout état de cause, c’est le silence-radio depuis ce jour. Et aujourd’hui, presqu’une année plus tard, Birama Touré n’a été revu et les gendarmes-enquêteurs n’ont plus rien cherché à savoir.
Quid de ce mystérieux accompagnateur ?
Très peu de questions nous ont été adressées à propos du mystérieux compagnon de Birama Touré à la Gendarmerie. Très peu ! Tout indique que les enquêteurs avaient plutôt besoin de notre opinion sur la question, pour avoir été les derniers à apercevoir vivant le porté-disparu. Une opinion sans ambages au moment des faits : il s’agissait, à notre avis, d’une fugue liée à son mariage. Mais avec le recul, rumeurs et informations pour le moins gravissimes, nous nous interrogeons très logiquement à propos de ce mystérieux accompagnateur.
Ce dernier nous semble bien être la clef pour nous avoir quitté ce jour en compagnie du sieur Touré lequel n’a plus jamais été revu. En somme, il est la toute dernière personne à avoir fréquenté le porté-disparu. Et nous ne le connaissons pas dans le cercle de la profession dans la mesure où il s’agit d’un milieu très compact où tous semblent se connaître.
Une piste à laquelle la Gendarmerie s’est très peu intéressée lors de notre déposition et à laquelle la police ne s’est nullement intéressée du tout. Contrairement à la gendarmerie, nous n’avions jamais été entendus par la police à laquelle la même enquête est pourtant confiée. Conclusion : il existe, de la part des autorités, une volonté manifeste de classer le dossier sans suite.
Et pour notre part, nous subissons à ce jour de fortes pressions jusque dans notre famille aujourd’hui exposées à une grave déstabilisation. Pourquoi donc ? Bien entendu, nous avions fait part de nos préoccupations aux plus hautes autorités dont le service de la Sécurité d’Etat (S.E). Des assurances nous ont été données ici que cette structure n’est nullement à l’origine de nos déboires. Mais les pressions continuent toujours plus fortes au moins que notre foyer est en passe d’être disloqué sans la moindre réaction des mêmes autorités.
Nous avions, en outre été publiquement accusés de «dangereux terroriste», de«dealer», de «chef de gang», d’apatride» «d’élément négatif et dangereux»…, et que sais-je encore ? Serait-ce en vue de nous livrer à la vindicte populaire et justifier ainsi une éventuelle action contre notre personne ?
Et de présumés enquêteurs sont encore lancés à nos trousses et passent notre quotidien au peigne fin. Et tenez-vous, dans cette folle poursuite et présumée enquête portant sur notre personne, mêmes des étrangers sur le sol malien sont mis à contribution. L’affaire Birama Touré est-elle passée par là ?
Aussi, selon des confidences que nous partageons ici et maintenant avec vous pour la première fois, il existerait un lien entre les présumés acteurs de la disparition de Birama Touré et l’affaire «Madou Ka-Journal», le chroniqueur ayant été récemment pris pour cible. Pour tout dire, il existe bel et bien une nébuleuse disposant de gros moyens matériels, financiers et d’une grande influence, hors de contrôle des services officiellement compétents et qui agit en ses lieux et place. Pas donc étonnant qu’IBK n’en sache rien ! Les patriarches des familles fondatrices se chargeront certainement de l’en informer de la plus belle manière. Et il a bien intérêt à prendre cette affaire très au sérieux ! Et sa propre stabilité en dépend car il ne s’agit, ni plus ni moins que d’une police parallèle aux ordres d’une tierce et puissante personne ayant de grandes ambitions politiques !
Au motif de tout qui précède, nous avions jugé temps et nécessaire de faire ce témoignage. D’autres suivront, Inch’Allah, comme dirait l’autre !
A suivre donc !
B.S. Diarra
Source: La Sentinelle