BAMAKO -Lors de la cérémonie de signature de l’accord d’Alger, le vendredi dernier, le Président guinéen, Professeur Alpha Condé au micro, s’est réjouit de la présence de deux anciens chefs d’Etats maliens. Et à la surprise de tous, il déplore l’absence remarquée et même prévisible des deux premiers présidents démocratiquement élus au Mali, après la révolution de mars 1991.
La cérémonie en grande pompe qui a consacré la signature de l’accord d’Alger à Bamako le vendredi, a fait l’objet de déplacement à Bamako, de plusieurs chefs d’Etats et de gouvernements étrangers.
Au niveau national, il est à noter qu’hormis Madame Cissé Mariam Kaïdama Sidibé et Modibo Sidibé, tous les anciens premiers ministres du Mali ont effectué le déplacement au Centre international des Conférences de Bamako. La première serait en déplacement, mais le second qui milite dans l’opposition, aurait tout simplement décliné l’invitation. La raison est simple : Modibo Sidibé a décidé de ne pas faire le double-jeu d’une opposition spectatrice. Pour lui, « cet accord d’Alger paraphé le 1er mars par le Gouvernement ne résout en rien les questions fondamentales relatives à la stabilité du pays ». Alors, pourquoi se rendra à un tel évènement ? Ce serait vouloir la chose et son contraire.
Du côté anciens chefs d’Etats du Mali, seuls Moussa Traoré, le tombeur de Modibo Keïta et Dioncounda Traoré de la transition, ont effectué le déplacement. Le Président Alpha Oumar Konaré et son successeur démocratique Amadou Toumani Touré, ont été les grands absents du jour.
Le Guinéen Alpha Condé, sans doute, en faisant allusion à une nécessité de la vraie réconciliation au Mali, s’est dit très réjouit de la présence de Moussa Traoré et de Dioncounda Traoré. Mais qu’il aurait souhaité y voir Alpha et ATT aussi. « Nous aurons l’occasion de les réunir tous à un autre moment », a-t-il renchérit pour fermer le chapitre.
Mais selon de bonnes sources, la raison de l’absence de ces deux grands fils du Mali n’est pas pour rien.
Il s’avère que le torchon brûle toujours entre chacun de ces deux anciens présidents malien et IBK l’actuel.
Du côté d’Alpha, la raison serait qu’il n’a jamais pu digérer les propos haineux qu’IBK aurait tenus à son encontre après avoir été battu aux primaires de l’Adema en 2001 face à Soumaïla Cissé. Bien d’autres motifs détérioreront leurs relations jusque là, brouillées.
Or avec ATT en exil à Dakar, c’est beaucoup plus clair : Installé en septembre 2013, le régime IBK formulera très tôt une série d’accusations de « haute trahison » contre ATT. Ce qui est perçu les proches de ce dernier comme un désir de se venger d’ATT pour n’avoir juste pas pris IBK comme dauphin. « Ibk tient à faire porter le chapeau des conséquences de la crise libyenne à Att », a commenté un observateur.
En tout cas, à la signature de cet accord, beaucoup d’âmes maliennes auraient été ravivées de voir ATT Alpha, Moussa et Dioncounda assis côte à côte. La cérémonie aurait été beaucoup plus inédite, voire conviviale et historique. Mais une chose est sûre : Alpha et ATT n’ont jamais été populistes pour apparaître partout et tout le temps.
Par ailleurs, Alpha Condé aurait pu être beaucoup plus altruiste s’il révélait l’avis de son ami et frère IBK sur l’absence des deux anciens présidents démocratiquement élus du Mali. Mais, en abordant un tel sujet irritant pour IBK, le Président Condé n’a fait que semer davantage le doute sur ce qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive au bord du Niger.
Alors, les anciens présidents absents à cette cérémonie, ont-ils réellement reçu l’invitation comme tous ceux qui ont pu s’introduire dans la salle ? Mystère…
source : Autre Presse
