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Accords de paix – analyse et réflexion : La crise profonde qui touche le Mali fait grandir les inquiétudes

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Le Mali est essoufflé et se cherche. Notre pays est en proie à l’instabilité, aux conflits politiques et a une rébellion armée. Ces conflits, outre leur impact direct sur la vie des populations ainsi que sur leur environnement moral et physique, obèrent gravement les maigres ressources du pays, hypothèquent ainsi ses chances quant à son développement. Il n’en reste moins que l’objectif de la paix au Mali demeure possible, nécessaire et même urgent. Comme il a déjà été dit, la paix reste bien sûr une exigence liée aux souffrances insupportables des victimes des conflits, mais elle devient également un impératif de survie pour notre nation. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous se pose la question de savoir si le Mali peut aller encore plus loin. Nous sommes convaincus du contraire sur ce point, le Mali a atteint les limites du possible. Cependant, le peuple malien qui a traversé et surmonté tant d’épreuves par le passé peut relever les défis de la crise et sauvegarder notre nation. C’est autour de l’idée de Nation que les Maliens pourront se retrouver et se projeter positivement dans l’avenir.Une paix durable dans notre pays exige que toutes les causes principales d’instabilité soient identifiées et que les solutions appropriées y soient trouvées. Pour déterminer les causes immédiates et lointaines de l’instabilité de notre pays et découvrir les solutions à long terme, il faut procéder à un examen critique de l’origine et de la nature des rébellions dans la région, de leurs liens, de leurs buts, de leurs stratégies. L’instabilité actuelle de notre pays résulte d’une combinaison de plusieurs facteurs dont les principaux sont: La xénophobie de certains groupuscules allergiques à la société malienne, à son histoire et à ses valeurs culturelles ; La préservation des intérêts géopolitique et l’instrumentalisation de ces groupuscules par les forces externes ; L’excuse de l’impunité que ces forces externes garantissent à leurs sous-traitants; La gestion calamiteuse des forces armées et de sécurité de nos gouvernants;

 

L’échec ou l’absence d’une véritable ‘‘démocratie’’ dans nos pays; et enfin, Le manque de solidarité nationale.

Il est de notre devoir à tous de trouver des solutions aux causes réelles de l’instabilité de notre pays afin d’arrêter le cycle des tragédies humaines dans la région. De ces causes, il découle naturellement les solutions suivantes :

 

1 Poursuivre les criminels de guerre
La paix va de pair avec la justice. La stabilisation de la région requiert que la justice tant nationale qu’internationale lutte contre l’impunité de tous les criminels et traite tous les suspects de crimes de guerre et contre l’humanité de la même façon sans distinction. Toutes les victimes ont droit à la justice et la victoire militaire ne disculpe pas les criminels de guerre. La stabilité de la région exige que tous les suspects de crimes de guerre soient jugés et condamnés s’ils sont reconnus coupables.

 

La lutte contre l’impunité est une nécessité si l’on veut réconcilier les peuples, éviter que les populations se rendent justice et endiguer le phénomène des rébellions qui déstabilisent toute la région. Le problème est qu’une justice équitable et impartiale ne peut exister que dans un vrai système démocratique. Ce n’est d’ailleurs que dans ce contexte qu’une Commission Vérité et Réconciliation peut être organisée pour établir les responsabilités des uns et des autres dans les drames qui ont frappé le pays et décider des sanctions ou autres mesures alternatives à prendre contre ceux qui ont commis des crimes de guerre ou contre l’humanité avec comme ultime objectif de réconcilier le peuple Malien et de mettre fin aux rebellions et représailles périodiques.

 

 

2. Promouvoir la démocratie et des forces armées et de sécurité républicaines
Le combat démocratique est la seule méthode de lutte pour le pouvoir ou le développement des communautés, qui respecte la souveraineté des peuples, crée des institutions où chacun peut défendre ses droits, restreint les discriminations et contraint les responsables politiques à développer le pays en fonction de l’intérêt général car leurs actions sont soumises à la critique de la presse, contrôlées par le parlement et sanctionnées par le peuple.

 

 

Nous soutenons toujours que l’un des problèmes épineux qui se posent à notre démocratie naissante est celui de la menace constante d’explosion sociale liée à l’urgence des exigences sociétales qui ont été ignorées depuis des années, en raison de l’inadéquation des structures de commandement politique et économique. De ce fait, des réformes radicales s’imposent d’autant plus que ces structures sont la source de graves tensions et conflits qui peuvent anéantir toutes tentatives d’instauration d’institutions véritablement démocratiques. Le Mali ne peut plus continuer à se contenter de voguer au gré des crises. Il est temps de proposer un modèle de démocratie qui prend en compte la requalification des principes qui sous-tendent l’interactivité du citoyen et de l’Etat. Il s’agit de redéfinir un nouveau contrat social au moyen des mécanismes de dialogue franc et permanent avec la population malienne dans le sens d’intégrer ses besoins réels dans les programmes politiques et économiques appropriés et de les exécuter concrètement en faveur de cette même population.

 

 

Nous devons accepter que la consolidation de la nation ne puisse se faire qu’à travers des politiques de gouvernance adaptées et des institutions qui représentent réellement les aspirations du peuple. La nation elle-même ne peut que se reposer sur un État de droit et une justice sociale. Quand l’État de droit est menacé, son seul recours devient les forces armées et de sécurité. Alors, nous devons tout faire pour promouvoir des forces armées et de sécurité républicaines.
Le maintien de la paix au nord se fera grâce à des projets de développement adaptés et une armée professionnelle et disciplinée. Il faut une mise à niveau et une formation continue des forces de sécurité. Pour rester en phase avec un monde et une société qui évoluent rapidement et lutter contre la criminalité et l’insécurité, les forces de sécurité doivent adapter sans cesse leur organisation. Elles doivent mettre en œuvre des méthodes et des moyens de plus en plus performants. Leur efficacité doit reposer sur la valeur de leurs personnels dont l’engagement doit être de servir et protéger la population civile. Aussi, il est important que les forces armées et de sécurité fassent partie intégrante d’un Etat démocratique. En d’autres termes, l’armée et les forces de sécurités sont appelées à respecter, dans l’accomplissement de leurs missions, les valeurs républicaines définies dans la loi fondamentale du pays. L’intégration des forces armées et de sécurité dans une société démocratique est nécessaire afin de faire de ces forces elles-mêmes de vraies institutions démocratiques.

 


3. Insister sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale

La communauté internationale doit rester sur sa position concernant la souveraineté du Mali. En effet, les membres du Conseil de sécurité ont toujours réaffirmé la nécessité de respecter la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali, et ils rejettent toutes déclarations allant dans un sens contraire de façon catégorique. Les gouvernants Maliens doivent exiger la même position lors des négociations avec les groupes rebelles dans la recherche des moyens de rétablir la paix et la stabilité au Mali.
4. Agir pour un traitement social et politique du problème de rébellion
Une solution politique est toujours préférable aux problèmes de société. La négociation s’imposera quand les rebelles déposeront les armes et respecterons la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali. Le Mali doit alors être prêt à négocier avec les rebelles sur des bases et des propositions claires, solides et transparentes pour que la paix revienne une fois pour toute dans notre pays. Cependant, le Mali ne peut plus se donner le luxe d’acheter la paix comme dans le passé; de surcroit, une paix de circonstance qui risque de transformer une fois de plus les régions du nord du pays en un espace de libre activité pour le banditisme, le féodalisme, l’extrémisme, et le terrorisme. Le Mali doit rejeter toute négociation avec l’opposition armée si celle-ci ne fait des propositions concrètes et sérieuses qui vont dans le sens de l’unité.

 

 

Les régions du nord représentent une partie du patrimoine du Mali légué par le Ouagadou, le Mandé et le Songhaï. L’appartenance de ces régions au Mali est un fait de droit interne du fait du principe de l’intégrité territoriale de notre pays. L’harmonie sociétale au Mali est millénaire et tout à fait unique en Afrique et peut être dans le monde. Tout en priorisant la démocratie et l’harmonie sociétale, le Mali doit continuer à prévoir des mécanismes d’équilibre entre les communautés. Compte tenu de notre diversité culturelle et ethnique, nous devons faire de la démocratie de base une réalité et la décentralisation doit être le catalyseur de l’ancrage de cette démocratie. Assurément, nous devons faire de la décentralisation un outil de renforcement de l’unité nationale par la reconnaissance et la gestion appropriée des particularismes locaux en créant l’opportunité d’une meilleure participation des citoyens au processus démocratique. Cette démocratisation doit induire la libre administration des collectivités locales qui impliquera la désignation des organes de gestion des collectivités locales. En effet, les fondements de la culture locale n’ont jamais portés préjudice à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale sous le Ghana, le Mandé, ou encore le Songhaï. C’est pourquoi, nous croyons fermement qu’une décentralisation culturelle serait nécessaire pour sauvegarder l’unité et l’intégrité du territoire national. Les reformes politiques et administratives demeure les seules voies pour sortir de l’impasse où nous nous trouvons. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’un système administratif qui respecte la diversité et les particularités de nos territoires pour consolider d’avantage notre nation.

 


5. Œuvrer ensemble pour un avenir durable

La dynamique unitaire doit constituer incontestablement notre cheval de bataille en vue d’aboutir à une prise de conscience car sans une vraie unité, il ne peut y avoir ni de victoire sur les forces du mal, ni d’une vraie alternance politique tant voulue et attendue par le peuple Malien. Cependant, pour mériter la confiance de l’ensemble du peuple Malien nous devons prendre en considération ses attentes pour un changement en profondeur.
Aujourd’hui, il est tout à fait clair que l’un des grands obstacles auxquels font face ceux qui mènent la lutte pour la libération totale de notre pays est l’absence d’unité, et la principale raison pour ce manque d’unité n’est pas les différences dans les objectifs officiels prononcés, mais plutôt dans les objectifs immédiats liés aux agendas officieux des uns et des autres. Nous devons avoir la grandeur d’esprit de se conformer aux espoirs de l’ensemble de notre peuple. Nous ne pouvions y parvenir qu’en conjuguant nos efforts dans un esprit patriotique d’unité et de la concorde nationale, et montrer à l’opinion nationale et internationale que les maliens sont capables de s’entendre dans l’intérêt suprême de leur nation.
Nous avons l’obligation morale et le devoir patriotique d’élaborer une stratégie commune basée sur des objectifs réellement nationaux prenant en considération les espoirs de l’ensemble de notre peuple qui sont: une paix réelle et définitive, une vraie démocratie, une justice égale pour tous, un développement économique, un progrès sociale et surtout des dirigeants intègres et dignes de confiance.
Notre pays se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Nous avons tous le devoir et la responsabilité d’en tenir compte et de faire en sorte que le Mali soit épargné des abîmes que d’autres pays ont connus. En ces moments critiques, les actions que nous entreprendrons seront déterminantes pour l’avenir de notre nation. Nos actions doivent s’inscrire dans le cadre de ce devoir de responsabilité face à notre devenir collectif. Les moments difficiles que nous vivons doivent servir à sceller une union spirituelle entre l’ensemble des forces vives de la nation, pour que s’exprime clairement notre engagement collectif et historique en faveur d’un nouveau départ pour notre patrie.

Que Dieu nous assiste et qu’Il bénisse notre Nation

Cheick Boucadry Traore

SOURCE: L’Express de Bamako

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