Le village de Farabougou, dans la région de Ségou, devient un enjeu national au Mali. Des hommes armés qui assiègent ce village depuis plus de six mois ont fixé un ultimatum à l’armée malienne.
L’ultimatum posé à l’armée est clair : les FAMA doivent se retirer afin de préserver l’accord oral de cessez-le-feu passé le mois dernier entre les djihadistes et des responsables communautaires et religieux. La situation est délicate pour les autorités de transition.
Le dilemme pour les autorités
Soit l’armée obtempère et les assaillants de Farabougou remportent une victoire qui pourrait créer un précédent. Soit les FAMA refusent et risquent un bain de sang pour asseoir l’autorité de l’Etat dans le centre du pays.
La question est tellement épineuse que la plupart des interlocuteurs que nous avons démarchés ont refusé de se prononcer sur notre antenne, y compris sur la situation humanitaire des civils sur place.
Le siège de Farabougou
Tout a commencé le 6 octobre dernier, quand un groupe armé fait irruption dans le village au moment de la foire hebdomadaire. Ils prennent alors une vingtaine de civils en otages et bloquent tous les accès à la localité qu’ils assiègent.
Des villageois qui tentent d’entrer dans Farabougou sont tués dans une embuscade.
L’identité des assaillants varie selon les sources : les habitants disent qu’il s’agit de bandits ou de Peuls. Les hommes armés revendiquent être affiliés à la Katiba Macina, un mouvement salafiste en lien avec Aqmi.
Appuyée par Barkhane, l’armée malienne a procédé ensuite à des largages de vivres pour aider les 3.000 habitants durant le blocus.
es chefs traditionnels, des responsables communautaires, des maires du Cercle de Niono et des chasseurs dozos ont négocié avec les djihadistes, depuis décembre, et sous la houlette du Haut Conseil islamique. Ils ont convenu d’un accord temporaire de cessez-le-feu temporaire pour tout le Cercle de Niono, le 14 mars.
Le blocus levé, la population a pu reprendre en partie ses activités, après avoir délaissé les champs et souffert de famine et de l’absence de soins médicaux. Un retrait de l’armée fait craindre que les civils soient livrés à la brutalité de groupes djihadistes qui imposeraient leur loi à Farabougou.
Pas de solution de fond
Malgré cet épisode, aucun cadre de concertation formel n’a encore été mis en place entre les leaders religieux ou communautaires et les forces de défense dans les régions du pays, afin d’éviter que le scénario de Farabougou ne se reproduise ailleurs et pour assurer, sur le long terme, la cohabitation pacifique entre les différentes communautés du Mali.
Calendrier électoral
Par ailleurs, les élections qui mettront fin à la transition au Mali auront lieu le 27 février 2022. Il s’agit de la date prévue pour les premiers tours de la présidentielle et des législatives. Les seconds tours devraient se tenir respectivement les 13 et 20 mars. Mais avant cela, le 31 octobre, sera organisé un référendum sur une révision de la Constitution.
Source : DW. com