Alors que le pays a célébré le 59ème anniversaire de son indépendance ce dimanche 22 septembre, les Maliens continuent de crever de faim. Pourtant, le Mali dispose de suffisamment de ressources naturelles pour conjurer un tel sort. Les raisons dans notre analyse.
La couleur « or » de notre drapeau national, donnée à la deuxième bande verticale, représente cette matière précieuse que recèle le sous-sol du Mali, en plus d’autres ressources minières potentielles. La couleur or témoigne donc de la conscience qu’avaient les premiers responsables maliens de ce patrimoine qui est la nôtre et qu’ils entendent défendre à tout prix. Que s’est-il passé ? Ils ont tout simplement été éliminés, physiquement ou politiquement, par la France.
Si nos décideurs politiques actuels ne prennent pas l’initiative d’exploiter nos ressources minières dans les prochaines décennies, d’autres nations viendront, de gré ou de force, les exploiter à leur profit. Car au 21ème siècle, « il n’est plus possible que des matières premières continuent à dormir, sous prétexte que leur exploitation bouleverserait le mode de vie de ceux qui ont la chance de vivre où elles se trouvent ».
Les ressources naturelles ne sont que des potentialités qu’il faut transformer pour en faire des richesses. Mais ces richesses ne peuvent être facteurs de développement que par l’usage que l’on en fait. Il est important de souligner qu’avant l’usage, il y a la participation des populations dans le processus de production. Cet aspect capital échappe aujourd’hui aux Maliens. Nous avons des entreprises de production d’or ou de construction des infrastructures “clés en main” à la place des entreprises “clés en tête”. Après 59 ans d’indépendance, où sont les entreprises maliennes de BTP, d’exploitation industrielle de l’or, du ciment et autres matériaux de construction, de transformation de nos produits agricoles ? Il y en a très peu ou pas du tout quand on sait que celles qui existent arrivent à peine à fonctionner.
Le secteur minier malien au niveau étatique se caractérise comme suit : l’absence de vision, de stratégie, de volonté politique. Sinon comment expliquer que depuis près de 30 ans :
1- l’État se contente de 20% de participation dans le capital des sociétés aurifères. Ce taux a été imposé au Mali par la SFI au montage de la Semos (Sadiola). Si cela pouvait être tolérable il y a 20 ans, il n’est pas admissible que ça continue de nos jours ;
2- l’absence d’impact sur le développement local :
– Route Kayes – Sadiola-Kéniéba,
– État des infrastructures sanitaires, d’éducation à Kéniéba, Morila, Kadiolo.
– la mauvaise affectation des recettes prélevées sur les sociétés minières.
Prenons un seul exemple : le Mali aurait boosté la prospection minière si la dime (2,5%) des 250 à 350 milliards de recettes sur les sociétés minières par an soit 6,250 à 7,500 milliards étaient affectée à la Dngm (Direction nationale de la géologie et des mines) pour la recherche minière. Pour cela, les fonds seront débloqués en fonction de la qualité des projets de recherches soumis à l’approbation des décideurs et renouvelés en fonction des résultats obtenus.
Sambou Sissoko
Source: Le Démocrate