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ACCORD DE PAIX : Que de défis et de risques !

L’application de l’accord de paix signé le week-end dernier par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) comporte d’énormes dangers pour le Mali, qui devra non seulement gérer les humeurs des rebelles, mais aussi faire face à des manœuvres internationales.

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« La signature n’est pas l’acte principal. Une signature ne met pas fin à un conflit. Il faut l’application sur le terrain pour que cette signature ne soit pas comme les précédentes », a prévenu Mohamed El Maouloud Ramadan, l’un des porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), samedi dernier.

Cette voix des groupes rebelles donnait son impression sur le parachèvement du processus de négociations juste après la signature du document de paix par les séparatistes. Loin de l’optimisme démesuré de certaines personnalités étrangères, M. Ramadan a estimé que le plus difficile est à venir. Et à juste titre. Il y a eu trois ans et demi de combats atroces pendant lesquels beaucoup de choses se sont passées.

De même durant presque les 12 mois qu’ont duré les négociations, l’on a beaucoup vu, dit et entendu. La signature de l’accord de paix dont les tenants et les aboutissants ne sont pas interprétés de la même manière par les protagonistes, ne doit pas occulter la racine du mal. Les sécessionnistes n’ont pas abdiqué, a fortiori dit leur dernier mot. Le chemin menant à la paix est parsemé d’embuches et les menaces sont latentes.

Le document de paix semble approximatif. Il ne donne pas assez de détails sur certaines parties essentielles des revendications des mouvements armés. La médiation a voulu vite crier victoire. A un moment donné, elle s’est même dite que le plus important était la signature des différentes parties et « le reste suivra », à travers l’application de l’accord.

La dégradation de la situation sécuritaire dans le septentrion et les souffrances des populations locales peuvent certes justifier cet empressement des conciliateurs, mais il aurait été plus qu’utile de clarifier certains points dans le document de paix bien avant sa signature par les protagonistes. Beaucoup d’équivoques entourent par exemple le retour de l’armée malienne dans les régions du Nord. L’accord prévoit l’inclusion d’un nombre « significatif » de ressortissants du Nord au sein de l’armée, sans plus de précisions.

Toutefois, le président de la Commission politico-institutionnelle de la CMA, Ambéry Ag Rhissa a ses propres attentes et sa propre interprétation de ce volet du deal. Ce dernier, qui s’attend à voir plus de « 50 % » de personnes du Nord dans la Grande muette exige déjà des éclaircissements. « Quand on dit un nombre significatif, c’est l’ambigüité qu’on peut exploiter parce que lorsqu’on met dans une unité un nombre X de soldats, chez lesquels il n’y a qu’un seul de l’Azawad, ça aussi c’est significatif. Donc il faut déterminer un quota », demande cet habitué des rebellions au Mali.

 

Embuscade française ?

Le retour de l’armée malienne au nord rime avec la sécurisation de ces zones. Personne ne sait de quoi demain sera fait et qui va réellement prendre en charge la protection des citoyens et de leurs biens dans le septentrion. Il y est prévu un redéploiement de militaires maliens, mais l’essentiel reste la responsabilité de la sécurisation du Nord.

L’armée malienne est à nouveau visible à Ménaka après le retrait de la ville du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) la semaine dernière. Mais nos militaires, qui y sont minoritaires, seraient sous les ordres des troupes de la Minusma. Ce scénario de Ménaka pourrait nous offrir un avant-goût de ce qu’on verra dans d’autres villes du Nord : une armée pas vraiment maîtresse des lieux, où cohabitent rebelles et casques bleus.

Or, la collaboration entre la Minusma et certains mouvements armés a créé des remous à Bamako, qui n’apprécie pas que l’on accorde tant d’importance à un groupuscule d’individus, au détriment d’une nation. Dans la même logique, le Mali pourrait courir plus de risques si le rôle de la France et de sa force Barkhane ne correspondait pas aux exigences de l’accord de paix. En visite lundi dernier au Mali, le ministre français de la Défense, malgré sa profession de foi, n’a pas rassuré quant à la neutralité de son pays et ses ambitions géopolitiques.

Les efforts du Mali et de la communauté internationale resteront vains sans des groupes armés unis. Cette division constitue une réelle menace sur la paix. Quelques heures seulement après la signature de l’accord samedi, un comité de crise et de sauvegarde des idéaux du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’est créé et a aussitôt rejeté l’accord. Pour ne rien arranger à la situation, des dissensions ont surgi au sein de certains groupes armés le lendemain lors de la première réunion du comité de suivi de l’accord de paix, un problème de leadership ayant éclaté au grand jour.

Que peut-on donc réaliser avec des chefs rebelles qui ne sont pas assez représentatifs de ceux dont ils prétendent défendre les intérêts ? La question reste posée et il est certain que les querelles entre chefs rebelles pourraient entraver la paix. Le gouvernement malien et la médiation en savent quelque chose. Eux qui ont longtemps fait les frais des scissions des bandits armés pendant les négociations de paix.

PAR MLSIDIBE

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