J’aimerais convaincre du contraire ceux qui pensent que je n’aime pas mon cousin. Je l’aime à mourir. Et «qui aime bien, châtie bien». Quelle idée saugrenue, ai-je comme ça à penser que je puisse châtier mon cousin. Au fait, cousin, j’aime rappeler à ton attention ces petites choses qui ont un pesant d’or sur la psychose sociale en notre demeure.
Par ailleurs, je n’y étais pas, mais il paraît que tu en aurais fait, des jérémiades, le long de ton séjour dans la région de Ségou. Tu faisais ce «monsieur qui n’était au courant de rien et s’étonnait de la misère de ses compatriotes». Tu sais, cousin, la vieillesse peut souvent nous jouer des tours ; j’allais dire, nous causer des trous de mémoire. Je ne parle pas de sénilité.
Je me dois alors te rappeler ceci : tu as passé le clair de l’ère démocratique au Mali et au Mali. Si tu t’en étais éloigné, c’était peut-être pour une villégiature. De laquelle tu étais toujours revenu. T’étonner de voir ceci ou cela, de constater par-ci ou par-là, des choses qui glacent le sang dans les veines, c’est faire du cinéma. D’ailleurs, tu en as beaucoup fait. Et ton ministre Tréta a en pris pour son grade. Bien fait.
Comme le dirait l’autre, tu aimes trop le banquet et le vil. Combien d’argent as-tu mis dans ce «cocktail Molotov» qui aurait mieux valu ailleurs ? Euh, cousin, je viens de me découvrir hassidi, c’est pourquoi je ne te comprends pas.
Sinon, c’est très normal, quand un Roi se déplace, qu’il le fasse avec toute la peuplade de courtisans, de sbires, d’obligés, de masseurs de pieds, de porteurs de glaciaires remplies de mouchoirs royaux, de mobilisateurs de foule, même s’il s’agit majoritairement d’enfants contraints à sécher les cours…
C’est normal, cousin, que des gens te bichonnent, te pomponnent, pour que tu aies un visage très poupon, un visage d’ange. Ça ne me dérange guère. Tu le mérites, cousin.
Issiaka SISSOKO
source : Le Reporter