En attendant d’être clairement édifié sur ce fameux accord qui sera bientôt signé avec la France, l’indignation est au comble dans l’esprit des Maliens. Ils s’estiment trahis et vendus par le pouvoir.

Depuis quelques jours, les supputations vont bon train au sujet d’un prétendu accord que le Mali va signer avec la France sur sa défense.

Point besoin de reparler de la lutte héroïque des peuples d’Afrique pour leur indépendance. Point également besoin d’affirmer que les anciennes colonies françaises sont en retard dans leur développement. Et enfin, point besoin de savoir que la France est notre partenaire stratégique d’où la promptitude de son intervention pour sauver notre patrie.

Cependant, il est clair qu’un pays sous sécurité est un pays colonisé. Déjà sous l’emprise de la France et du Maroc dans le domaine communicationnel, le Mali se doit de se doter d’une défense indépendante. Mais de plus en plus, il y a la persistance d’un accord de défense avec la France. Accord qui suscite aujourd’hui la grande indignation dans la population malienne se sentant trahie par les maîtres du jour de sa destinée.

Ayant chassé le dernier soldat blanc le 20 janvier 1961, le Mali a opté pour une vraie souveraineté, malgré ses maigres moyens en armes et munitions. Mais, il s’est adossé sur la bravoure et le patriotisme de ses soldats d’alors à vouloir assumer leur mission de défense de la patrie. Le Mali alors dirigé par le géant feu Modibo Kéïta tisse ses relations avec les russes et une partie de l’Asie. Au mépris de la France qui ne cherchait qu’à exploiter nos maigres ressources. Et est parvenu à résister à toutes les tentatives tendant à le déstabiliser. Intervient alors le coup d’état du 19 novembre 1968. Au pouvoir, le CMLN en tête Moussa Traoré emboite le pas au père de l’indépendance. Il préserve sa dignité et sa fierté en prenant sa distance avec la France sans la rejeter. Mais, en s’appuyant plus sur l’URSS et les pays du golfe. C’est alors qu’en 1985 que Moussa signe un accord de défense avec la France, même année où le Burkina Faso tenta une nouvelle aventure d’affronter le Mali. Depuis, le Mali sans lâcher la France reste quand même dans sa dynamique avec d’autres pays. C’est d’ailleurs ce qui justifie la grande fréquence des armes d’autres pays au Mali. ATT1, AOK, ATT2 maintiennent la donne.

La France n’est pas notre ennemie mais elle n’est pas aussi notre amie directe en matière de défense. Elle a avec notre pays des relations de coopération d’assistance, de formation. C’est dans ce contexte que les djihadistes attaquent le Mali. Avant l’attaque, avertie, la France refuse d’intervenir. Elle intervient au moment où elle a su qu’avec la prise du Mali, tous ses intérêts dans le sahel seront menacés. Brusquement, elle se décide et intervient pour bloquer l’avancée des criminels vers Bamako au niveau de Konna. Et puis, la suite est connue. Son objectif étant d’avoir une base à Tessalit qui d’ailleurs se réalise depuis des mois, elle veut officialiser cette tactique d’occupation avec la signature d’un accord de défense. Cet accord, s’il s’agit d’assistance avec son corollaire de formation est le bienvenu. Mais, s’il s’agit de mettre notre pays sous scellé, sous l’éteignoir, nous n’accepterons jamais que notre dignité, notre fierté soient remises en cause. Alors, il est opportun qu’avant de signer cet accord que les autorités nous livrent le contenu. Pour éviter tout dérapage aux conséquences néfastes car notre patrie n’est pas à vendre. Président 77%, il ne faut pas accepter de trahir les pères de l’indépendance pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens. Il faut réfléchir qu’il y a juste quelques jours que Madame Modibo Kéïta rejoignait son mari à l’au-delà. Pensez-y, c’est important pour la suite des événements !

Boubacar DABO 

SOURCE: Zénith Balé