Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Abdoulaye Idrissa Maïga à la Primature: le choix de la logique politique

Fin d’un long suspens, après la nomination d’un nouveau Premier ministre, Abdoulaye Idrissa MAIGA, dont le choix correspond parfaitement à une logique politique qui n’est pour autant pas synonyme d’obligation constitutionnelle.

Abdoulaye Idrissa maiga pm malien chef gouvernement

Fonctionnaire de classe exceptionnelle, le nouveau Premier ministre est un cadre du Rassemblement Pour le Mali (RPM), le parti présidentiel. Il est également un proche du Président Ibrahim Boubacar KEITA dont il a été le directeur de campagne à l’élection présidentielle de 2013. Le casting est donc révélateur de la volonté du Président IBK de s’inscrire dans une tradition républicaine de même qu’une logique politique, avec en ligne de mire de redonner confiance au pays.
Logique politique ? C’est bien le cas, parce que depuis l’accession d’IBK, aucun de ses Premiers ministres n’a été issu des rangs de sa formation politique.
Oumar Tatam LY était un banquier, sans véritable coloration politique, en qui il a placé sa confiance pour ses premiers pas à la tête de l’État de 2013 à 2014.

La controverse
Celui-ci sera suivi de Moussa MARA, jeune expert-comptable, président du Parti YELEMA, nommé le 5 avril 2014, après avoir été ministre de l’Urbanisme et des Politiques de la ville. Il s’agissait là d’un des choix les plus controversés du Président IBK, autant au sein de sa formation politique qu’en dehors en raison d’un passé où les relations entre les deux hommes n’ont jamais été au beau fixe.
En 2007, Moussa MARA se présente avec une liste indépendante aux élections législatives, en Commune IV du district de Bamako, et met en ballottage la liste d’Ibrahim Boubacar KEITA, président du Rassemblement Pour le Mali et Président sortant de l’Assemblée nationale. Il est battu au second tour en obtenant 48,5 % des voix. Mais les diatribes pendant la campagne auraient pu laisser des séquelles. En tout cas, cela a été le cas chez les hiérarques du RPM. Le Président IBK, lui, avait passé l’éponge sur l’épisode tumultueux de la campagne électorale des législatives.
Requinqué par sa nouvelle posture, le jeune Premier ministre poussera l’ambition, sinon la prétention, de prendre le contrôle de la Majorité présidentielle et de la mener par le bout du nez. Il est vrai qu’il en avait été nommé le chef par le Président Ibrahim Boubacar KEITA. Mais sa propension à en assumer réellement la charge a été la goutte d’eau qui a débordé le vase.
Pour la plupart des responsables du RPM, Moussa MARA était devenu l’homme à abattre. D’autant plus que sa nomination, en elle-même, était loin de faire l’unanimité pour la raison qu’il n’était pas issu du Parti majoritaire et qu’il voulait prendre le contrôle de la Majorité présidentielle.
Le jeudi 8 janvier 2015, le jeune Premier ministre qui était en position très difficile depuis plusieurs semaines a rendu le tablier. Cela, après un passage mouvementé à Kidal et qui restera graver dans les annales de l’histoire de notre pays et pour lequel il était sur la sellette.
La faillite
Modibo KEITA succède à Moussa MARA, le 8 janvier 2015.
Diplômé en Lettres modernes, il a eu une carrière diplomatique. Comme ses prédécesseurs, lui non plus n’est issu des rangs du Rassemblement Pour le Mali, le Parti présidentiel. On ne lui connaît même pas de coloration politique. Ce qui peut ressembler à une hétérodoxie politique. Modibo KEITA a été le deuxième Premier ministre apolitique, après Oumar Tatam LY, du Président Ibrahim Boubacar KEITA. Si l’homme n’a pas particulièrement été dans l’œil du cyclone, jouissant de l’entière confiance de son chef, force est d’admettre qu’il était arrivé au bout du rouleau. Le front social devenait de plus en plus intenable, avec un gouvernement qui ployait sous le poids des revendications catégorielles. L’on était même arrivé à se demander s’il prenait la pleine mesure de ces revendications ponctuées de grèves, dont celle de la santé qui a de lourdes conséquences sur la population.

La pertinence
C’est dans ce contexte que depuis samedi dernier, la Primature a été confiée à Abdoulaye Idrissa MAIGA, un cadre du sérail du Rassemblement Pour le Mali. Pour la première fois, le Gouvernement est dirigé par un homme issu du Parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Ce serait un euphémisme que de dire qu’un fait majoritaire est enfin respecté. ‘’À César, ce qui est à César’’, dit-on.
Le choix d’Abdoulaye Idrissa MAIGA est d’autant plus pertinent qu’il intervient à quelques encablures de la prochaine élection présidentielle en 2018. Si le Président sortant était candidat à sa propre succession, il serait de la plus haute importance d’avoir aux commandes de la Primature un homme de l’appareil politique de son parti dont il serait le candidat. Comme le dit l’adage, ‘’on n’est jamais mieux servi que par soi-même’’.
Il faut signaler que si le choix d’Abdoulaye Idrissa MAIGA correspond à une logique politique, il ne s’agit cependant pas d’une obligation constitutionnelle. En effet, l’article 38 de la Constitution dispose : ‘’le président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement’’. L’on comprend que le Président IBK n’était pas tenu de céder aux humeurs et aux récriminations de nombre de responsables de son parti politique d’origine, le Rassemblement Pour le Mali.
Selon des sources bien informées, il n’y a eu aucune pression de qui que ce soit pour le choix d’Abdoulaye Idrissa MAIGA par le Président IBK. Les mêmes sources soutiennent qu’il n’y a jamais eu non plus de problème par rapport à la tête de ceux qui étaient annoncés à la Primature, à savoir le nouveau promu, Souméylou Boubèye MAIGA, Mohamed Ag ERLAF.
Pour ce qui est de l’agenda, révèle-t-on, il était connu : le changement devait intervenir en janvier dernier. Mais en raison de certains événements majeurs, il a été reporté : attentat de Gao, Sommet Afrique/France, Conférence d’entente nationale. Au niveau du RPM, apprend-on donc, le remplacement de Modibo KEITA était attendu.
Toutefois, précisent nos sources, c’est la faillite du Gouvernement face à la grogne sociale qui a précipité le départ du Gouvernement.

Par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance