Les expulsions des habitants vivant près de l’aéroport d’Abidjan ont commencé jeudi pour créer un périmètre de sécurité après la découverte le 8 janvier du corps d’un enfant dans le train d’atterrissage d’un avion Abidjan-Paris à Roissy, a constaté un journaliste de l’AFP.
Encadrés par un important dispositif policier, les bulldozers ont commencé à détruire des zones à l’ouest de l’aéroport, rasant notamment le village de Aérocanal qui comptait plusieurs centaines d’habitants.
“ADO (Alassane Dramane Ouattara, président ivoirien) nous a mis au soleil ! Il disait + un citoyen un toit +, là on va dormir sous un arbre”, ironise Romaric Gantemon, dont la maison paternelle a été rasée. “Mon père avait acheté la maison il y a une quinzaine d’années à un chef Ebrié (ethnie locale)”, précise-t-il. Le village détruit se trouve sur l’emprise de l’aéroport, donc sur des terrains publics et inconstructibles.
Lundi, ils (des fonctionnaires) ont dit qu’ils allaient détruire uniquement les maisons sur le bord de route. Ils détruisent tout le village. Ils nous ont donné deux heures pour sortir nos affaires
Le sol est parsemé des restes des murs et de tôles de toits. Sous des arbres, des habitants regardent les tractopelles en action. A côté d’eux, des tas d’habits, une machine à coudre, une bouteille de gaz, des chaises en plastique ou des matelas en mousse, sortis des maisons.
“Lundi, ils (des fonctionnaires) ont dit qu’ils allaient détruire uniquement les maisons sur le bord de route. Ils détruisent tout le village. Ils nous ont donné deux heures pour sortir nos affaires”, affirme Innocent Dembele, 32 ans, vigile, qui cohabitait avec 15 personnes. “On a tout perdu. On n’a pas d’argent pour trouver une autre maison”, dit-il.
La mort du jeune Laurent Barthélémy Ani Guibahi, retrouvé le 8 janvier dans le train d’atterrissage d’un avion à Roissy, a ému tout le pays, mais certains se sont aussi inquiétés des mesures de sécurité autour de l’aéroport d’Abidjan dans un pays sous la menace djihadiste. La Côte d’Ivoire a été touchée par un attentat en mars 2016 (19 morts) dans la station balnéaire de Bassam proche de l’aéroport.
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’enfant de 14 ans a escaladé un mur de l’aéroport puis s’est accroché aux roues de l’avion juste avant le décollage.
La semaine dernière, les autorités ont annoncé “la création d’un périmètre de sécurité, une bande de 200 mètres” tout autour de la clôture de l’aéroport pour éviter toute nouvelle intrusion sur le tarmac.
Des milliers de personnes vont être expulsées. Parmi les zones qui vont être rasées, le quartier d’Adjouffou qui compte environ 25.000 habitants, des écoles, des commerces et de lieux de culte.
AFP