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Accord de paix et de réconciliation, 6 mois après : Le doute est-il permis ?

La lueur d’espoir qui s’était nettement dégagée après le 20 juin 2015, date du parachèvement de la signature de l’Accord issu du processus d’Alger, semble désormais se fondre comme beurre au soleil face au retard accusé dans la mise en œuvre du processus de paix. En attendant, notre pays fait face à une recrudescence du terrorisme et du grand banditisme qui risquent, malheureusement, de remettre en cause les acquis.

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N’est-ce pas un truisme de dire qu’un vent nouveau avait soufflé sur le Mali après la signature, le 20 juin dernier, de l’Accord de paix et de réconciliation nationale par le gouvernement et les mouvements séparatistes de la CMA. En effet, l’espoir des Maliens fut d’autant plus grand que cet instant était considéré, à tort ou à raison, de point de départ à un processus qui, à terme, devait conduire notre pays à la paix et la réconciliation nationale qui lui avaient échappé à partir de janvier 2012.

Mais si l’Accord qui a accouché après 8 mois d’âpres négociations était vu comme ‘’un bon compromis’’ par nombre des acteurs, le constat est aujourd’hui là. Six mois après le parachèvement de la signature du document, c’est presque la désillusion, car le processus a fait peu de chemin. Conséquence, le processus de paix au Mali tend vers un enlisement. Et pour cause.

Blocage autour du CSA !

La première grosse difficulté à laquelle la mise en œuvre de l’Accord de paix a dû faire face, c’est la mise en place du Comité de suivi qui  n’est toujours pas fonctionnel, 6 mois après la tenue de sa première réunion en juin 2015. En effet, s’il a adopté son règlement intérieur en juillet 2015, le CSA en est aujourd’hui à se battre pour arrêter son budget de fonctionnement, mais il n’arrive pas surtout à trancher l’épineuse question de la représentativité des différents groupes armés.

La dernière réunion du Comité, tenue les 16 et 17 décembre derniers, qui s’est penchée sur ces deux questions s’est vraisemblablement terminée en queue de poison, du moins sur un goût d’inachevé. En témoigne la cacophonie à laquelle il nous a été donné de constater au terme de ladite réunion.

En effet, pendant que le porte-parole de la CMA, celui de la Plateforme et même le président du CSA, l’Algérien Boutach, confiaient à la presse que la question de la représentativité est désormais vidée, le porte-parole de la Compis 15 portait une voix dissonante. D’ailleurs, à la faveur d’une conférence de presse qu’elle a animée ce samedi, la Coordination des mouvements prônant l’inclusivité et signataires de l’Accord du 15 mai (Compis 15) a encore clamé son exclusion du Comité. Conséquence, il y a toujours un blocage qui ne dit pas son nom autour du Comité de suivi de l’Accord qui devrait pourtant jouer un rôle déterminant dans le processus de paix.

A quand le cantonnement des ex-combattants ?

L’autre point des plus cruciaux du processus, c’est indéniablement la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des ex-combattants, objet de l’annexe II de l’Accord. Or, le processus de cantonnement est encore au stade de la reconnaissance des sites dont 7 sont à ce jour validés, sur les 24 proposés par la Plateforme et la CMA.

Les travaux de construction des trois premiers sites qui devraient initialement démarré le mardi 15 décembre dernier ont dû être repoussés pour des raisons, nous apprend-on, de sécurité. Pire, on en est encore à se demander qui sera cantonné et sur la base de quels principes.

Or, au terme de l’Accord de paix, l’identification et la validation  des sites devaient intervenir dans les 30 jours suivant la signature de l’Accord. Dans les mêmes délais, les mouvements devaient soumettre à la Commission technique de sécurité (CTS) une liste définitive et certifiée de leurs combattants et leurs armements. Ce, sur la base des principes définis dans le mode opératoire du 18 février 2014 mis à jour. Il n’en est encore rien de tout cela.

En ce qui concerne l’intégration des ex-rebelles, la Commission d’intégration se fait toujours attendre, alors qu’elle aurait dû être mise en place dans les 60 jours qui suivent la signature de l’Accord. Elle devrait, dans les 90 jours suivant la signature, et en coordination avec d’autres structures, établir notamment les critères, les quotas et les modalités de l’intégration des combattants. A cela s’ajoute le manque d’un programme national de DDR qui devait être adopté dans les 120 jours qui suivent la signature de l’Accord de Bamako.

L’insécurité regagne dangereusement du terrain

Pendant que le processus de paix piétine, les terroristes et autres narcotrafiquant reprennent du service un peu partout sur le territoire national. Ce, en dépit des patrouilles mixtes qui ont timidement démarré dans le Nord du pays. En fait, s’il est vrai que le temps est aujourd’hui le seul ennemi du Mali, il va sans dire que le retard accusé dans la mise en œuvre de l’Accord profite indiscutablement à des mouvements qui sont de plus actifs sur le terrain.

En témoigne les attentats terroristes et les actes de banditisme auxquels nous assistons presque de façon quotidienne à travers notre pays. Au nombre de ces mouvements qui ont juré de se poser en travers du processus de paix, il faut citer Ançar Eddine d’Iyad Ag Ghali, le Front de libération du Macina d’AmadounKouffa et El Mourrabitoune de MoctarBelmoktar. Conséquence: la relative calme à laquelle on avait assisté, surtout après les différentes rencontres intercommunautaires d’Anéfis (en octobre)  a volé en éclat.

Or, la recrudescence de l’insécurité est d’autant plus dangereuse qu’elle risque désormais de remettre en cause les quelques acquis du processus.  C’est pourquoi, il y a lieu d’interpeller les différentes parties à l’Accord et l’ensemble des acteurs concernés afin qu’ils hâtent un peu le «pas» dans la mise en œuvre de l’Accord, au grand bonheur de plusieurs Maliens qui sont aujourd’hui au bord du doute.

Bakary SOGODOGO

Source: Le Prétoire

 

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