Ce sont des jeunes filles et garçons qui squattent les réseaux sans fil des services publics et des particuliers. Ils n’hésitent pas à utiliser des méthodes de hacker pour percer les codes de connexion
Selon Wikipédia, le WI-FI est un ensemble de protocoles de communication sans fil qui permet de relier par ondes radio plusieurs appareils informatiques (ordinateurs, routeurs, Smartphones, modems Internet, etc.) au sein d’un réseau informatique afin de permettre la transmission de données entre eux.
Ainsi, la portée peut atteindre plusieurs dizaines de mètres (généralement entre une vingtaine et une cinquantaine de mètres) s’il n’y a aucun obstacle gênant (mur en béton par exemple) entre l’émetteur et l’utilisateur. Des fournisseurs d’accès à Internet peuvent aussi établir un réseau Wi-Fi connecté à Internet dans une zone à forte concentration d’utilisateurs (gare, aéroport, hôtel, train, etc.). Selon Wikipédia, ces zones ou points d’accès sont appelés bornes ou points d’accès Wi-Fi ou « hot spots ».
Ces points d’accès sont, de plus en plus, recherchés par les jeunes pour se connecter à Internet. Et très souvent sans en avoir l’autorisation. Pour ce faire, ces jeunes filles et garçons passent beaucoup de temps à roder dans les alentours des maisons et services dotés de Wi-Fi.
Un samedi matin du mois d’octobre, notre équipe de reportage a fait le constat derrière les murs de l’hôtel Sheraton, non loin de l’ACI 2000. Tout autour, de jeunes gens garent leurs engins à deux roues. Certains se faufilent entre les fleurs et arbres qui embellissent les lieux. Débout, le nez sur l’écran de leurs Smartphones, les uns et les autres se connectent aux multiples Wi-Fi que le centre met à la disposition des clients et autres visiteurs.
Comme eux, d’autres personnes sont assises de l’autre côté de la route, à moins de 10 m de la clôture de l’édifice. Têtes baissées, les regards rivés sur les écrans de leurs téléphones portables, ces jeunes gens semblent manquer de temps pour s’échanger quelques mots.
Ces individus, tous comme les changeurs de devises qui opèrent autour de l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), utilisent toute sorte d’astuces pour disposer le code Wi-Fi de cet établissement public. Pour pouvoir se brancher sur le réseau de l’Amap, ils n’hésitent pas à nouer des relations avec des travailleurs dudit service.
Un comportement nouveau qui étonne un vieux boutiquier, installé non loin de l’hôtel Sheraton. D’après le témoignage de ce vieil homme qui n’a pas voulu être cité, ces jeunes sont accros à leurs appareils, du matin jusqu’au soir. Pour lui, chacun d’entre eux, tenant son téléphone en main, vient uniquement pour télécharger des choses sans importance ou envoyer des vocales sur WhatsApp. « Rares sont ceux qui viennent pour faire des recherches dans le cadre des études ou de l’éducation. Certains, plus malicieux et très futés, creusent souvent de petits trous dans le mur de clôture pour, disent-ils, accéder rapidement à la connexion Wi-Fi », révèle-t-il.
2.000 FCFA- Comment font-ils pour se connecter à un WI-FI dont ils n’ont pas le code d’accès ou mot de passe ? En réponse à cette question, un membre du groupe pointe du doigt un autre, qui semble être le cerveau du groupe. Interrogé, ce dernier rétorque sans hésitation : « Il faut débourser 2.000 Fcfa pour avoir accès au code ». Car, ajoutera le jeune homme, il est indispensable de disposer d’une certaine connaissance informatique pour pouvoir déchiffrer le code d’un réseau de connexion. Il poursuivit son récit en soutenant qu’avec 2.000 Fcfa, l’intéressé peut se connecter à souhait pendant une semaine. Passé ce délai, le client peut se connecter à nouveau en payant le même montant.
« Grâce à ces petites sommes que je gagne par jour, je peux subvenir à certaines de mes dépenses : paiement de crédits pour le téléphone, achat de nourritures et de carburant pour mes déplacements etc. », explique le jeune de 22 ans.
Des pratiques similaires sont de plus en plus légion au niveau de plusieurs quartiers. Quand vous voyez des groupuscules de jeunes installés calmement derrière une famille dotée d’Internet, ne cherchez pas loin. En les approchant, vous les surprendrez en train de télécharger des vidéos ou de chatter avec leurs correspondants en utilisant le Wi-Fi le plus proche.
Un tour à Djicoroni-Para suffit pour en avoir le cœur net. Devant une concession sise dans ce quartier périphérique de Bamako, des jeunes forment un « Grin ». Ce groupe de causerie entre amis généralement autour du thé semble ici perdre son sens. Connectés au Wi-Fi situé à proximité, certains d’entre eux envoient des messages vocaux via WhatsApp à des amis. Tandis que d’autres, les têtes baissées, pianotent sur les claviers de leur Smartphone pour écrire et envoyer des messages. Le même scénario se répète de l’autre côté, en dépit des odeurs nauséabondes que dégagent les caniveaux, rendant ainsi difficile la respiration.
Ahmed Mangara, propriétaire du Wi-Fi en question, affirme qu’il change de code régulièrement mais les jeunes resquilleurs arrivent toujours à pirater son réseau. Pour lui, les jeunes manipulent la technologie avec dextérité. « Ils découvrent chaque jour de nouvelles choses sur les sciences que nous les vieux ne savent pas. Je change de code presque chaque jour, mais ils arrivent à me contourner en trouvant un moyen de le détecter. Je ne sais plus que faire », déplore-t-il, l’air déçu.
Pour Ibrahim Cissé, ingénieur réseau responsable informatique, pour trouver les mots de passe Wi-Fi, les jeunes utilisent de nos jours plusieurs méthodes, à savoir le recours à des applications comme Wi-Fi password, Wi-Fi hacker… Ceux-ci peuvent facilement découvrir certains mots de passe Wi-Fi. « Il y a certains, notamment les plus malins qui vont essayer d’avoir un des équipements connectés à vôtre Wi-Fi, par exemple un ordinateur qui est déjà connecté ou vôtre propre téléphone », révèle-t-il.
Par ailleurs, il existe des artifices pour sécuriser son code Wi-Fi. à ce propos, l’ingénieur Cissé conseille de solidifier les mots de passe, en utilisant des caractères spéciaux comme : ? / @ – + etc. qui sont plus difficiles a déchiffrer par les applications mobiles.
Fadi CISSÉ
Source: Journal l’Essor-Mali