Dans une interview qu’il nous accordée, le secrétaire général (Segal) du Mouvement « Mali Cour@ », Abdramane Maïga nous parle des visions du mouvement tout en évoquant la situation socio-politique du pays. Il s’est appesanti sur le changement de mentalité qui doit animer tous les Maliens pour sortir de l’ornière. Lisez plutôt !
Journal 22 Septembre : Monsieur le secrétaire général, comment est né le Mouvement « Mali Cour@- Anw De Be Se » ?
Abdramane Maïga : Mali cour@ est né de la volonté des Maliens de prendre en main leur propre destin. Les gouvernements successifs du mouvement démocratique n’ont pas répondu aux attentes légitimes des Maliens à savoir : Une bonne gouvernance ; une gestion saine des finances publiques ; une bonne gestion des biens fonciers de l’état du Mali ; la justice sociale ; un bon système éducatif et de santé. L’impunité et la corruption sont érigées en mode de gouvernance.
Notre mouvement est né de la rencontre de plusieurs Maliens, jeunes et cadres dynamiques et ambitieux qui se sont sentis un peu en décalage par rapport aux activités et au devenir du pays et se sont mis ensemble, afin de pouvoir partager leurs idées au développement du Mali et mettre la nation sur la scène internationale. Vous n’êtes pas sans savoir que les évènements que nous avons connus en 2012 et la crise sécuritaire qui s’en est suivie continuent à sévir et impactent négativement le développement du pays. Nous nous sommes dit qu’en tant qu’acteurs, il faut des initiatives pour participer activement à la construction d’une nouvelle société de responsabilité, de démocratie, orientée vers le développement. Voilà comment le Mouvement « Mali Cour@- Anw De Be Se » est né.
Le vocable « Mali Cour@ » est parti du changement de mentalité et de vision qu’on voudrait marquer par rapport à la conduite des affaires publiques. « Mali Cour@ » s’inscrit tout simplement dans la ligne de conduite de nos actions dans le cadre du renouveau et entend rompre avec la marche dans la continuité.
Journal 22 Septembre : Pouvez nous parler un peu de votre vision et vos ambitions pour ce renouveau du Mali ?
Abdramane Maïga : Notre objectif est de construire une société de responsabilité où des Maliens se sentiront mieux chez eux et qui soient responsables de leurs problèmes et que ça ne soit pas toujours la faute aux autres. Il nous faut assumer nos errements et nos responsabilités. Nous sommes carrément dans une dynamique de changement de mentalité. Nous sommes convaincus que nul ne pourra faire le Mali à la place des Maliens. Il faut qu’on se remette en cause, faire notre mea-culpa et se mettre au travail. Notre vision doit être perceptible dans l’exemplarité des leaders de « Mali Cour@ », leur manière de penser et d’agir et dans le seul intérêt du pays. Dans notre plan d’actions, nous prévoyons mettre en œuvre un programme de sensibilisation, d’éducation et de mobilisation des femmes pour accroitre leur participation au développement du Mali. Le maître mot être responsable.
Il s’agit pour nous de contribuer au rayonnement de la démocratie et de nos valeurs sociétales à tous les niveaux de la société pour influer positivement sur le bien-être des citoyens. Nous mettrons l’accent sur la vie humaine et sa préservation à l’image des dispositions de toutes les constitutions démocratiques. Pour cela, nous voudrons influer pour l’accès à une éducation de qualité pour tous, à la santé, l’accès à l’eau …Il s’agit également de contribuer à bannir la corruption sur toutes ses formes, le népotisme, le clientélisme et l’exclusion dans le processus de prise de décisions. « Mali Cour@ » ambitionne de contribuer à reformer l’administration et à moraliser la vie publique. Dans le cadre de la justice, « Mali Cour@ » pense qu’il faut intégrer les citoyens dans la gestion de la justice par une grande implication des chefs coutumiers et de villages.
Journal 22 Septembre : Monsieur le Segal, peut-on considérer « Mali Cour@ » comme un mouvement véritablement politique ?
Abdramane Maïga : On va y être, mais nous sommes patriotes d’abord avant d’être politiques. Permettez-moi de remonter un peu aux évènements de 2012. En vivant la crise multiforme, il fallait se poser la question de savoir qui est politique et qui ne l’est pas. Par manque de conviction et d’implication dans la gestion publique, nous avons été tous victimes d’une situation dont-on était responsable. Pour nous aujourd’hui, si l’on veut préserver notre pays, il faudrait que les bonnes volontés, les citoyens de valeur fassent la politique qui n’est rien d’autre que la gestion de la cité. Mais « Mali Cour@ » veut faire la politique autrement, puisqu’en plus d’animer la politique, nous voudrons apporter des idées dans le changement de mentalité. Nous ne voulons pas venir dans une association politique pour attendre quelque chose des employés politiques, mais nous voulons nous-mêmes apporter quelque chose et chercher à travailler pour le Mali.
Journal 22 Septembre : Quelle lecture faites-vous de la gouvernance du pays ?
Abdramane Maïga : Le constat sur la gouvernance du pays, il est là. La gouvernance souffre d’un certain nombre de situations dont le manque de changement de mentalité. Pour y remédier, il faut s’atteler au changement de mentalité. Nous sommes un pays qui est, en réalité, en guerre, mais malheureusement le rythme de la vie des politiques aussi bien de la population ne transcrivent pas cette réalité. On continue de gérer avec la stratégie de l’autruche. Il faut être unanime que sans la sécurité, tous les autres programmes sont voués à l’échec. Nous au « Mali Cour@ », nous pensons que les politiques doivent être d’avis que le budget du Mali à la lecture doit être orienté à 60% sécurité compte tenu de la situation, réduire le train de vie de l’Etat et les investissements dans le ciment. Un autre exemple sur le problème de gouvernance, c’est par rapport à la lutte contre la corruption. Si aujourd’hui, des syndicats se soulèvent contre les activités de l’office central de lutte contre l’enrichissement illicite, c’est la preuve que l’état de la corruption a atteint des proportions inquiétantes. Je me pose la question, où sont les acteurs de la vie démocratique ? Où est la société civile ? Quelle image donne-t-on du Mali à la communauté internationale ? Cette réaction des syndicats soulève pour ma part, un questionnement sur le processus d’élaboration des textes de lois au Mali, je refuse de croire que la loi a été initiée sans concertation avant son entrée en vigueur. Alors, je me demande les motivations de la réaction tardive des syndicats au moment de l’application de la loi. Sans m’attarder sur la question, il faut noter que cette structure ne fait que le suivi de textes de lois déjà en vigueur par rapport à la déclaration de biens. Un problème de gouvernance ! Nos hommes politiques ne font que gérer le quotidien et l’urgence.
Journal 22 Septembre : Quel appel lancez-vous à la société civile par rapport à la gouvernance ?
Abdramane Maïga : La société civile doit cesser de vivre aux dépends de l’Etat, de ne se contenter que de siéger dans des commissions, de plaire à l’Etat. Elle doit jouer le rôle qui est le sien, celui d’être l’arbitre, le contre-pouvoir. Il est temps de repenser la configuration de cette société civile.
Journal 22 Septembre : Vous avez des ambitions, comment « Mali Cour@ » entend s’organiser pour faire face aux échéances de 2018 ?
Abdramane Maïga : On ne peut pas échapper à ces échéances. Mais il est un peu tôt de se prononcer sur une éventuelle candidature de « Mali Cour@ » aux élections ou sur un éventuel soutien à un candidat. Notre objectif premier, c’est d’influer le changement de mentalité. C’est le Mali d’abord, pas pour prêter le slogan à IBK, mais il faut réellement préserver le Mali. Et dès maintenant, il faut discuter sur les faisabilités des élections. Faut-il aller aux urnes quel que soit la situation ? Ne faut-il pas tout prévenir. « Mali Cour@ » va œuvrer d’abord dans ce sens. Aujourd’hui, à voir le Mali de loin, on ne pense qu’au complot et on ne nous prend pas au sérieux. Donc on doit se mettre au travail par le franc parler au tour de l’essentiel. C’est ce qui va nous crédibiliser. Nous avons des valeurs qu’il faut exploiter. Pour rebondir un peu sur la révision constitutionnelle avortée, il y a eu beaucoup d’aspects essentiels qui manquaient. Par exemple, dans le texte on pouvait circonscrire expressément la rébellion armée qui du reste n’apparait nulle part. On aurait pu inscrire que la revendication et la déclaration d’indépendance est sanctionnée et proscrite. Voilà juste quelques idées à chaud qui auraient pu intéresser les Maliens. C’est un courage politique malien, ce n’est pas l’occident qui va nous dicter.
Journal 22 Septembre : Quel appel lancez-vous à l’endroit de la jeunesse malienne ?
Abdramane Maïga : La jeunesse pense beaucoup plus au présent qu’au futur et se sent toujours victime. Nous avons une pyramide large par le bas, mais malheureusement on n’est géré par nos grands-pères. La jeunesse malienne ne pense pas qu’elle a du talent. Il est temps qu’elle prenne son destin en main en pensant perspectives et conception. Nous devons pousser les ainés à changer la voie par nos énergies et nos idées novatrices. « Mali Cour@ » entend redonner de l’espoir, l’ambition à la jeunesse et par conséquent l’invite à prendre son destin en main.
Journal 22 Septembre : Votre dernier mot.
Abdramane Maïga : Mon dernier mot, c’est de remercier le Journal 22 Septembre pour m’avoir donné cette occasion de m’exprimer et de souhaiter que par nos actions de tous les jours nous allons contribuer à la paix et à la stabilité du Mali. Nous espérons vivement d’autres opportunités pour parler toujours des visions de « Mali Cour@ ».
Entretien réalisé par Daniel KOURIBA