Violences conjugales, difficultés d’accès aux soins, sous représentativité dans les instances de décision, le tableau brossant la situation de la femme malienne est peu reluisant. C’est dans ce contexte qu’est célébrée aujourd’hui la journée internationale de la femme. Pour certaines féministes, l’émancipation de la femme au Mali est encore longue et parsemé d’embûches. Même si elles reconnaissent que des efforts ont été faits.
Sur un gouvernement de 35 ministres, seulement 8 sont des femmes, soit 22%. Dans l’assemblée nationale qui compte 147 députés, il n’y a que 14 femmes, soit moins de 9%. Pourtant, depuis décembre 2015 une loi prévoit au Mali, d’attribuer 30% aux femmes dans les postes nominatifs et électifs. Mais ce texte n’a jamais été appliqué.
Outre cette difficulté, les femmes doivent également lutter pour la préservation de certains droits tels que l’accès aux services de santé où aux terres cultivables. Dans certaines régions du pays, les femmes doivent parcourir des centaines de kilomètres pour aller accoucher dans des conditions difficiles : route dégradée, insécurité, moyens de transport inadéquats, entre autres. D’autres sont régulièrement victimes de spoliation au profit de promoteurs immobiliers ou industriels.
Les cas de violences contre les femmes, notamment les violences conjugales, sont de plus en plus récurrentes dans le pays. En trois ans, trois femmes ont été tuées par leurs conjoints à Bamako. L’association pour la promotion des droits de la femme, affirme avoir reçu de janvier à décembre 2017, près de 300 dossiers des femmes et filles victimes de violence. Dans le nord et le centre du pays, ces violences sont de plusieurs formes : Viol, flagellation, agression, assassinat, entre autres.
En plus de leur faible représentativité dans les instances de décision, « les femmes ont été oubliées dans le processus de paix », déplore le collectif des femmes leaders. Selon Fadima Maïga, porte parole du collectif, les femmes sont représentées à moins de 2%, dans les instances du processus de paix.
Fadima Maïga, porte-parole du Collectif des femmes leaders. Elle était l’un des invités de l’émission « Le Grand Dialogue » d’hier :
Pour certaines femmes au Mali la célébration du 8 mars doit « rompre d’avec le folklore et le tapage médiatique ». Selon elles, cette date doit être l’occasion de questionner véritablement la condition de la Femme malienne et engager la réflexion sur son épanouissement.
Pr Rokia Sanogo, professeur, chercheur à l’École de Médecine de Bamako
studiotamani