Dans une interview qu’il a bien voulu accorder à l’expressdumali.com, le chef de la tribu Kel Ansar Abdoul Madjid Ag Mohamed Ahamad dit Nasser ne cache pas son soutien au président sortant IBK et appelle les uns et les autres à voter pour lui. «Je n’ai jamais caché mon soutien à IBK… Il faut que les gens sachent que soutenir IBK, c’est un acte patriotique…».
Bonjour, pouvez-vous nous parler de votre tribu et du rôle du chef de tribu ?
La tribu Kel Ansar est une grande tribu. Elle s’étend de la frontière mauritanienne jusqu’à la limite du cercle de Bourem. Les Kel Ansar ont la particularité d’être non seulement de grands lettrés, ce qui fait d’eux une tribu qualifiée de maraboutique, mais aussi de grands guerriers par leur courage et leur bravoure avec lesquels ils ont fait face à l’ennemi (les Reguibat, les Maures du Sud, les Peulhs et les Français).
Comment un chef de tribu est-il désigné chez vous ?
Généralement les chefs de tribu sont désignés sur proposition du chef de tribu précédent. Cette proposition est validée par les notables et les chefs de fractions de la tribu. Le chef de tribu sortant ne le désigne pas directement, mais c’est à travers ses actes, son intégrité, son sens moral et sa disponibilité pour l’intérêt général de la tribu qui font de lui un candidat potentiel. Tous les chefs de tribu sont choisis par legs. Les notables et les chefs de fractions valident cette proposition.
Alors pourquoi certains se disant cadres de la tribu contestent votre autorité ?
Au fond, il est nécessaire de rappeler ce qu’Allah, Créateur du monde et ses Prophètes n’ont pas pu avoir en termes de reconnaissance totale et d’unanimité auprès des Hommes sur terre, ce n’est pas un chef de tribu qui en aura le mérite. En effet, depuis la nuit des temps, Satan et sa horde d’égoïstes ont juré de se mettre au travers de la vérité, de la justice et de la paix en insufflant la malveillance et la haine à tous ceux qui le suivront. Quelle tribu n’a pas d’opposants ? Cependant, les opposants de la tribu Kel Antessar (quelques individus imbus de leur pauvre personne) se distinguent des autres par un comportement malheureux, voire irresponsable pour étaler au grand jour et au public leurs faiblesses. Ils oublient que toutes les tribus ont une opposition à la différence que celles-ci se veulent responsables et gèrent leurs problèmes à l’interne pour ne pas écorcher l’honneur de la tribu tout entière.
Certains journaux vous traitent de manipulateur, qu’avez-vous à répondre ?
Je n’ai manipulé personne. Ces articles sont sans fondement dans les journaux, c’est de la diffamation car un journaliste qui respecte l’éthique et la déontologie de son métier doit faire la part des choses en cherchant à connaître aussi ma version des faits. En réalité, je n’ai même pas affaire à ces gens qui se disent cadres. J’ai affaire à des notabilités, chefs de fractions, etc. Ils peuvent être des conseillers s’ils le souhaitent, mais ils ne sont pas les seuls Kel Ansar de ma tribu.
Quels sont vos rapports avec les autres tribus ?
Ils sont excellents. J’ai des rapports excellents avec Mohamed Ag Intalla de la tribu des Ifoghas, on a même récemment rendu visite au Chérif de Nioro, chez lui. Il y a aussi la tribu des Elhich, vous avez vu leur communiqué de soutien. Il y a aussi les Illimiden, les familles fondatrices de Bamako, les Bakayoko, les cantons songhoï, etc. Bref, j’ai de bons rapports avec tout le monde.
Quel message avez-vous pour ceux qui tentent de contester votre légitimité ?
En revoyant l’historique de la tribu Kel Antessar et à travers plusieurs générations, on constate amèrement que des oppositions internes, toujours instrumentalisées par les ennemis de la tribu pour l’affaiblir, ont toujours existé, hélas, et essayent de mettre les bâtons dans les roues pour empêcher le chef de la tribu de faire évoluer les choses dans la quiétude. Face à ces impairs et aux distorsions qui jonchent la voie empruntée par certains, et qui risquent à la longue de ternir l’image de la tribu, jadis forte et glorieuse, il serait souhaitable de se ressaisir, chacun en ce qui le concerne, pour protéger la tribu à laquelle il s’identifie et la renforcer, au-dessus de toutes les humeurs et des intérêts personnels, voire égoïstes. Démocratiquement, ceci n’empêche personne d’aller voter pour qui il veut, selon ses préférences, tout en protégeant son appartenance identitaire et originelle. Car la Tribu est au-dessus de tous !
Récemment, vous avez effectué une visite en Arabie Saoudite. Quels étaient les objectifs de ce voyage à l’étranger ?
En premier, c’était pour accomplir mon devoir religieux qui est l’Omra, visiter la mosquée du Prophète (PSL) à Médine et faire des prières pour le retour de la paix au Mali. Ensuite pour rencontrer la communauté Kel Ansar en Arabie saoudite qui s’élève à 20.000 âmes. On a échangé, et je leur ai conseillé de penser à préparer leur point de chute au Mali. À l’approche des élections, je leur ai demandé de retirer leur carte d’électeur et voter. Car c’est un devoir pour tout un chacun.
Vos détracteurs vous accusent de complicité avec les mouvements armées, est-ce vrai ?
J’ai des relations avec tous les signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Alors, en tant que chef de tribu, j’œuvre pour le retour de la paix au Mali.
Quel rôle joue la tribu dans le retour de la paix ?
La tribu joue un rôle de sensibilisateur, d’intermédiaire, entre l’Etat et la population. J’ai aussi joué plusieurs rôles, en organisant des rencontres intercommunautaires. J’ai donné un signal très fort à Gargando en hissant le drapeau du Mali ; j’ai fait liber des soldats détenus par les groupes armés ; j’ai fait une médiation entre la plateforme et la CMA, etc.
Quels sont vos liens avec le président IBK ?
Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita est d’abord un grand-frère, j’ai beaucoup de respect pour lui. C’est lui qui a fait venir mon oncle, l’ancien chef de tribu de Bobo-Dioulasso où il était réfugié, il l’a accueilli avec tous les honneurs. Il est aussi celui qui a pu faire signer l’accord pour la paix et la réconciliation, etc. Il est l’homme de la situation et je le soutiendrai jusqu’au bout.
Avez-vous donné une consigne de vote pour l’élection présidentielle du 29 juillet prochain ?
Je n’ai jamais caché mon soutien à IBK et ma consigne de vote a été donnée en Arabie Saoudite. Ici au Mali, en Mauritanie et partout ailleurs.
Votre dernier mot à l’endroit de votre tribu et de l’ensemble des Maliens.
Il faut que les gens sachent que soutenir IBK, c’est un acte patriotique, car, je le répète, il est celui qui est l’auteur de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation et c’est lui qui peut œuvrer pour sa mise en œuvre. Je lance un appel à toute ma communauté et à tout le Mali d’œuvrer pour le retour de la paix au Mali.
Propos recueillis par M.I. ANSARY