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*Adresse au peuple nigérien lue à la cérémonie d’hommage rendu au Président Mahamadou Issoufou, Ancien Président de la République du Niger. Désormais membre du Cercle Glorieux des récipiendaires du Prix Mo Ibrahim*

Quand le Camarade Tiébilé Dramé, Président du PARENA (Parti pour la Renaissance Nationale), m’a annoncé l’invitation du Président Mahamadou Issoufou à participer à la fête démocratique africaine rendant hommage aux fils et aux filles de l’Afrique qui comme lui ne s’accrochent pas au pouvoir, ne tripatouillent pas leur constitution pour briguer un troisième mandat et peut être beaucoup d’autres, je me suis écrié : Ah mon Dieu, je pensais que je ne retournerais plus au Niger, cette Province de la Grande Patrie Africaine que j’aime tant.

 

Le Niger, le pays d’Hamani Diori, de Boubou Hamma et de Bakary Djibo et bien d’autres très anonymes qui ont lutté pour l’émancipation Africaine.

Le pays d’Abdou Moumouni Djoffo, de Boubakar Ba, grand (mathématicien de son état), de Laya Djouldé, d’Amadou Maïga, Dr. Paul Liné, l’ingénieur Moussa Bakou et Sanoussi Jaku qui dans le cadre du PAI (Parti Africain pour l’indépendance) ou en dehors ont œuvré aux côtés de leurs aînés du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) à la libération totale de l’Afrique, mais surtout se sont consacrés au développement de la science en Afrique en général et singulièrement au Niger.

Prononçant le nom de Sanoussi Jaku, je me dois de présenter mes condoléances à sa famille, à son parti, au Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS-TARAYA) le parti allié, à tous ses amis (e), à ses camarades de lutte, au Niger tout entier.

Son rappel à Dieu m’a été annoncé en pleine séance de travail du Comité national d’éthique pour la santé et les sciences de la vie (CNESS). Vous imaginez que l’émotion a été vive.

Le pays des Généraux Séyni Kountché et Ali Séybou, Colonel Adamou Moumouni DJERMAKOY, Général Mamadou Tandia qui ont amorcé, me semble-t-il, le décollage économique du Pays profitant du boom de l’uranium et de l’ascension de la place de l’énergie nucléaire dans le développement humain durable et sûr, jusqu’à la catastrophe de Tiernobil.

Il est vrai que le Président Mamadou Tandia s’est malheureusement engagé dans la manipulation de la constitution baptisée Tazartché (continuer sans s’arrêter) qui s’est terminée comme on le sait.

Le Niger, le pays du Général Ibrahim Baré Maïnassara, du Commandant Daouda Malam Wanké, du Général Salou Djibo qui ont contribué à débloquer des situations difficiles et apporté leur touche à l’évolution du Niger.

Le Niger, pays des rebelles Rhissa Ag Boula, Mano Dayack, Mohamed Akotey, Mohamed Anako qui ont sûrement aidé à la prise de conscience de l’importance des minorités nationales dans un pays.

La multiplicité des coups d’Etat perpétués et des rébellions déclenchées au Niger soulignent à suffisance combien gigantesque a été l’effort déployé par l’équipe du Président Mahamadou Issoufou pour stabiliser ce pays pendant dix ans.

Bonne chance au Président Mohamed Bazoum successeur de Mahamadou Issoufou pour qu’il en fasse de même, voire mieux et mériter lui aussi le prix Mo Ibrahim.

Eh ! les Amis dites-moi la vérité, un certain Mohamed Bazoum aujourd’hui Président de la République du Niger, son chef d’Etat major général des armées le Général Abdou Sidikou Issa ne faisaient-ils pas partie de la rébellion ?

Plus sérieusement, anciens rebelles ou non, sympathisants de la rébellion nigérienne ou non, l’important aujourd’hui, c’est l’union pas que seulement circonstancielle, pas forcément apparente, mais fondée sur des valeurs des Anciens belligérants qui fait le Charme du Niger et donne envie d’y venir pour vivre dans un climat de diversité linguistique, culturelle, confessionnelle, cultuelle et politique bien sûr.

Aujourd’hui que le pays est dirigé par l’équipe de Mahamadou Issoufou, Mohamed Bazoum, Massoudou Hassimi d’indiscutables patriotes mais panafricanistes, internationalistes socialistes, j’éprouve un réel plaisir à répondre à l’invitation de l’ancien Président de la République, l’homme que nous célébrons ce jour.

J’y reviens donc bien que la carcasse n’obéisse plus tellement ni au cœur ni au cerveau !

J’y reviens pour servir de pont entre les dirigeants des deux pays voisins, unis par l’histoire, les langues, les confessions, par la culture pour tout dire. Deux voisins dont les dirigeants sont pour le moins fâchés les uns contre les autres et n’ont pas toujours le sens de la mesure dictée par l’histoire commune des deux pays, quand ils se parlent sur les ondes.

C’est un devoir de génération et de démocrate socialiste. Je l’accomplis avec enthousiasme.

S’il faut que je dise un mot sur les différends entre mes cadets, j’affirmerai que l’embargo imposé au Mali n’est ni illégal, ni illégitime basé qu’il est sur le Traité révisé, les différents Protocoles et les Décisions qui en découlent et aux quels le peuple malien a souscrit à travers ses dirigeants. De telles sanctions ont été appliquées à d’autres Etats de la CEDEAO dans les mêmes conditions.

Cependant, cet embargo est injuste et inhumain au regard des souffrances qu’il inflige aux populations des différents Etats de la CEDEAO qui ne sont pas responsables des coups d’Etat perpétrés en Afrique depuis le début des années 60 même si ces coups d’Etat sont accompagnés de liesses populaires plus ou moins durables ; même si ces coups d’Etat ont parfois permis le décollage des pays où ils se produisent.

Cette invitation a réveillé beaucoup de souvenirs.

Permettez-moi de saluer le Président Mahamane Ousmane, un autre fils du Niger premier président démocratiquement élu après les transitions post-conférences Nationales des année 90. Ma collaboration avec lui au sein du Parlement de la CEDEAO, moi comme président, puis lui comme Président de l’Institution parlementaire Ouest africaine est riche d’enseignements.

Salut aussi aux camarades et cadets Haji Kirgam, Hamma Amadou et au Dr. Vétérinaire MAZOU.

Mes pensées affectueuses aux familles d’Abdoulaye Goureï Baba, camarade de promotion du Lycée Terrasson de Fougères, devenu Askia Mohamed, de l’Honorable Oumarou Sidikou troisième Vice-président du Parlement de la CEDEAO avec qui l’entente était parfaite et m’a souvent hébergé chez lui lors de mes passages à Niamey.

Pensées amicales et affectueuses à la famille du brillant assistant parlementaire de la Commission des Finances Souleymane Harissou. Je suis vraiment désolé de n’avoir pas pu le voir durant mon séjour de trois jours.

Il me revient, il y a une vingtaine d’années au moins, je déclarais en substance lors d’une conférence des Présidents des parlements régionaux, de l’Est, de l’Ouest, d’Afrique Australe à Livingston en Zambie : « Il est temps que les parlements régionaux se penchent sérieusement sur les modifications intempestives des constitutions par les chefs d’Etats en vue de se pérenniser au pouvoir ».

Ce n’est pas difficile de comprendre que ce propos a fait grincer des dents et m’a valu ce que beaucoup savent maintenant.

Le prix Mo Ibrahim accordé au président Mahamadou Issoufou respectueux de la constitution ; s’en tenant à ses deux mandats constitutionnels, refusant de briguer un troisième mandat malgré toutes les pressions honore l’Afrique, me remplit de joie et constitue une revanche en quelque sorte pour moi, d’autant que l’ancien président du Niger entre ainsi dans le cercle glorieux des chefs d’Etats Africains respectueux du serment qu’ils prêtent lors de leur investiture.

Ce prix de Mo Ibrahim n’honore pas que le président Mahamadou Issoufou, pas seulement que les socio-démocrates nigériens, mais aussi l’Internationale socialiste africaine et devrait faire réfléchir le Président Maky Sall. Qu’Allah le protège contre la tentation de briguer un troisième mandat pour lui éviter de connaître le sort du président Alpha Condé, ancien président de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF).

Résonnent encore dans mes oreilles les paroles très fortes prononcées très tôt le matin du camarade Maître Robert Dossou : « Ali, je ne comprends plus les camarades. Une fois au pouvoir ils ne sont plus les mêmes. Je viens de parler plus d’une heure à mon camarade Alpha Condé pour le dissuader de briguer un troisième mandat. En vain !  Il me dit Ado l’a fait. Sassou Ngeusso est à son quatrième mandat. Pourquoi pas moi ?

Par ce que tout simplement, tu as été président de la FEANF répond Me DOSSOU et tu ne peux pas le faire. Ali, il m’a raccroché le téléphone au nez, c’est pourquoi je te réveillé si tôt ».

Président Issoufou, merci d’avoir été fidèle à l’Esprit, aux enseignements de l’UGEAO (Union Générale des Etudiants de l’Afrique Occidentale), de l’UED (Union des Etudiants de Dakar) et de la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France) pour ne citer que les plus connues.

Il est certain que seront honnis tous ceux-là et toutes celles-là, Chefs d’Etat, qui s’éloigneront de l’Esprit, des enseignements, des principes édictés par ces organisations et leur semblable comme la Wasu dans le Common Wealth (West African Students Union). Les Principes et Règles édictés également par les héritières de la FEANF, de la WASU, de l’UGEAO, de l’UED.

La gauche malienne est fière de toi Mahamadou Issoufou ! Vos alliés Adema-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, le PARENA (Parti pour la Renaissance Nationale), les Hommes et les femmes de gauche de l’URD (Union pour la République et la Démocratie), le Rassemblement pour le Mali (RPM) sont fiers de vous !

Très heureux de participer à cette fête de célébration d’un grand Africain, comme ont été célébrés d’autres grands Africains, comme Joaquim Alberto Chissano du Mozambique, Festus Gontebanye Mogae du Botswana, Pédro de Verona Rodrigues Pires du Cap Vert, Hifikepunuye Pohamba, de la Namibie.

Last but not the least Madame Ellen Johnson Sirleaf. La dernière citée mais pas la moindre.

Nelson Rolihlahla Mandela alias Madiba n’est plus parmi nous, mais veille sur nous.

Je souhaite beaucoup de succès à cette cérémonie de célébration du Président Mahamadou Issoufou.

Je termine cette adresse à tout le peuple Nigérien certainement fier de cette cérémonie, en remerciant le Président de la République nigérienne Mohamed Bazoum pour avoir accepté de m’accueillir, mais surtout pour avoir fermement défendu l’Intégrité territoriale, l’Unité nationale, la cohésion sociale de cette autre province d’Afrique, le Mali, quitte à mettre à rude épreuve les nerfs de ses cousins de l’Adrar des Ifoghas et de l’Azawak malien, tout le temps où il était ministre des Affaires étrangères ou de l’Intérieur.

Gloire éternelle aux Femmes et aux Hommes d’Afrique respectueux de leurs Constitutions et des Serments qu’ils prêtent le jour de leurs investitures !

Niamey le 19 mai 2023.

Pr. Ali Nouhoum DIALLO, ancien

Président de l’Assemblée Nationale du Mali

et du Parlement de la CEDEAO.

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