Pour avoir fabriqué une pendule, on l’avait suspecté d’être un terroriste ayant confectionné une bombe puis brièvement incarcéré. Cet adolescent d’Irving (Texas), parti depuis étudier au Qatar, réclame désormais d’importants dommages et intérêts.

Son histoire a fait le tour du monde. En septembre, Ahmed Mohamed, un collégien ­américain de 14 ans, avait été pris par erreur pour un terroriste. Sa « faute » ? Avoir apporté en classe, à Irving, au Texas, une horloge de sa fabrication, composée d’un écran numérique et d’un circuit électronique.

Très fier, le jeune garçon souhaitait montrer son invention. Las, l’objet a été pris pour une bombe artisanale. Fouillé et interrogé par la police, l’adolescent, menotté, avait été conduit dans un centre de détention pour mineurs, où il était resté quelques heures.

La mésaventure, teintée de racisme, avait ému l’Amérique. Barack Obama avait même publié un tweet sur son compte personnel (voir ci-dessous), qui proposait au collégien d’apporter son invention à la Maison Blanche. Chose faite un mois plus tard.

Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, s’était lui aussi fendu d’un message indiquant que le garçon méritait « des applaudissements, pas d’être arrêté ».« Le futur appartient à des gens comme Ahmed », avait-il affirmé. Avant de conclure par cette invitation : « Ahmed, si tu passes par Facebook, je serais ravi de te rencontrer. »

« Traumatisme psychologique important »

L’adolescent, qui portait ce jour-là un tee-shirt de la NASA, avait aussi été invité par l’agence spatiale américaine. Le cauchemar semblait s’être transformé en conte de fées. Mais il ne l’a manifestement pas entendu de cette oreille.

La famille d’Ahmed, qui a reçu des lettres de menaces, a quitté les Etats-Unis pour s’installer au Qatar un peu plus d’un mois après les événements. Et voilà désormais le jeune homme qui réclame plus de 15 millions de dollars (14 millions d’euros) de dommages à la ville d’Irving et à son établissement scolaire, invoquant un « traumatisme psychologique important » !

Ahmed Mohamed dit avoir été interrogé seul par la police alors qu’il est mineur et qu’il avait réclamé la présence de ses parents. Beth Van Duyne, la maire d’Irving, connue pour sa rhétorique droitière, est nommément citée et accusée d’avoir ­déshonoré le jeune garçon en le décrivant comme un « passif-agressif(…) renfermé sur lui-même ».

Le jeune homme poursuit ses études à la Doha Academy grâce à une bourse accordée par une fondation qatarie.

Source: Le monde