Rappelons que l’Accord d’Alger est la copie corrigée du Pacte national signé sous la Transition en 1992. La crise au nord du Mali est un serpent à trois têtes (ATT, Alpha et la France). Cependant, le peuple malien tarde à comprendre le tour qu’on leur a joué à travers cette crise, provoquée par ATT pendant la transition en 1992 (signature du Pacte national), entretenue par Alpha Oumar Konaré (Flamme de la paix) et soutenue financièrement par la France (ONG).
«Qui veut la paix prépare la guerre». Quel cynisme, quelle velléité à relent guerrier que de partir de cet adage pour définir la paix. Aucun développement économique et social n’est possible sans paix ni sécurité. Consciente de cette vérité, fière de son passé, soucieuse de son avenir, jalouse de son unité nationale (Un Peuple-Un But- Une Foi), la nation malienne, interpellée a pris toute la mesure du problème du Nord et de la nécessaire instauration de la paix.
Au Nord du Mali plus que partout ailleurs, l’absence de paix et de sécurité constitue une menace sérieuse à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale. Ainsi, de Tamanrasset à Tombouctou (deux villes symboles), toutes les composantes de la nation de la paix et de la réconciliation nationale. Mais que de chemin parcouru, surtout, que d’incompréhensions et de victimes de Tamanrasset ou sous la médiation du gouvernement algérien, les représentants du gouvernement malien et les éléments armés se sont mis d’accord sur le principe d’une négociation ; à Tombouctou ou le 27 mars 1997, «La Flamme de la paix» est allumée par le président Alpha Oumar Konaré en présence du président ghanéen John Jerry Rawlings. Les armes déposées par plus de 3.000 ex-combattants ont été brulées. Avec patience, tolérance et minutie les autorités de Bamako ont voulu et préparer la paix au nord du pays.
L’accord de Tamanrasset (janvier 1991) en ses huit (08) points constitue le premier maillon de la paix désormais irréversible. Et à travers le Pacte national, fruit d’un long processus négocié lors de la troisième réunion d’Alger (du 15 au 25 mars 1992) et signé à Bamako le 11 avril 1992 ; les autorités de la Transition ont proclamé leur attachement aux accords de Tamanrasset. Acte d’une grande portée politico- historique le pacte national, second maillon de la chaine vers la paix vise essentiellement le rétablissement de la paix, la réconciliation et l’intégration socio- économique des régions du nord dans toutes ses composantes.
En 18 points, il essaie dans l’œuvre difficile de construction de la paix de réconcilier les cœurs et les esprits. Socle de la paix au nord du Mali, il n’est pas intéressant de rappeler les 18 points fondamentaux du pacte national. Instrument de la paix, le pacte national a dans sa mise en œuvre reçu l’appui et le concours des partenaires et amis du Mali, solidarité que l’on ne saurait passer sous silence.
L’analyse donc du Pacte national permet de constater qu’il repose sur dix-huit (18) points à savoir :
- Le cessez-le feu ;
- l’intégration des combattants dans les corps en uniforme de l’Etat ;
- la création d’unités spéciales temporaires, d’un corps de sécurité intérieure et d’unités spéciales permanentes ;
- L’allègement du dispositif militaire ;
- La mise en place de la commission de suivi du cessez-le feu ;
- Le rapatriement des populations déplacées ;
- La création du Fonds de développement et de réinsertion, du Fonds d’assistance et d’indemnisation ;
- La création de la Commission d’enquête indépendante ;
- Le statut particulier du Nord du Mali :
– mise en place des Assemblées locales et régionales,-mise en place de l’Assemblée inter- régionale,
– installation des exécutifs et secrétariats permanents,
– redécoupage administratif,
– représentation au sein de l’Assemblée nationale des populations du Nord déplacées et celles installées à l’étranger ;
- La création d’un poste de commissariat au Nord ;
- Le Programme spécial de développement du Nord pour dix ans ;
- La définition d’un Régime fiscal préférentiel et incitatif ;
- L’intégration à titre spécial des cadres des Mouvements et des personnes des populations du Nord dans les instances centralisées de l’Etat-major de la défense nationale et des corps de sécurité ;
- L’intégration à titre spécial des Mouvements et des personnes des populations du nord et des personnes des populations du nord dans les instances de l’administration publique et parapublique ;
- La mise en place de la commission de suivi du pacte national ;
- Le programme spécial de formation civile et militaire au profit des populations du Nord et accès aux bourses de formation octroyées dans le cadre de la coopération internationale ;
- La création à titre spécial pendant la première législature de quatre sièges à l’Assemblée nationale que pourvoiront les populations déplacées ;
- la création à titre spécial d’un ou deux sièges complémentaires à l’Assemblée nationale à pourvoir par les Maliens de l’extérieur. Fondement de la paix, le pacte national a connu des fortunes diverses dans son exécution telle qu’il ressort du document du Commissariat au Nord intitulé «Point sur l’exécution du pacte national».
Au plan international, la plupart des partenaires au développement : France, Algérie, Royaume des Pays Bas, Commission des communautés européennes entre autres ont manifesté leur solidarité et leur engagement à soutenir et à appuyer les efforts déployés par le gouvernement du Mali pour la réalisation pleine et entière des dispositions du pacte national sur les régions du Nord. Dans leur ensemble, les Agences du système des Nations unies : Pnud ; Fida, Oms, Fao, Fenu, Unicef, Fnuap ont été très attentives aux efforts déployés par le Mali.
D’autres partenaires au développement comme la Banque Africaine de Développement (Bad), la Coopération canadienne-la Coopération Suisse, la Rfa, la Bid, les USA, la Belgique, la Coopération italienne, l’Egypte, la Tunisie, la Mauritanie, la Boad-Cea, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement ont aussi tenu à affirmer leur solidarité aux efforts du Mali pour instaurer la paix et relancer le développement économique et social dans les régions du Nord. Malheureusement aucun de ces engagements n’a pu être réalisé compte tenu de l’insécurité qui régnait à l’époque dans la partie Nord du pays.
Qui a vendu le Nord-Mali ?
Le Mali est un pays en décomposition. Le constat est amer à tous les niveaux. Il y a nécessité d’organiser une conférence nationale à laquelle les anciens présidents et toutes les personnalités ayant joué un rôle clé dans la signature des différents accords signés ayant mis le pays dans le chaos répondront de leurs actes posés.
De l’accord de Tamanrasset (1991), au Pacte national (1992), à la Flamme de la paix (1997), à l’Accord d’Alger (2006), Accord d’Alger (02) (2014), les signataires et les acteurs sont encore bien vivants. Il ne reste plus qu’à interpeller Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré, Alpha Oumar Konaré, Kafougouna Koné, Mahamadou Diagouraga, Ibrahim Boubacar Kéita, Moussa Mara, Modibo Kéita. La liste est longue. Ainsi le peuple saura qui a fait quoi pour ou contre le Mali.
Safounè KOUMBA
Source: L’Inter de Bamako