“J’avoue que le Cnosm est incontournable dans le développement du sport au Mali”
Élu en fin 2019 à la tête de la Fédération malienne de volley-ball, Abdrahamane Dembélé, nous a accordé une interview, dans laquelle, il évoque l’état actuel du volley-ball malien, les défis majeurs sur lesquels son Bureau va se pencher pour le reste du mandat, le bilan de la saison écoulée, les perspectives pour la nouvelle saison, les difficultés auxquelles son Bureau est confronté et enfin son avis sur l’apport du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) pour le développement des disciplines sportives au Mali.
Aujourd’hui-Mali: Comment jugez-vous l’état actuel du volley-ball malien?
Abdrahamane Dembélé : Aujourd’hui, il faut reconnaître que le volley-ball n’est pas connu du grand public malien même si c’est l’une des disciplines les plus connues au monde et qui draine le plus grand nombre d’adhérents sur le plan international. Cependant, au Mali, nous peinons à occuper le devant de la scène. En dehors de cela, il faut reconnaître que depuis un certain nombre d’années la Fédération malienne de volley-ball met tout en œuvre pour que cette discipline existe, soit connue et qu’elle ait beaucoup d’adhérents sur le plan national.
Aujourd’hui, j’avoue que nous sommes arrivés à occuper le devant de la scène à Bamako, dans les régions et dans d’autres villes secondaires afin d’essayer d’avoir au minimum un terrain pour que les jeunes puissent pratiquer la discipline. En plus de cela, nous tenons régulièrement certaines compétitions qui font que les joueurs arrivent à s’exclamer, à s’exprimer et à rivaliser pendant des saisons et des saisons.
Quels sont les défis majeurs sur lesquels vous allez vous pencher pour le reste de votre mandat?
Nous avons été très ambitieux au début du mandat, mais cela a coïncidé avec l’arrivée de la pandémie de Covid-19 qui a impacté d’une manière générale le sport partout dans le monde et le volley-ball en particulier au Mali. Cependant, qu’à cela ne tienne, nous avons de très grands défis. D’ici la fin de notre mandat, nous avons bien l’intention d’augmenter de plus de 50% les pratiquants du volley-ball. C’est-à-dire augmenter le nombre de licenciés dans toutes les catégories (Ndlr : minime, cadet, junior et senior).
Ensuite, ramener la pratique de la discipline dans les écoles afin qu’elle soit l’une des disciplines qui se pratiquent dans les écoles, notamment dans les lycées. Pour cela, nous allons approcher le ministère de l’Éducation nationale et celui de la Jeunesse et des Sports afin de réhabiliter les terrains de volley-ball qui se trouvent dans les lycées pour que les jeunes puissent pratiquer la discipline. Cela va permettre d’avoir beaucoup de jeunes pratiquants.
L’autre défi, c’est d’implanter la discipline dans toutes les capitales régionales du Mali. Aujourd’hui, à Bamako, le volley-ball se joue dans toutes les communes, mais nous avons des parties du pays où la discipline ne se joue pas. D’ici la fin de notre mandat, nous pensons pouvoir implanter la discipline dans toutes les capitales régionales et dans certains grands cercles. Avec cela, la discipline va émerger et certainement aller au-delà de nos frontières.
Vous savez, au Mali, nous n’avons pas beaucoup d’entraîneurs de haut niveau. C’est pour cela que nous avons fixé l’objectif d’avoir au moins cinq (5) entraîneurs de niveau II et trois (3) entraîneurs de niveau III avant la fin de notre mandat. Il faut reconnaître que nous avons plus de vingt (20) entraîneurs de niveau I, mais il faut de la pratique pour qu’ils puissent passer l’examen pour le niveau II et III.
L’un des défis que nous comptons relever est celui des arbitres. Nous sommes l’un des pays qui n’ont pas d’arbitres internationaux. Vous savez, le volley-ball est une discipline dans laquelle, lorsque vous participez à une compétition internationale, vous devez être accompagnés par un arbitre. Malheureusement, nous sommes obligés par moment de louer la compétence d’arbitres d’autres pays parce que tout simplement nous n’avons pas d’arbitres internationaux. Donc, nous allons tout mettre en œuvre afin d’avoir au moins deux (2) ou trois (3) arbitres internationaux en Volley indoor et en Beach Volley.
Pour terminer, nous comptons également pouvoir faire beaucoup plus de compétitions parce que nous faisons seulement cinq (5) à six (6) compétitions par an. Je pense que ce n’est pas suffisant, mais nous comptons solliciter d’autres partenaires qui vont nous permettre certainement de faire beaucoup d’autres compétitions.
Donc, globalement, ce sont les défis majeurs que nous comptons relever d’ici la fin de notre mandat.
Pouvez-vous nous faire le bilan de la saison écoulée et les perspectives pour la nouvelle saison?
Il faut reconnaître que 2020 a été une année très difficile pour tous les sportifs et le volley-ball n’a pas été épargné. L’année dernière, nous avons été trop ambitieux parce que nous avons fait un programme qui couvrait l’ensemble du territoire. Pas seulement en compétition, mais en terme du développement de la discipline. Malheureusement, toute la partie du développement de la discipline n’a pas pu être exécutée à cause de la maladie à coronavirus ou Covid-19. Par contre, nous avons pu exécuter difficilement toutes nos activités phares.
D’ailleurs, nous sommes l’une des rares fédérations à avoir exécuté son programme d’activité. Nous avons exécuté notre l’Inter-ligue Dames dénommé Feu Pierre Djiré à Ségou. Ensuite, l’Inter-ligue Garçons à Koulikoro qui a réuni toutes les ligues régionales plus les clubs du district de Bamako. Chaque année, nous organisons une compétition entre les cadets dénommée Coupe du président du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) à Bamako. Alors, nous avons pu exécuter le Challenger Beach Volley du président de la Fédération malienne de volley-ball qui a enregistré une trentaine de paires en garçons et en dames.
Pour terminer, nous avons exécuté le Championnat en couplé avec la Coupe du Mali. D’habitude, nous faisons le Championnat à part et la Coupe du Mali à part, mais à cause de la pandémie nous étions obligés de faire les deux en même temps.
Sur le plan international, nous avons participé aux éliminatoires des Jeux olympiques, notamment chez les dames en Beach-volley. Malheureusement, elles ont été éliminées du tournoi. Par contre, les hommes sont toujours en cours pour les qualifications des Jeux olympiques.
La dernière phase va se jouer à Kigali au Rwanda et nous espérons qu’ils vont décrocher leur qualification pour Tokyo. En début d’année, nous avons profité également pour revoir nos statuts et régalements. C’était un exercice très intéressant parce qu’il fallait revoir ces documents.
Pour la nouvelle saison, nous sommes très ambitieux parce que tout ce que nous n’avons pas pu faire pour le développement du volley-ball va être relancé. Déjà, nous avons ciblé quelques villes ou nous allons essayer de réhabiliter ou de construire de nouveaux terrains de volley-ball afin d’amener les jeunes à pratiquer la discipline. Toutes les activités phares seront reconduites, l’Inter-ligue homme sera organisée à Kayes et celui des dames à Sikasso. Du 12 au 14 mars prochain, le mémorial Feu Pierre Djiré sera organisé à Ségou.
Le Championnat va se jouer pendant les vacances à Bamako et la Coupe du Mali à Koulikoro, au mois de décembre 2021. Pour inciter nos amis de Bougouni à pratiquer la discipline, nous comptons organiser un gala dans cette ville très prochainement.
Cette année, l’activité qui va nous démarquer des autres est l’organisation de la Coupe du président de la Fédération malienne de volley-ball en Beach-volley à Gao. Sur le plan sous-régional, le Mali nous a accordé l’organisation du tournoi Inter zone II et III du Beach volley à Bamako. Nous devons participer également en hommes et dames au Championnat d’Afrique de la Zone II et III probablement à Niamey au Niger.
Que comptez-vous faire pour consolider les acquis et rehausser davantage l’image du volley-ball malien?
Pour consolider les acquis, nous demandons une forte cohésion entre les dirigeants et entre les athlètes eux-mêmes. À mon avis, si les gens sont soudés et tirent dans le même sens, nous allons atteindre les objectifs recherchés.
En plus de cela, il faut que les athlètes comprennent que cette discipline leur permet d’aller au-delà du Mali pour jouer. Donc, nous allons travailler auprès des villes pour que les municipalités s’occupent du volley-ball comme les autres disciplines, à savoir le football et le basketball.
Quant à nous à la Fédération, nous continuons à nous battre pour développer la discipline sur toute l’étendue du territoire national en formant les entraîneurs, des arbitres et les jeunes.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté?
Effectivement, nous sommes confrontés à des difficultés surtout financières. Aujourd’hui, la Fédération malienne de volley-ball est soutenue par l’État du Mali à travers le ministère de la Jeunesse et des Sports. Nous sommes également soutenus par le Comité olympique et sportif du Mali (Cnosm), la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep), la Banque malienne de solidarité (Bms-sa) et l’Énergie du Mali (Edm-sa). Malgré tout cela, nous avons des difficultés par moment pour effectuer les déplacements afin de participer à des compétitions africaines.
Souvent, nous voyageons dans des conditions qui ne favorisent pas la bonne forme et la santé des athlètes. En plus de cela, nous avons un problème d’infrastructure. D’ailleurs, nous demandons un peu plus le soutien des autorités afin d’avoir des infrastructures adéquates pour que la discipline se développe à travers le pays.
Vous savez, nous avons la chance d’avoir au sein de la Fédération deux disciplines : le Volley indoor qui se joue dans la salle à six et le Beach volley qui se joue à deux. Nous demandons également aux autorités sportives d’éclairer les infrastructures sportives afin que les jeunes puissent s’entraîner au-delà de 19 heures. Cela permettra de réduire considérablement la délinquance juvénile et le banditisme.
Pouvez-vous nous parler de l’apport du Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) dans la promotion et le développement du sport au Mali?
Franchement, j’avoue que le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm) est incontournable dans le développement du sport au Mali.
Le président du Cnosm, M. Habib Sissoko, ne ménage aucun effort pour accompagner les différentes disciplines sportives à se promouvoir. Concernant le volley-ball, la ville de Kati n’avait de terrain de volley-ball depuis des années, mais en janvier 2020, nous avons inauguré un terrain flambant neuf entièrement financé par le Cnosm.
Ce terrain est animé le soir par plus d’une centaine de jeunes qui viennent apprendre à jouer à la discipline. Chaque fois que nos équipes partent en compétition en Beach volley, elles sont entièrement habillées par le Cnosm, sans oublier les financements de nos plus grandes activités, notamment le Championnat national et l’Inter-ligue. En dehors des compétitions, le Cnosm favorise la formation de certains de nos dirigeants et athlètes.
Avez-vous un message à l’endroit des sportifs maliens en général et des athlètes du volleyball en particulier par rapport à la pandémie de Covid-19?
Il faut que chacun d’entre nous soit convaincu que cette pandémie existe bel et bien et qu’elle peut être foudroyante. C’est vrai qu’elle est moins dangereuse pour les jeunes athlètes que chez les vieilles personnes, mais il faut reconnaître que ces jeunes athlètes sont une courroie de transmission de la maladie.
Vous pouvez ne pas être malade, mais vous pouvez être un agent de transmission aux parents. C’est pourquoi, nous appelons à la vigilance, à la rigueur et au contrôle.
Au niveau de la Fédération, nous avons équipé toutes nos équipes et les terrains de dispositif de lavage de mains, des thermo flashes pour prendre les températures et des gels hydro alcooliques.
J’ose espérer que les autorités maliennes, à l’instar de celles des autres pays, vont faire de telle sorte que nous soyons vite vaccinés et que nous ayons la possibilité de jouer pleinement avec l’esprit tranquille que nous allons éviter cette maladie.
Si vous avez un message à lancer au monde du volleyball. Lequel serait-il?
C’est d’être soudé et de faire en sorte que nous jouons au volley-ball parce que nous avons envie de jouer à la discipline. Vous savez, le volley-ball est bien pour l’esprit et pour la santé.
Réalisé par Mahamadou TRAORE
Source: Aujourd’hui-Mali