Le 8 mars est consacré par les Nations unies pour célébrer la 43è Journée internationale de la femme. Au Mali, en solidarité avec les épouses des militaires, le thème retenu est : « 08 mars 2020, soutien aux FAMa ». Au-delà du folklore, il s’agit surtout de faire le bilan des avancées et des manquements dans le processus d’émancipation des femmes.
C’est pourquoi, cet évènement ne doit pas occulter les souffrances des femmes victimes des violences basées sur le genre (VBG), avec des chiffres inquiétants.
Le 8 mars 1977, reprenant l’initiative communiste et à la suite de l’année internationale des femmes de 1975, l’Organisation des Nations unies adopte une résolution enjoignant à ses pays membres de célébrer une « Journée des Nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale », plus communément appelée le 8 mars, ou Journée internationale de la femme. C’est une journée internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes. Au plan mondial, l’a 2020 de la Journée internationale des femmes a pour thème : Je suis de la génération égalité : Levez-vous pour les droits des femmes ». Ce thème coïncide avec la nouvelle campagne plurigénérationnelle d’ONU Femmes, génération égalité, qui marque le 25è anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Adopté en 1995 lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing, en Chine, le Programme d’action est considéré comme la feuille de route la plus progressiste en matière d’autonomisation des femmes et des filles partout dans le monde. Elle cadre parfaitement avec la situation des femmes du nord et du centre, en proie aux attaques terroristes et au conflit armé. Beaucoup d’entre elles, loin de leurs camardes des villes, sont à la merci des hommes sans loi ni foi. En effet, l’Organisation mondiale de la santé définit les violences basées sur le genre comme la menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages. Au Mali, entre janvier et août 2019, les incidents de VBG ont connu une augmentation de 57% par rapport à la même période en 2018. Pour l’année 2019, 2143 cas de VBG ont été rapportés par le système de gestion d’information lié aux Violences basées sur le genre, dont 98% sont des femmes et filles. Selon cette étude, les données secondaires collectées auprès des structures, notamment des centres de santé, des associations féminines, des commissariats de police font état de 470 incidents de VBG, dont 100% sont des femmes et filles. La faible présence des institutions de gouvernance, politiques et administratives, constitue des ouvertures à un nouveau type de conflit, cultivant les violences au sein des différentes communautés. Ces conflits affectent de manière profonde les diverses composantes de la société. Les femmes, les jeunes et les enfants en sont les principales victimes. A ce titre, 2020 doit être une année charnière dans la promotion de l’égalité des sexes dans le monde. Et pour cause, en dépit de certains progrès, la situation de la plupart des femmes et des filles dans le monde évolue lentement. Aucun pays n’est en mesure, à ce jour, d’affirmer avoir atteint l’égalité des sexes. Les nombreux obstacles rencontrés tant sur le plan juridique que sur le plan culturel semblent immuables. Les femmes et les filles restent sous-évaluées, elles travaillent plus et gagnent moins, avec des perspectives plus limitées. Elles subissent des formes diverses de violence chez elles et dans les lieux publics. Si rien n’est fait, un recul des avancées en matière de protection de la Femme, durement acquises, est à craindre.
Jean Goïta
Source: la Lettre du Peuple- Mali