Il ressort du dossier que, courant août 2020 à Mopti, la fillette Djénéba Tapo (âgée de 9 ans) est victime d’actes d’attouchements sexuels de la part de Fodé Ouédraogo. Un jour, la fillette brise le silence pour raconter à sa mère, Fanta Siwassa, sa mésaventure avec Fodé Ouédraogo. Après avoir interpellé ce dernier, elle conduit sa fille à l’hôpital où il lui est conseillé de porter plainte contre Fodé Ouédraogo. Suivant PV n° 058 du 8 septembre 2020 de la Brigade territoriale de Mopti, il est déféré devant le Parquet de Mopti où une information judiciaire est ouverte. L’inculpé reconnaît en partie les faits en alléguant qu’il avait surpris la petite et un petit garçon tentant de consommer des rapports intimes. Selon ses dires, c’est suite à cela qu’il il interpelle la fillette pour la déshabiller afin de vérifier si elle n’a pas commis de rapport sexuel. C’est ainsi qu’il tombe amoureux de la fillette, raison pour laquelle il la couvre de cadeaux qui vont au-delà de simples biscuits et bonbons pour déboucher sur des attouchements sexuels.
Devant le juge instructeur, la fillette précise que Fodé s’asperge son sexe de salive avant de le frotter contre le sien et cela, à 4 reprises. Pour qu’elle soit tranquille, elle dit à sa mère qu’il n’y a pas eu pénétration.
Au cours de son second interrogatoire, l’inculpé affirme avoir des antécédents pour avoir été poursuivi et jugé pour pédophilie courant 2014, sous le nom de Fodé Traoré. Née le 27 janvier 2011, la fillette avait moins de 13 ans le jour des faits, soit exactement 9 ans (selon l’acte de naissance n° 194 du Centre principal de Mopti 2011). Ces faits recoupent à suffisance les éléments constitutifs du crime de pédophilie, prévus et punis par l’article 228 du Code pénal qui lui est reprochable. En conséquence, il résulte de l’information charges suffisantes contre Fodé Ouédraogo, d’avoir à Mopti, courant août 2020, en tout cas depuis moins de 10 ans, commis des actes d’attouchements sexuels sur la fillette Djénéba Tapo, mineure âgée de moins de 13 ans. Avec cette circonstance aggravante : la différence d’âge entre l’auteur et la victime dépasse 5 ans. Donc, ces faits peuvent donner lieu à l’application de peines criminelles.
Le rapport d’expertise mentale de Fodé Ouédraogo en date du 10 septembre 2020 mentionne qu’il ne souffre d’aucune anomalie pouvant influencer sur sa responsabilité pénale. Le bulletin n° 2 du Casier judiciaire atteste qu’il est délinquant primaire. Les renseignements généraux lui sont favorables. En application de l’article 200 du Code de procédure pénale, l’ordonnance de clôture a été notifiée à l’inculpé. Par ces motifs, la Cour, vidant son délibéré conformément à la loi, statuant en chambre du conseil en matière criminelle et en dernier ressort, a déclaré suffisamment établie à l’égard de l’inculpé la prévention des faits de pédophilie. En conséquence, la Cour a prononcé sa mise en accusation en raison des faits ci-dessus spécifiés et qualifiés et a décerné contre lui l’ordonnance de prise du corps et le renvoi devant la cour d’assises de Mopti pour y être jugé conformément à la loi.
A la barre, Fodé Ouédraogo nie les faits avant de les reconnaître
Interrogé par les juges, à savoir s’il confirmait les faits relatés dans l’Arrêt de renvoi, Fodé Ouédraogo n’a pas reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il a tenté de mener la Cour en bateau en expliquant que le jour des faits, il voulait seulement corriger la petite fille qu’il soupçonnait d’avoir eu des rapports sexuels avec le petit garçon. Le juge l’a arrêté pour lui signifier que dans le PV interrogatoire du juge d’instruction, il a reconnu avoir dit qu’il aimait la fillette et lui avait fait des attouchements sans pouvoir la pénétrer. Et qu’il a dit au juge instructeur qu’il a des antécédents. Pressé par les questions et n’ayant plus d’échappatoire, il a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il a même révélé que la mère de la fillette était sa copine avec qui il a eu beaucoup de rapports sexuels. Et le juge de le narguer qu’il a du kilo. « Après la mère, c’était le tour de la fille », a-t-il dit.
Pour le ministère public, les éléments de la pédophilie sont constitués avec l’attouchement reproché à Fodé Ouédraogo qui, à ses dires, a un caractère diabolique qui ne cesse de défier la Cour avec ses manies. « Parce qu’après la mère, Fodé Ouédraogo s’est tourné vers l’enfant pour l’agresser sexuellement. A ce titre, a-t-il plaidé, Fodé Ouédraogo ne mérite aucune compassion », a-t-il laissé entendre.
Son avocat, Me Amadou Issé Cissé demandera à la Cour d’écarter toute idée de défiance de la part de son client vis-à-vis de la Cour. Il a reconnu qu’il y a attouchement anormal qui fait que son client tombe sous le coup de la Loi.
Dans sa délibération, la Cour a reconnu Fodé Ouédraogo coupable des faits qui lui sont reprochés sans circonstance atténuante. C’est ainsi que le ministère public a requis 5 ans d’emprisonnement. L’avocat a sollicité moins que 5 ans de prison.
Dans son Arrêt de condamnation, la Cour a frappé fort Fodé Ouédraogo en le condamnant à la peine de 20 ans de prison et au paiement d’un million de Fcfa.
Siaka DOUMBIA – Envoyé spécial à Sévaré