Bien évidemment, la diplomatie marocaine n’a pas omis de rappeler les «positions hostiles» d’Abuja sur le dossier du Sahara occidental. En réalité, le fond du problème est là. Le Maroc reproche surtout au Nigeria d’être «à l’avant-garde du bloc hostile» au royaume sur la question du Sahara occidental.
Le Maroc est en froid avec de nombreux pays africains. Au rythme où vont les choses, son cercle d’amis risque de se réduire très vite comme une peau de chagrin. Isolé donc sur la scène continentale depuis plusieurs années et gagné par la paranoïa, le royaume alaouite trouve désormais des défauts chez tout le monde.
Le roi Mohammed VI voit des ennemis partout. Le dernier pays avec lequel Rabat a eu un accroc diplomatique est le Nigeria, la première puissance économique d’Afrique.
En réalité, la monarchie marocaine a du mal à accepter la percée opérée en Afrique par le Front Polisario et la cause sahraouie. Elle tient maintenant le Nigeria pour responsable du triomphe de la RASD.
Ne disposant d’aucun levier diplomatique susceptible de lui permettre de tenter de renverser la vapeur (le Maroc n’est pas membre de l’Union africaine), le roi Mohammed VI s’essaye maintenant au chantage et à la menace, une technique dont il raffole et qui vient d’ailleurs de faire ses preuves avec la France. Pour faire payer au Nigeria son soutien à la cause sahraouie, le souverain marocain n’a rien trouvé de mieux que de convoquer le chargé d’affaires du Nigeria pour lui signifier son refus de s’entretenir avec le président
Goodluck Jonathan. Du jamais-vu !
Pourquoi une conduite aussi inamicale ? Pour justifier l’affront fait au président nigérian, le ministère marocain des Affaires étrangères évoque dans un communiqué «le contexte électoral» au Nigeria, en référence à la présidentielle du 28 mars. «M. Goodluck est président depuis cinq ans et n’avait jusque-là effectué aucune demande de contact téléphonique. (…) On ne peut donc trouver qu’une signification à sa démarche : celle de vouloir s’afficher avec un dirigeant d’un pays arabe et musulman» à l’approche des élections, a expliqué à la presse une source diplomatique marocaine. «C’est une question de principe. Nous souhaitions éviter une tentative de récupération politique», notamment vis-à-vis des populations du nord du Nigeria, à majorité musulmane, a-t-elle ajouté. L’argument est tiré par les cheveux. Inutile de sortir de Saint-Cyr pour s’en rendre compte.
Bien évidemment, la diplomatie marocaine n’a pas omis de rappeler les «positions hostiles» d’Abuja sur le dossier du Sahara occidental. En réalité, le fond du problème est là. Le Maroc reproche surtout au Nigeria d’être «à l’avant-garde du bloc hostile» au royaume sur la question du Sahara occidental.
Le Nigeria, le géant de l’Afrique de l’Ouest, avait, rappelle-t-on, abrité fin 2013 une réunion de soutien à la «cause sahraouie» à laquelle avaient pris part tous les grands pays d’Afrique dont l’Afrique du Sud. L’Algérie avait mis à profit cette rencontre pour appeler à la mise en place d’un mécanisme international de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Bien sûr, l’événement avait provoqué l’ire du Makhzen.
Ce qui inquiète actuellement la monarchie marocaine, c’est justement de voir le Conseil de sécurité de l’ONU retenir, au mois d’avril prochain, l’idée du mécanisme international de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Une idée aujourd’hui défendue par de très nombreux pays, y compris les Etats-Unis, dans la mesure où les atteintes aux droits de l’homme se sont poursuivies avec une rare violence dans les territoires sahraouis occupés. Des atteintes que le monde ne veut plus cautionner.
Le roi Mohammed VI pense, naïvement, qu’il suffit de piquer un coup de colère pour pouvoir mettre le Nigeria et la communauté internationale au garde-à-vous. En vérité, tout le monde est las de ses caprices, y compris l’ONU. Et cela, le monarque le sait. D’où ses réactions intempestives et puériles.
Aniss Z.
Source: spsrasd.info