Omniprésent, bien qu’absent. L’ombre de Vladimir Poutine devrait planer sur les débats de l’Assemblée générale des Nations unies, qui commencent lundi 19 septembre, à New York, dans le lourd contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce temps fort de la diplomatie multilatérale, déjà mis à mal par la pandémie de Covid-19 en 2020 et en 2021, se tiendra jusqu’au 24 septembre sur fond de contre-offensive éclair des forces ukrainiennes après sept mois d’affrontements et d’impasse diplomatique entre Moscou et Kiev.

Jamais l’ordre international n’a paru aussi fracturé, le conflit révélant une nouvelle cartographie des rapports de force mondiaux. D’un côté, les Occidentaux et leurs alliés, emmenés par des Etats-Unis fatigués de jouer les gendarmes du monde, mais fers de lance du soutien à l’Ukraine dans une Europe traumatisée par le retour de la guerre. De l’autre, la Russie, membre du Conseil de sécurité, accusée de violer la charte des Nations unies en envahissant son voisin, et soutenue avec prudence et non sans arrière-pensées par la Chine.

Enfin, un groupe hétérogène, représenté par l’Inde, des pays asiatiques, africains, comme l’Afrique du Sud, du Moyen-Orient et de l’Amérique du Sud, qui ne veulent pas choisir leur camp, et s’inquiètent des conséquences diplomatiques, alimentaires et énergétiques de cette guerre sur le continent européen. « Ce conflit marque une rupture, celle de l’influence déclinante des Occidentaux, en dépit de leur mobilisation au côté de l’Ukraine, et du grand retour des Etats-Unis en Europe », estime l’ancien diplomate Gérard Araud.

L’ambiance est lourde. Emmanuel Macron, qui doit arriver lundi 19 septembre dans la soirée à New York, après les obsèques de la reine Elizabeth II à Londres, voit dans l’onde de choc suscitée par les hostilités un risque durable de « partition » du monde. Pour l’Elysée, l’Assemblée générale doit permettre d’amplifier le soutien à l’Ukraine, tout en cherchant à rallier les pays « non alignés » ou « neutres », afin de faire pression sur la Russie. C’est aussi dans cet esprit que la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, vient d’effectuer coup sur coup deux visites, en Turquie et en Inde. L’urgence est double, selon un diplomate français : « Ne pas laisser les fractures internationales s’approfondir dans le contexte de la guerre en Ukraine et ne pas entrer dans une logique de fragmentation en blocs. »

Le président Zelensky en visioconférence

La tâche s’annonce ardue pour les Occidentaux, même si les dirigeants chinois, Xi Jinping, et indien, Narendra Modi, ne seront pas non plus présents à New York. Considéré comme un paria dans le monde occidental, le chef du Kremlin a eu l’occasion de montrer qu’il n’était pas totalement isolé. Peu avant que ne s’ouvre l’Assemblée générale onusienne, il a rencontré, jeudi 15 et vendredi 16 septembre, à Samarcande, en Ouzbékistan, ses homologues chinois, indien, iranien et turc, lors d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï, présenté comme un forum rival du G7, le groupe des pays industrialisés.

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