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AER-Mali : la souveraineté énergétique au cœur des défis

L’Agence des Energies renouvelables du Mali (AER-Mali) a tenu sa 7e session ordinaire du Conseil d’Administration le 28 mars 2023 à l’ex-CRESS de Badalabougou. Pour cette rencontre, les débats des administrateurs étaient centrés autour des voies et moyens pouvant permettre au Mali d’avoir sa souveraineté énergétique. Les travaux étaient dirigés par M. Boubacar Keïta, président du Conseil d’Administration accompagné de Dr Souleymane  Berthé, directeur général de l’Agence.

Analyse et examen des activités menées courant 2022, dépenses exécutées sur le budget d’Etat, analyse et adoption du plan d’action 2023 et du budget prévisionnel de l’année courante, voilà les points qui étaient inscrits au menu de cette session de conseil d’Administration de l’Agence des Énergies renouvelables.

Aussi, l’occasion a été bonne pour les administrateurs d’examiner et de fixer le budget de l’Agence pour l’année 2023 à six cent cinquante-sept millions deux cent quatre-vingt-quinze mille francs CFA (657 295 000 FCFA).

Sur le rapport d’activités, il ressort qu’au titre de l’année 2022, l’AER, malgré le contexte budgétaire assez difficile, a pu mener plusieurs réalisations. Elle a surtout conclu avec ses partenaires internationaux des accords pour des projets dont certains sont déjà réalisés et d’autres en cours de réalisation. Il s’agit notamment de l’Alliance solaire internationale (ASI) pour le financement et la réalisation des projets de démonstration sur l’électrification des centres de santé communautaire  (trois centres réalisés) et le pompage solaire pour l’agriculture (quinze sites retenus) ; l’Agence internationale des Energies renouvelables (IRENA) pour l’évaluation des besoins en énergie des centres de santé au Mali (en cours) ; la Coopération chinoise pour la réalisation des travaux du Projet pilote d’électrification et d’adduction d’eau de Kara et de Koniobla dont les travaux sont en cours de finition.

Selon le président du Conseil d’Administration, en 2022, le total des dépenses exécutées sur le budget d’Etat est de 295 160 456 FCFA contre 295 160 456 FCFA de crédit notifié, soit un taux d’exécution de 100 %.

M. Boubacar Keïta expliquera également que malgré ce modeste budget et le contexte difficile notamment le gel des budgets 2022, l’Agence a pu faire certaines réalisations avec l’appui des partenaires , à savoir : le fonctionnement de l’agence, l’électrification en énergie solaire photovoltaique de six centres de santé dans la région de Mopti dans le cadre du projet Energie solaire et télémédecine ; l’Installation de cinq plateformes solaires dans la région de Bandiagara, constituées chacune d’un moulin, une décortiqueuse, un atelier de soudure et une unité de charge de batterie dans le cadre du projet de stabilisation du centre.

A cela, il faut ajouter la mise en place de l’unité de gestion et la levée des conditions suspensives du projet d’électrification par énergie solaire photovoltaique de cinquante localités, financé par le Fonds Vert pour le Climat et la Banque ouest africaine de Développement (BOAD), à hauteur de 24 milliards de FCFA ; l’analyse et l’évaluation du dossier d’appel d’offres (DAO) de 33 000 lampadaires solaires en cinq lots sur toute l’étendue du territoire, projet qui sera financé sur le budget d’Etat à hauteur de 36 milliards de FCFA ; la réalisation des travaux du projet d’électrification totale et d’adduction d’eau grâce au pompage solaire des villages de Koniobla et Kara, dans la région de Koulikoro, dans le cadre de la coopération chinoise, projet dont le montant est estimé à plus de 2 milliards de FCFA, et dont les travaux sont en cours de finition ; le suivi des études de faisabilité, d’impact environnemental et de collecte des données.

Valoriser le potentiel d’énergie disponible

Autres activités prioritaires menées. Il s’agit du suivi des études de faisabilité, d’impact environnemental et de diligence des centrales solaires à vocation régionale au Mali d’une puissance de 150 à 300 MWC avec le WAPP ; le suivi des activités de l’initiative Désert to Power avec la Banque africaine de développement (BAD) ; la poursuite des tests de foyers améliorés pour le suivi de performance ; le renforcement des capacités des chercheurs et des ingénieurs sur l’utilisation de certains logiciels dans le domaine des énergies renouvelables ; la tenue d’une journée Portes ouvertes au Conseil national du Patronat.

« Parmi les autres activités de l’Agence, permettez-moi de citer, entre autres : le suivi pour l’approbation par le Gouvernement du financement des deux projets : il s’agit du projet Centrale solaire 50 MWc de Fana pour un montant de 63,5   milliards de Francs CFA et du projet Village agricole durable par système d’irrigation solaire photovoltaïque pour un montant de 11 milliards de FCFA ; l’élaboration en cours des études de faisabilité des projets de parc solaire de 500 MWC et la préfaisabilité du projet de 15 000 pompes solaires pour l’irrigation. Il s’agit là de deux projets proposés par l’Alliance solaire internationale lors de l’Assemblée générale en octobre 2019 », a ajouté le président du Conseil d’Administration.

M. Boubacar Keïta a également insisté sur le défi de l’heure. Il s’agit, pour lui de faire en sorte que le Mali puise gagner sa souveraineté sur le plan énergétique, surtout avec la crise énergétique mondiale provoquée par la guerre russo-ukrainienne et la forte demande liée à la reprise des activités post Covid-19. « Cette crise énergétique qui secoue le monde et met à mal les économies les plus dynamiques a montré, à travers l’exemple des pays européens, l’importance de la souveraineté énergétique pour un pays. Or cette souveraineté passe nécessairement par la valorisation du potentiel d’énergie disponible sur le territoire national », a expliqué M. Keïta.

Le président du Conseil d’Administration de l’AER-Mali a estimé qu’en outre, il ressort de toutes les études que pour atteindre la souveraineté énergétique, la meilleure solution pour un pays comme le nôtre qui ne dispose pas encore d’énergies fossiles, c’est le mix énergétique dans lequel le bouquet sera dominé par les énergies renouvelables. « Par conséquent, nous n’avons pas d’autres choix que d’œuvrer dès maintenant à la mise en valeur de tout notre potentiel en énergies renouvelables, un potentiel considérable du reste, tant en quantité qu’en qualité, mais aussi et surtout très diversifié (énergie solaire, énergie éolienne, biomasse, etc.) », a-t-il souligné.

« Le Mali a du potentiel en énergie »

Pour sa part, le directeur général de l’Agence des Énergies renouvelables, Dr Souleymane Berthé, il a expliqué que le potentiel du Mali en énergies renouvelables est bien connu aujourd’hui, grâce aux travaux des experts de l’Agence qui ont pu inventorier toutes les ressources disponibles du pays. Pour lui, le Mali dispose ainsi de ressources énergétiques suffisantes et disponibles pour que tous les Maliens aient accès à l’électricité et à des meilleures conditions de vie. « Aujourd’hui, le taux d’accès à l’échelle nationale est de 54 %. En milieu rural, le taux d’accès est de 24,7 % seulement », a-t-il précisé.

Par ailleurs, le patron de l’AER a remercié les plus hautes autorités du pays pour leur accompagnement dans l’atteinte des objectifs fixés, même s’il a déploré toujours le budget très moyen alloué à sa structure dont le défi reste énorme.

Il faut rappeler que le budget alloué pour l’exercice 2023 est de six cent cinquante-sept millions deux cent quatre- vingt-quinze mille francs CFA (657 295 000 FCFA). Un budget, certes supérieur à celui de l’année 2022, mais qui reste très faible comparé aux ambitions de l’Agence.

Amadou Kodio

Source : Ziré

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