Au moment où les leaders de la Coordination des associations et ONG féminines du Mali (Cafo) s’entredéchirèrent, le gouvernement a choisi la Fédération nationale des femmes rurales comme son interlocutrice à la célébration de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.
Pour la deuxième fois consécutive, la Cafo est écartée de l’organisation de la journée internationale des droits des femmes. Si le gouvernement a décentralisé l’année dernière la célébration du 8 mars juste pour ne pas s’interférer dans la guerre de clan qui secoue la faitière des organisations féminines du Mali depuis deux ans, tel n’a pas été le cas cette année. Il s’en est passé de la Cafo.
A travers le ministère de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, le gouvernement a choisi une nouvelle interlocutrice. Il s’agit de la Fédération nationale des femmes rurales. Sa présidente, Niakaté Goundo Kamissoko, s’est adressée pour la première fois au président de la République et aux partenaires du Mali à l’occasion de la journée des droits des femmes.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Depuis la nomination de l’éternelle présidente de la Cafo, ministre de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, le 11 avril 2017, le démon de la division a encore frappé à la porte de la faitière des femmes. Traoré Oumou Touré, puisqu’il s’agit d’elle, a piétiné le règlement intérieur de l’organisation pour imposer une complice comme présidente intérimaire.
En violation de l’article 29 du règlement intérieur de la Cafo, Fatoumatou Sissoko, qui occupait le poste de secrétaire aux finances, sixième héritière de la présidente, est bombardée à la tête de la Cafo en lieu et place de la secrétaire générale.
“La secrétaire générale remplace la présidente en cas d’absence ou d’empêchement par ordre de préséance”, impose l’article indiqué du règlement intérieur de la Cafo.
Une secrétaire générale déserteuse
Mme Dembélé Oulématou Sow, devrait légitimement occuper la présidence de l’organisation après le départ de Oumou Touré. Mais, force est de reconnaître qu’elle n’était plus membre active de la Cafo. Elle avait même abandonné son bureau depuis plusieurs années, selon ses concurrentes. Mieux, celle qui s’est toujours apposé à Oumou Touré a lancé en février 2009, la Fédération nationale des collectifs des organisations féminines du Mali (Fénacof-Mali). Une fédération qui a pratiquement les mêmes missions que la Cafo.
Après le départ de son adversaire, Mme Dembélé a signé son retour à la Cafo. Le 30 décembre 2017, avec d’autres membres du bureau exécutif, elle a organisé une assemblée générale extraordinaire à l’issu de laquelle elle a été élue présidente de l’organisation.
Début d’un feuilleton judiciaire
L’Assemblée du 30 décembre a été organisé sur recommandation du tribunal de la Commune III devant lequel les dissidents du bureau exécutif avaient porté l’affaire avec comme motifs principaux la fin du mandat de Oumou Touré depuis 2013 et la violation du règlementaire intérieur avec la désignation d’une autre que la secrétaire générale comme présidente de la transition.
Le 18 février, “la présidente intérimaire” a attaqué devant le même tribunal, l’assemblée extraordinaire qui a propulsé Oulématou Sow à la tête de la Cafo. Dans son verdict rendu le 23 février 2018, le tribunal a déclaré irrecevable la demande de Fatoumata Sissoko. Oulématou est ainsi confirmée présidente. Mais la protégée de Oumou Touré ne lâche rien. Ainsi, l’affaire s’est retrouvée devant la Cour d’appel de Bamako. Fatoumata Sissoko aura gain de cause le 16 janvier 2019 par un verdict de la Cour d’appel. Dans son délibéré, la Cour d’appel a infirmé le jugement du tribunal de la Commune III qui a reconnu la légitimité de Oulématou Sow et invalidé l’assemblée du 30 décembre 2017. “Par conséquent, nulles et non avenues toutes ses décisions qui y sont issues”, a statué la Cour.
Dans les colonnes de nos confrères du Pays du 17 janvier, le camp Oulématou Sow promet d’interjeter un appel au niveau de la Cour suprême. “Le dossier n’est pas clos. Nous allons faire appel au niveau de la Cour suprême. Le droit sera dit là-bas”, a laissé entendre l’assistant de l’avocat du camp perdant dans Le Pays.
En attendant la fin de la procédure judiciaire, la Fédération des femmes rurales monte sur le podium.
Maliki Diallo
Par L’Indicateur du Renouveau