L’eau en sachets plastique se consomme désormais à grande échelle à Bamako et dans les capitales régionales. Les vendeurs sont aperçus dans tous les coins et recoins.
Bon nombre de personnes s’arrêtent dans les rues pour se désaltérer. Elle est consommée par toutes les catégories de personnes. Malgré cela, il s’agit, très souvent, de produits d’origine douteuse. Les fournisseurs, en majorité, se ravitaillent auprès de sources, de puits mal entretenus ou ce qui tient lieu de forages.
En effet, très peu de marques reçoivent un traitement approprié à l’usine de fabrication. Elles sont même souvent emballées dans des conditions d’hygiène intolérables.
On aura donc vite compris que certaines eaux vendues en sachets sont loin d’offrir toutes les garanties d’une eau salubre. Elles sont impropres à la consommation de par leur provenance ou de par le manque d’hygiène lors de leur conditionnement (contenants souillés, mains sales, poussières). De plus la qualité de l’eau en sachet se dégrade rapidement (lumière, température, exposition au soleil, etc.).
Dans un reportage diffusé sur l’ORTM, le laboratoire national de la santé alerte sur la qualité de ces eaux « dangereuses ». Dans son rapport 2022, ledit laboratoire révèle que 50% des eaux en sachet analysées contient des bactéries. Autrement dit, 50 % des eaux sont non conformes par rapport la qualité bactériologique. Cela sous-entend que les risques bactériens, à grande échelle par la consommation d’eaux en sachets, sont bel et bien là. Malgré le rapport qui incrimine, la production et la commercialisation de l’eau en sachet, la commercialisation des eaux dangereuses continue de prospérer au nez et à la barbe des pouvoirs publics.
Les spécialistes l’ont toujours dit. A maintes reprises, ils ont interpellé les autorités sur la dangerosité des eaux en sachets plastiques, mais rien ne fut fait. Que fait l’Agence nationale de la sécurité sanitaire des aliments (ANSSA) censée garantir aux populations une alimentation saine et sans danger ? Surtout, il est dit que « les sachets exposés au soleil ou à une chaleur très élevée entrainent une détérioration de la matière plastique. Cette matière plastique à terme induit une dose élevée de phénol et dans une moindre mesure du bisphénol ».
Pour un autre spécialiste « le plastique générerait du bisphénol et qui perturberait le système endocrinien (les hormones) et cela minerait l’œstrogène. A partir de ce moment, ça pose un problème de reproduction. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes ont des problèmes de reproduction qui pourraient tirer leurs origines des sachets plastiques que l’on utilise pour conserver de l’eau dans des températures de 40 à 50 degrés où il y a une détérioration ».
Pour éviter tout amalgame, il faudrait que le laboratoire national de santé publique et les ministères de l’Environnement et du Commerce puissent publier la liste des eaux qui posent problème.
Mohamed Keita