Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

8è édition du Forum MEDays de Tanger : DEPASSER LES CHOCS, ATTEINDRE L’EMERGENCE

kagame paul president rwandais genocidePlacée sous le haut patronage du roi Mohammed VI, cette édition s’est ouverte mercredi, avec comme invité de marque le président rwandais Paul Kagamé

« Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ». Lorsqu’il prononce ces mots prêtés à un proverbe africain, l’ancien Premier ministre burkinabè, Youssouf Ouédraogo, ne pouvait voir derrière lui la toile servant de fond de scène trembler légèrement au souffle d’un vent léger, venant de la mer Méditerranée. Nous sommes sous un beau chapiteau, tout de blanc dressé, dans les jardins d’un prestigieux hôtel de la ville marocaine de Tanger, au cœur d’un forum qui a pris son envol il y a huit éditions, pensé et conduit par le think tank marocain de renom, l’Institut Amadeus.
On aurait donné « le vent » comme esprit ou thème de ce 8è forum qu’il n’y aurait rien à redire tant ce « vent », propre ou figuré, correspond au lieu et à la manifestation. Vent comme celui qui souffle sur les côtes méditerranéennes, entre l’Afrique et l’Europe et dont le Maroc veut être le baromètre des rapports historiques, économiques et diplomatiques. Vent comme celui de la co-émergence, cette notion développée par les centres stratégiques comme l’Institut Amadeus et qui priorise une vision d’exclusivité dans un monde où le co-développement est une alternative plus porteuse pour des partenaires qui se parlent. Vent comme celui des crises printanières qui secouent le monde arabe et des crises migratoires qui ont grossi dans leur sillage. Vent du retour au premier plan de la Russie à la faveur du bourbier syrien et qui, en partie, a favorisé le retour d’un autre géant du Moyen orient, l’Iran, sorti fort de son accord sur le nucléaire avec les puissances mondiales… Enfin le vent de la crise économique mondiale contrastant avec la croissance remarquable du continent africain contre … vents, marées, harmattans et moussons.
Tous ces vents doivent avoir leurs échos au 8è forum des Medays et les différentes sessions plénières, panels et rencontres d’affaires doivent en être le formidable terreau, afin de créer les meilleures synergies pour faire entendre la voix de l’Afrique dans le sud avec ses trois « A » ( Afrique, Amérique latine, Asie) qui cherchent encore leur voie. La première des sessions plénières a planché hier sur un thème évocateur : « l’émergence de l’Afrique : la dernière frontière de la croissance ». De l’ancien Premier ministre burkinabè, Youssouf Ouédraogo, aujourd’hui conseiller du président de la Banque africaine de développement (BAD), au Marocain Brahim Benjelloun, président de BMCE-Bank of Africa, en passant par Tutu Agyare, patron de Nubuke Investments Ltd et Hongjun Yu, vice-ministre au développement international et membre du Parti communiste chinois, tous pensent que cette frontière africaine peut être atteinte et reste la meilleure destination actuelle. Pour ces protagonistes, tout est là pour que l’Afrique réussisse son émergence avec ses propres acteurs et avec les investisseurs étrangers. Pour preuve, le Maroc qui accroit sa présence économique sur le continent entend être un leader bancaire en Afrique avec ses filiales dont la Banque marocaine du Commerce extérieur (BMCE), actionnaire majoritaire du groupe panafricain Bank of Africa. Cette banque, aux dires de son patron, est présente dans 30 pays africains et compte 12 500 employés.
Le représentant chinois a, lui, prôné le partenariat gagnant-gagnant de son pays avec l’Afrique où interviennent 2500 entreprises du pays de Mao Zédong. Autant d’investissements étrangers intra et extra africains (80 milliards de dollars pour l’Afrique) qui doivent impulser la croissance qui, aux dires de Youssouf Ouédraogo, a aussi besoin d’un leadership affirmé, de la transformation sur place des matières premières et d’une jeunesse bien éduquée et formée.

LE RWANDA ET SON PRESIDENT PRIMES : Le forum des MEDays qui se veut être le forum du sud, a l’habitude de réunir des anciens chefs d’état (le Péruvien Alejandro Toledo en 2011, le Polonais Lech Valesa en 2012 et le Malien Dioncounda Traoré en 2013), des Premiers ministres en exercice (le Zimbabwéen Morgan Tvangirai en 2011), une pléiade de ministres des Affaires étrangères des quatre coins du globe, de décideurs de gros calibre. Pour autant, sa 8è édition comptera parmi les plus réussies. Pour preuve : pour la première fois depuis 2008, ce grand rendez-vous de la géopolitique mondiale du continent accueille un chef d’État en exercice et non des moindres : le président rwandais Paul Kagamé. On peut donc facilement comprendre le bonheur du président de l’institut Amadeus, Brahim Fassi Fihri. «Avec la volonté des hommes et des peuples, il n’y a pas de nation maudite. Le président Paul Kagamé a fait de cela une réalité au Rwanda par la force de sa vision», a-t-il lancé à l’endroit de l’invité du forum qui a reçu, quelques instants plus yard, le grand prix Medays 2015. Ce prix récompense l’œuvre accomplie par le dirigeant rwandais qui a fait de son pays, un pays émergent sur le continent et dont le modèle séduit dans les autres parties du monde. Toujours égal à lui-même, sobre dans le regard et la démarche, Paul Kagamé a surtout salué les ambitions de l’institut Amadeus et le royaume chérifien. « Ce pays est bien plus qu’un pont, c’est un pays au cœur du continent, un pays plein d’histoire, qui a fait face à la négation coloniale comme le reste de l’Afrique. Malgré tout, ce pays a gardé son identité. Nous sommes prêts à accueillir toutes les initiatives marocaines en matière d’investissement et il n’y aura pas besoin de visa pour cela », a indiqué le dirigeant rwandais. Paul Kagamé a aussi évoqué la crise migratoire dont l’Afrique est actrice. « Les crises liées à la santé, l’émigration, les extrémismes religieux n’ont pas eu une réponse mondiale coordonnée. Cela a contribué à exacerber le pessimisme quant à l’avenir…Si le Sud a un message au Nord, c’est que nous devons travailler ensemble et trouver des solutions communes », a-t-il dit. Le signal est donc plus que renforcé pour un partenariat inter-Etats au service de l’émergence de l’Afrique. Les États africains devraient reprendre au vol le proverbe africain cité au cours de la soirée d’ouverture des MEDays 2015 par cet autre invité de marque, le vice-président chinois Ma Biao : « Seul on va vite, ensemble on va loin ».
Cinq jours de débats entre sessions plénières et panels avec 150 intervenants de divers secteurs, la sécurité sera au cœur du débat géopolitique. Une session dans l’après-midi d’hier a certainement attiré l’attention des observateurs de la sécurité en Afrique. Elle traitait du thème : « remodeler la sécurité en Afrique : comment améliorer la stabilité sur le continent ». Les anciens Premiers ministres du Kenya, Raila Odinga, et du Mali, Moussa Mara, les représentants spéciaux du secrétaire général des Nations unies en Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, et au Mali, Hamdi Mongi, étaient, entre autres, tout désignés pour y apporter les réponses idoines.
Correspondance particulière
Alassane SOULEYMANE

source : Essor

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance