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Accord de Ouaga : Un danger contre la souveraineté nationale du Mali

président burkinabè Blaise Compaoré  réunion  délégations Ansar Dine MNLA  Ouagadougou

L’accord de Ouaga signé par le président de la transition, le Pr Dioncounda Traoré, par le biais de son émissaire Tièblé Dramé est un danger pour la souveraineté nationale du Mali. Ce document fut signé au moment où les citoyens exigeaient la concertation nationale toujours vouée à l’échec. Lire notre analyse.

Selon certaines indiscrétions, cet accord de Ouagadougou renforce l’autonomie du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dont l’existence met en péril l’intégrité territoriale de notre pays. Malheureusement, l’attitude des autorités actuelles démontre que le problème de Kidal n’est pas prioritaire. Du moins, si l’on s’en tient au premier discours du Premier ministre Moussa Mara qui a succédé de façon inattendue au démissionnaire Oumar Tatam Ly.

En tout cas, force est de constater que le président Ibrahim Boubacar Kéita (connu pour sa fermeté supposée ou réelle) a finalement changé de ton certainement sous la pression de la France. «On ne va pas me tordre la main»«on ne m’imposera rien»«on ne négocie pas avec les rebelles», avait lancé IBK lors de certaines de ses sorties médiatiques. Il avait même promis aux Maliens (ses électeurs qui ont placé en lui une confiance énorme) que rien ne sera plus comme avant.

Mais, la réalité actuelle est en contraste avec tous ses beaux discours antérieurs. Ainsi, qu’est-ce qui le différencie de ses prédécesseurs dont il critiquait ? Maintenant le président IBK a su que la conquête du pouvoir est une chose et que sa gestion aussi en est une autre. Combien de fois avait-il décrié l’approche préconisée par ATT dans le cadre de la résolution du problème du nord ? En toute honnêteté, aujourd’hui c’est lui IBK qui est sur le point d’accorder l’autonomie au MNLA. Car, son ministre de la décentralisation, Ousmane Sy, aurait récemment affirmé que la région de Kidal ne serait plus comme celle de Sikasso. Que doit-on entendre par là ?

En plus, le chef de l’Etat se trouve entre le marteau et l’enclume suite aux pressions exercée par la France et les Nations Unies par rapport à cette crise au nord. L’accord de Ouaga n’a jamais été respecté par les responsables du MNLA qui continuent de circuler librement avec armes et bagages sous le regard des forces de la MUNUSMA et de l’opération Barkhane. Le désarmement et le cantonnement des combattants du MNLA n’ont toujours pas vu le jour. Et il semble que des combattants continuent de venir de la Libye pour se refugier à Kidal avec des armes de guerres.

L’autre paradoxe est que Tièblé Dramé qui ne cesse de critiquer le président IBK par rapport à la gestion des dossiers chauds du moment (comme le cas de Kidal) fut, pourtant, le principal émissaire du Pr Dioncounda Traoré lors de la signature de l’accord de Ouaga. N’a-t-il pas honte d’émettre encore son avis sur ce dossier ? La politique de décentralisation outrée en élaboration par le ministre de tutelle fera certainement renforcer l’autonomie et l’auto-détermination du MNLA au détriment des autres communautés des régions nord du Mali. Ce qui peut être à l’origine de nouveaux conflits inter communautaires pour des raisons de favoritisme ou de discrimination de la part de l’Etat.

À titre d’exemple, depuis le début de la décentralisation au Mali en 1991, le défi principal des collectivités est et demeure la non mobilisation des ressources financières pour couvrir les besoins de base des populations en général, et particulièrement, l’éducation, la santé et la fourniture d’eau…etc. Or, ces secteurs dont les principaux bénéficiaires sont les enfants et les femmes considérés comme des couches vulnérables sont souvent négligés au profit d’investissement.

L’ensemble de la population souffre énormément à cause de l’état des infrastructures de base qui sont soit vieillissantes, insuffisantes ou mal gérées. Les coupures intempestives d’eau, l’effectif pléthorique dans les classes, la mauvaise qualité de l’enseignement, la cherté du prix des denrées alimentaires de première nécessité, la mauvaise qualité des soins prodigués dans les services sanitaires sont entre autre assez illustratifs.

Au Mali, ces réalités sont communes à l’ensemble des collectivités et pas seulement dans les régions du nord. Pourtant, on fait croire que le septentrion souffre plus que les autres parties de notre pays. Ce qui est faux ! À preuve, les zones d’exploitation aurifère manquent presque de tout. Ont-elles pris des armes pour se faire entendre ? Non et non ! Elles n’en ont pas pris parce qu’elles aiment leur pays. Mieux, leurs dignes fils vivant à l’étranger (dans des conditions difficiles) construisent avec leur propre argent des infrastructures de base.

Par ailleurs, en mars 2014, les combattants du MNLA auraient célébré les trois ans de l’indépendance de «l’Azawad» à Kidal et dans certains pays européens qui continuent à les soutenir. Il s’agit notamment de la France et de la Suisse. Au même moment, les responsables du mouvement touareg seraient en train de chercher de nouveaux soutiens occidentaux pour leur combat d’autodétermination. Ce fut le cas récemment des russes anciens fournisseurs d’armes du Mali.

À la lumière de ce qui précède, il sera extrêmement difficile pour les autorités actuelles de trouver des solutions immédiates à la crise de Kidal au risque d’avoir un bras de fer avec la communauté internationale. Les précédents accords n’ont jamais apaisé les velléités indépendantistes des mouvements armés Touareg des régions nord du Mali. il s’agit entre autres du Pacte national de 1992, de l’accord de Bourem en 1994 (flamme de la paix), de l’accord d’Alger de 2007 et celui de Ouaga 2012.

Le Mali doit tout faire pour retrouver son intégrité territoriale qui, pour l’instant, lui a été confisquée. Cela répondra à la vision du Premier ministre qui a indiqué aux élus de la Nation au cours de sa Déclaration de politique générale le redéploiement de l’armée malienne dans les différentes régions du nord sans en donner le chronogramme.

Apres les pourparlers préliminaires d’Alger entre le gouvernement et les représentants des groupes armés, quelle sera la conclusion de ceux du 17 août prochain ? Va-t-on vers la signature d’un accord définitif de paix? Quel sort sera réservé aux anciens combattants ? Autant de questions pour le moment sans réponses convaincantes de la part de Bamako.

D’autre part, on apprend que lors de la demande des titres de séjour, l’ambassade de France à Bamako serait en train de la discrimination entre les Maliens. Le nouveau concept consiste désormais à connaitre si le candidat est du sud ou du nord Mali. C’est quoi cette attitude de Paris à l’égard du Mali ?

Wait and see !

Souleymane DIARRASSOUBA

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