26 mars 1991 – 26 mars 2016, la démocratie malienne, conquise de haute lutte par le peuple, souffle ses 25 bougies. Les manifestants qui réclamaient le multipartisme et la démocratie, ont subi une répression féroce. De nombreuses victimes ont été enregistrées lors des journées chaudes de Mars 1991. La journée du vendredi 22 mars 1991 fut particulièrement sanglante. C’est pour commémorer ce « vendredi noir » et rendre hommage aux martyrs de la démocratie que l’Association pour la défense des victimes de la répression (ADVR) organise, le 22 mars de chaque année, une marche funèbre qui part de l’hôpital Gabriel Touré pour aboutir au Carré des Martyrs, au cimetière de Niaréla. Adossé au mur d’enceinte du cimetière côté ouest, le Carré des Martyrs est aujourd’hui perdu entre les vendeurs de meubles, les réparateurs de motos, les pousse-pousse. Du coup, l’accès à cet endroit historique relève du parcours du combattant. Dans les parages, les bouchons sont démentiels à cause des gros porteurs qui coupent carrément la route. Ne parlons pas de la possibilité de stationner si vous êtes en voiture, encore moins d’un service d’accueil pour donner des explications aux visiteurs sur le monument. Sur un mur peint en noir, on peut lire des noms sur des plaques de marbre blanc. A l’intérieur du carré, sont alignées les tombes des victimes des violences de Mars 1991. Le parterre de fleurs aurait besoin de plus d’attention. Tout comme les victimes et leurs parents, estime le président de l’ADVR. « Les victimes de Mars 1991 sont les parents pauvres de la démocratie aujourd’hui à cause des insuffisances dans la prise en charge des grands malades », indique Abdoulaye Dembélé. La marche de cette année, annonce-t-il, sera placée sous le signe de la paix et la réconciliation nationale. Comme d’habitude, le cortège funèbre comprendra plusieurs centaines de marcheurs, les victimes de la répression, leurs parents et amis, les hommes politiques. Si la plupart de nos concitoyens ont tendance à oublier ce qui s’est passé il y a 25 ans, ce n’est pas le cas des victimes et de leurs parents. Afin d’éviter l’oubli de ces événements fondateurs de notre démocratie, les membres de l’association souhaitent voir la matérialisation ou l’opérationnalisation de la « Fondation du 26 Mars 1991 ». C’est un autre combat que les membres du bureau de l’association entendent mener avec l’appui et l’accompagnement des plus hautes autorités du pays. « L’ADVR n’est pas là que pour demander des droits ou des indemnisations, son rôle est aussi de perpétuer des idéaux du 26 Mars 1991. Cette fondation sera le lieu de retrouvailles des 914 victimes et de leurs parents, ainsi que de tous les Maliens qui souhaiteront rendre un hommage aux martyrs », explique le président de l’Association pour la défense des victimes de la répression. A. DIARRA

Source : L’ Essor