L’Accord d’Alger garantie-t-elle la paix au Mali ? Le doute gagne de plus en plus le terrain un mois après le paraphe «unilatéral » du document par le gouvernement malien.
Et la raison est simple. Car, au lieu d’être un outil de rassemblement et d’apaisement des esprits, le document accouché par Alger V paraît chaque jour attiser un peu plus la tension entre les Maliens, opposant d’une part partisans du Mali entre eux, et d’autre part, ceux-ci et les rebelles. En effet, non approuvé par les groupes séparatistes et la société civile malienne dans sa majorité, le Coren, les ressortissants de Goundam et les partis politiques de l’opposition républicaine, l’accord sorti par césarienne paraît comme mort-né. Et voyant un échec cuisant profiler à l’horizon, le régime IBK confond vitesse et précipitation et compromet l’application de ce document. Faute de trouver un accord acceptable par tous les Maliens, il a choisi d’imposer, au nom d’une paix aléatoire, l’adhésion à un accord paraphé au forceps. Resté sourd aux alertes de l’opposition républicaine tout au long du processus des négociations, la méthode du gouvernement consiste, aujourd’hui, à s’appuyer sur la souffrance des populations pour imposer un accord qu’elles ne partagent guère.
Pour ce faire, les partis de la majorité présidentielle sont mis à contribution. Et ces derniers sont déjà rentrés en action à la suite d’une rencontre avec la Plateforme de la société civile. Veut-elle faire avaler la couleuvre aux Maliens ? Si les Maliens, fatigués par trois ans de crise sécuritaire sans précédent, sont tentés d’assouvir leur soif pour la paix en cautionnant l’accord, ils risquent de le faire sans conviction avec des menaces sérieuses pour sa mise en œuvre. Alors question : jusqu’où espère-t-on jouer à ce jeu ? Surtout quand on sait que la signature de l’accord n’est que la première étape d’un long processus devant aboutir au retour définitif de la paix.
Youssouf Z KEITA