En pondant un communiqué de presse le 25 octobre 2019, soit plus de quarante huit heures après l’ouverture d’une information judiciaire contre les sieurs Sékou Alpha Djitèye, Adama Sangaré, Mohamed Oumar Traoré et la dame Mafili Koné, le Procureur de la République en charge du Pôle économique et financier du tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako a délibérément violé certaines dispositions pertinentes du code de procédure pénale malien.
Une violation qui va sans doute bénéficier aux inculpés si on sait qu’en la matière le respect desdites dispositions est d’ordre public. Toute violation desdites dispositions entraine l’annulation de toute la procédure par la chambre d’accusation. D’où le rappel à l’ordre du Collectif des avocats de Adama Sangaré, maire du district de Bamako. Ces brillants avocats défenseurs, tous spécialistes en la matière, savent en effet qu’à partir du moment où le président du Tribunal a saisi un juge d’instruction, le procureur est automatiquement dessaisi du dossier.
Etant partie au procès, il n’a en effet plus le droit de se prononcer encore sur cette affaire en instruction. Il se retrouve donc sur le même pied d’égalité que la défense.
La protestation des avocats de Adama Sangaré
Soucieux de la manifestation de la vérité ainsi que de toute la défense de leur client, le Collectif des avocats de Adama Sangaré a tenu à protester vigoureusement contre les violations répétées du procureur anti-corruption. Ils feront en effet savoir que le communiqué de presse du Procureur « procède d’une désinformation de la communauté nationale et internationale, en ce qu’il tend d’une part, à stigmatiser des personnes présumées innocents, et d’autre part, en ce qu’il constitue une violation manifeste du secret de l’instruction.»
Ledit collectif exige en outre le respect des principes cardinaux de la présomption d’innocence et du secret de l’information.
Les droits de la dame Mafili Koné violés
Cette intellectuelle de bonne facture qui a eu un cursus universitaire exempt de tout reproche a été payée en monnaie de singe par les enquêteurs du Pôle économique. Elle ne se doutait nullement qu’après avoir collaboré avec la brigade de gendarmerie du Pôle économique, elle serait parmi les personnes inculpées. C’est elle en effet qui a tout mis en œuvre pour que nos villes ne soient pas dans l’obscurité. L’absence de délestage au Mali est due à elle.
En effet, en voulant faire face à l’urgence, elle est parvenue à contourner la procédure administrative pour ravitailler nos centrales électriques en hydrocarbures. En son temps, elle n’était que la 3e personnalité. C’est elle aussi qui a apporté tous les justificatifs concernant le D.24. Tout ce travail accompli pour aider les enquêteurs avec des preuves.
L’issue de tout ce travail, c’est par un simple SMS qu’elle a été convoquée pour être inculpée et incarcérée. Le fait de travailler pour les enquêteurs en charge de ce dossier et se voir inculpé à la dernière minute ne constitue-t-elle pas une violation flagrante des droits de la défense ?
Une question à laquelle les pénalistes du Mali doivent apporter une réponse.
Birama FALL
Le Prétoire