L’Affaire Adama Traoré, ce jeune franco-malien mort dans des conditions obscures à Beaumont-sur-Oise, suite à son interpellation par des gendarmes, a connu un nouveau rebondissement, hier. Inhumé à Kalabancoro, dimanche 7 août, sa famille a réclamé, mardi dernier, l’implication du président IBK dans cette affaire. Le gouvernement, via un communiqué, a justifié hier sa non-intervention dans ce dossier, par le fait qu’Adama Traoré ne possédaient pas de papier prouvant qu’il est malien.
C’est suite à une course-pousuite à Beaumont-sur-Oise, alors qu’il tentait de fuir des gendarmes, qu’Adama Traoré est décédé le 19 juillet dernier. Interpelé et devant son refus d’obtempérer, il est menotté par 3 gendarmes qui procède à une méthode d’immobilisation peu orthodoxe, en utilisant tout leur poids pour le maintenir au sol. C’est en arrivant à la brigade que la mort du jeune Adama sera constatée.
Commence alors une affaire qui devient rapidement très médiatisée, tant elle est entourée de zones d’ombre. Le dossier d’instruction transmis au juge est dépourvu de plusieurs pièces essentielles, comme le rapport d’intervention détaillé du Samu, des pompiers et de police technique et scientifique sur le véhicule des gendarmes. Le procureur de la république, Yves Jannier, après la première autopsie, déclara qu’Adama Traoré souffrait d’une « infection très grave touchant plusieurs organes » alors que le rapport d’autopsie faisait état de « symptôme d’asphyxie » ; Le médecin légiste, malgré la violence de l’interpellation, n’avait pas relevé de « traces de violences significatives ». La justice a donc conclut que la cause du décès « semble être médicale chez un sujet manifestement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours ». Une seconde autopsie, remettra en question la thèse de la pathologie cardiaque sans pour autant décider le procureur à changer de discours, semant le doute quant à son impartialité dans ce dossier. Malgré ces deux autopsies qui excluent toutes violences ayant entraîné la mort, la cause du décès d’Adama reste toujours entourée de mystère.
Cette « bavure », comme l’affirme la famille du défunt, les a poussé à déposer deux plaintes concernant l’attitude des forces de l’ordre pendant et après l’ arrestation d’Adama et pour dissimulation de preuve. Le dimanche 7 août, le corps d’Adama est transporté au Mali, et enterré dans la quartier de Kalabancoro, à Bamako, en présence de ses proches.
Mardi dernier, sa famille a réclamé l’aide du président IBK, car elle considère que, « le procureur n’a pas dit toute la vérité après les autopsies ». « Il s’agit d’un Malien, le président Keïta doit nous soutenir », déclarait à ce propos, Assa, la sœur du jeune homme.
Le gouvernement Malien a fait s’avoir, via un communiqué, qu’« aucun document officiel n’indique qu’Adama Traoré est de nationalité malienne », « Tous les documents de feu Adama Traoré prouvent qu’il est français, même si sa mère est détentrice d’un passeport malien périmé », indique le communiqué. Il n’existe donc, selon le gouvernement, « aucune base juridique donnant la nationalité malienne au défunt ».
Adama Traoré étant donc déclaré non-malien, le gouvernement exclu de « s’immiscer dans les affaires intérieures d’un autre pays ». Cette décision, quelque peu surprenante, renvoi cet affaire aux plaintes déposées par la famille et donc à la justice qui, si elle fait preuve d’impartialité, devra trancher sur les véritables raisons du décès d’Adama Traoré, dans ce dossier au parfum d’affaire d’Etat. L’affaire de ce jeune franco-malien, qui embarrasse Paris comme Bamako pourrait, si le gouvernement décidait d’intervenir, entacher les relations franco-malienne actuellement au beau fixe.
Source: journaldumali