Art contemporain ou documentaire, tous les styles sont représentés aux Rencontres de Bamako, le plus grand évènement consacré à la photo en Afrique. Tous les styles, y compris les photos de famille. Trois familles exposent des clichés personnels dans la cour de leur maison, comme chez Moussa Barry Fall.
De notre envoyé spécial à Bamako,
Dans le quartier de Médina Coura, rue 1 porte 396, la cour de la concession est devenue un lieu d’exposition. Les enfants font leurs devoirs, des femmes lavent du linge, les dindons gloussent et le chef de famille, Moussa Barry Fall, commissionnaire en douane, décrit avec fierté les photos souvenirs conservées dans de fragiles vitrines.
« Ça c’est une photo de mon père, indique-t-il en montrant une photo d’identité légèrement jaunie. Il y a aussi des photos de studio. La famille aimait beaucoup aller chez Seydou Keita ou Malick Sidibé », les grands noms de la photo malienne. « Là, c’est ma tante qui sourit, poursuit le chef de famille en désignant la photo d’une élégante en boubou. Quand je vois ces photos, je vois la beauté. »
Témoignage historique
Pour la trentaine d’habitants de la concession, pour les enfants comme pour les locataires, mais aussi pour les voisins, cette exposition est un témoignage historique des petits et grands évènements de la vie, à travers les générations. « C’est très très émouvant, confirme Moussa Barry Fall, qui conserve habituellement ses clichés dans une grande malle. J’aime ces photos, la famille aussi aime les regarder et tout le quartier également ».
Cette exposition organisée « à la maison » montre peu de photos récentes. Comme si les appareils photo numériques, les téléphones portables, Instagram et Snapchat, avec leurs photos vite prises et vite oubliées, avaient tué la mémoire. « La qualité des photos d’aujourd’hui n’est pas bonne : le papier n’est pas bon, la façon même de prendre les photos, je n’aime pas trop ça », confie Moussa Barry Fall, nostalgique. « Dans les photos anciennes, il y avait une sincérité. L’art était là », conclut-il.
Moussa Barry Fall nous reconduit sur le perron de la concession. Les enfants vont commencer à faire leurs devoirs sur le tableau noir qu’il leur a installé dans la cour. Quand on lui demande, avant de nous séparer, s’il reçoit une aide financière des Rencontres de Bamako pour l’organisation de cette exposition si touchante, il répond : « Je fais ça pour l’amour de l’art ».
Publié le 03-12-2019 Modifié le 03-12-2019 à 01:57
Source : RFI