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Abdoul Karim Camara dit Cabral: toujours aussi présent dans les coeurs et les esprits

17 mars 1980-17 mars 2016, voici 36 ans que Abdoul Karim CAMARA dit Cabral, nous quittait dans la fleur de l’âge. 36 ans après son assassinat, les Maliens se souviennent de ce jeune étudiant plein d’ambitions pour son pays dont le nom restera à jamais inséparable du combat estudiantin dans notre pays ; du combat pour la liberté et la justice tout court. Qui est l’homme dont on célèbre le 36e anniversaire de l’assassinat ? Les témoignages et contributions sont des plus édifiants sur la portée du combat de ce jeune étudiant à l’idéal de liberté et de meilleures conditions pour ses camarades incommensurable. Lisez.

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Moussa Soro Sy: « des idées révolutionnaires »

Dans la vie des hommes, comme celle des peuples, il y a des évènements qui affligent, qui attristent et qui parfois révoltent la conscience humaine, il s’agit par exemple de l’assassinat crapuleux de l’un des dirigeants les plus clairvoyants, les plus brillants des Mouvements de Libération en Afrique, j’ai nommé Amilcar Cabral de Guinée Bissau. Stratège de la lutte contre le colonialisme portugais, Cabral fut assassiné le 20 janvier 1973 à Conakry (Guinée).
20 janvier 1973, 20 janvier 2016, il y a 43 ans disparaissait tragiquement ce grand combattant de la cause africaine.
En éliminant physiquement Cabral, le colonialisme portugais espérait décapiter, anéantir le Mouvement de libération. Mais c’était une erreur, car il y a des hommes qui disparaissent, mais l’idéal pour lequel ils combattent, ils sacrifient leur vie, demeure intact. Il y a toujours des hommes pour raviver le flambeau, continuer le combat jusqu’à la victoire finale.
Il est difficile de parler de l’Homme qu’est Amilcar Cabral.
Justin Mendy a beaucoup écrit sur Cabral.
Notre camarade de lutte Abdoul Karim CAMARA surnommé Cabral, assassiné le 17 mars 1980, s’est identifié à Amilcar Cabral par ses idées révolutionnaires et sa coiffure.
Pour mémoire et pour l’histoire, il est important de rappeler qu’Amilcar Cabral est né vers 1924 à Bafata (Guinée Bissau). Le jeune Cabral fréquente le Lycée de Sao Vicente (Iles du Cap-Vert) après ses études primaires et préparatoires. Son père Capverdien était instituteur. Cabral a poursuivi ses études supérieures à Lisbonne, à l’Institut Supérieur d’Agronomie. À Lisbonne, il se distingue par ses idées révolutionnaires en participant à des campagnes pour la paix et à des Mouvements pour la prise de conscience des étudiants africains.
C’est ainsi qu’avec d’autres camarades étudiants africains des colonies portugaises, il organise des manifestations culturelles au sein de la Maison des étudiants de l’Empire (Casados estudiantes do Imperio).
En 1961, Amilcar Cabral et ses camarades créent le Centre des Études Africaines, véritable Centre de renaissance de la culture africaine. Ses études terminées, il est affecté à la Station agronomique de Lisbonne comme chercheur. À ce titre, il est envoyé en Guinée-Bissau pour procéder au recensement agricole général de la colonie. Cette mission lui donne l’occasion de parcourir l’ensemble du territoire et de se mettre en contact direct avec le système d’exploitation des populations paysannes. En même temps qu’il procède au recensement de Lisbonne, il met en place un club sportif que le gouvernement de Lisbonne interdit immédiatement. Sachant certainement là où voulait en venir le stratège Cabral. Les autorités ne lui permettent de séjourner sur le territoire guinéen qu’une fois par an. C’était en 1954.
Conscient que pour pouvoir mener une action anticoloniale plus efficace, il fallait lutter à visage découvert, il crée en 1956, avec cinq autres camarades, le PAIGC
L’année suivante, il prend l’initiative d’une réunion de consultation et d’étude pour le développement de la lutte dans les colonies portugaises qui se tient à Paris et qui donnera naissance clandestinement à Lisbonne au MAC (Mouvement anticolonial).
Après le massacre des travailleurs du port de Pidjiguisti, le 3 Août 1959, Amilcar est présent à Bissau où il préside le 19 septembre la réunion du PAIGC qui décide de la mobilisation des masses paysannes. Alors il parcourt diverses capitales pour sensibiliser l’opinion mondiale et publie une brochure sur la vérité sur les colonies portugaises dans laquelle il dénonce publiquement le colonialisme portugais. Cette brochure est signée de son nom de guerre : Abel Djassi. En même temps, il installe à Conakry (en 1960) le secrétariat du parti.
Les préparatifs étant avancés, la direction du PAIGC déclenche le 23 Janvier 1962 la lutte armée à la campagne. Plusieurs succès militaires sont enregistrés, ce qui permet de tenir en février 1964 (du 13 au 17) le premier congrès du parti à Kassaca, dans les régions libérées du sud.
Pendant que les combats s’intensifient sur le terrain et auxquels Amilcar Cabral prend lui-même part, l’action internationale n’est pas relâchée. Le secrétaire général du parti participe à plusieurs réunions et à plusieurs instances internationales et ses interventions sont de plus en plus remarquées. Celle faite en janvier 1966 à la Tricontinentale de La Havane devant l’organisation de solidarité des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine, est citée comme une contribution originale, sur le plan historique et philosophique, à l’analyse du développement de la lutte des mouvements de libération nationale en Afrique, de ses fondements et des objectifs.
Dans les pays du Tiers-Monde, dans les États socialistes, la côte du PAIGC monte sans cesse. Et déjà dans les pays continentaux alliés l’objectif du Portugal, une attention plus soutenue est portée à la lutte du PAIGC.
Amilcar Cabral réussira en 1970 à se retrouver devant la commission des Affaires Etrangère du Congrès Américain pour une conférence suivie de débat dont une brochure serait éditée plus tard. Autre action internationale remarquable d’Amilcar Cabral : l’audience accordée par le Pape Paul VI, en juin de la même année 1970 aux leaders de trois mouvements de libération des colonies portugaises : le PAIGC, le FRELIMO du Mozambique et le MPLA d’Angola. Le secrétaire général du PAIGC y fut le porte-parole de ses compagnons de lutte, tout comme il était pratiquement devenu celui de tous les mouvements de libération dans les instances de l’OUA.
L’audience du souverain Pontife s’était déroulée en marge de la conférence sur la solidarité avec les peuples des colonies portugaises tenue à Rome, où 171 organisations nationales et internationales représentant 64 pays du monde entier avaient étudié et établi les moyens de développer la solidarité politique, morale et matérielle à la lutte des peuples contre le colonialisme portugais.
L’importance croissante attribuée au PAIGC grâce en grande partie à la stature politique d’Amilcar Cabral, se renforce de jour en jour. Et en avril de l’année 1972, le PAIGC remporte une autre grande victoire avec la visite des régions libérées par une commission spéciale des Nations-Unies. Celle-ci constate qu’une bonne partie du territoire est sous contrôle du PAIGC (plus des deux tiers) et recueille toutes les données qu’il existe réellement un peuple guinéen souverain. En conséquence, le PAIGC est reconnu comme le seul et légitime représentant du peuple de Guinée et Cap-Vert et entrera, la même année (en octobre), comme observateur aux Nations-Unies.
Tirant les conclusions de toutes ces années de lutte et de la situation d’un peuple souverain dont une partie du territoire est sous occupation étrangère, Amilcar et ses camarades procèdent à des élections générales dans les zones libérées et à la désignation, au sein du parti, des représentants provisoires des populations de régions encore sous domination portugaise. L’on s’acheminait ainsi vers la proclamation de l’État qui devait intervenir au cours du premier semestre de 1973, lorsque le 20 janvier, tombait assassiné, à Conakry, Amilcar Cabral.
Amilcar Cabral était un écrivain talentueux.
Des œuvres du père et l’indépendance de Guinée-Bissau ont été publiées par François Maspéro. Les textes de Cabral ont été rassemblés et ordonnés par son ami Mario de Andrade, en liaison avec le PAIGC qui l’avait mandaté pour accomplir cette tâche.
« Les écrits de Cabral dit Mario de Andrade ne sont pas le simple journal de bord d’une lutte armée. D’autres pays ont d’abord obtenu l’indépendance et l’ont construite ensuite. Cabral, au fil de l’expérience, a découvert qu’il lui fallait, chez lui, entreprendre de front la conquête et la construction de l’indépendance, village par village, région par région. Il était confronté simultanément aux problèmes du colonialisme et du néo-colonialisme. Il n’est venu à bout de tout cela que par une réflexion et une pratique qui présentent pour tous les pays africains ».

Moussa Soro SY
Ancien de l’UNEEM

 

Source: info-matin

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