Un travail considérable a été abattu sous la présidence malienne. Il faut maintenant améliorer les mécanismes de coordination mis en place
Les travaux de la 4e réunion de la Plateforme ministérielle de coordination des stratégies Sahel ont débuté hier dans notre capitale. La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre des Affaires Etrangères, président en exercice de la Plateforme, Abdoulaye Diop. C’était en présence du haut représentant de l’Union africaine pour le Sahel et le Mali (Misahel), Pierre Buyoya, de l’envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahel, Mme Hiroute Guebré Sellassié, ainsi que des représentants des pays, organisations internationales et institutions financières membres de la Plateforme.
La réunion doit faire le point des activités du secrétariat technique (ST) et des groupes thématiques (GT) mis en place lors de la troisième réunion ministérielle. Au cours de la rencontre seront aussi présentés les rapports des quatre groupes (Gouvernance, Sécurité, Résilience et Développement). L’autre moment fort de la présente rencontre est certainement la présentation de la cartographie des stratégies Sahel. Cette réunion devra donc permettre d’adopter les rapports cités plus haut. A l’issue des travaux, les GT seront aussi dotés des plans de travail ou feuilles de route.
Pour rappel, la Plateforme ministérielle a été mise en place en marge d’une visite de haut niveau du Secrétaire général des Nations unies et de la présidente de la Commission de l’Union africaine dans les régions du Sahel en novembre 2013. L’ambition qu’elle s’est donnée est d’assurer la coordination et la cohérence tout en créant des synergies dans la mise en œuvre des différentes initiatives et stratégies pour le Sahel. Cela afin d’éviter les duplications et d’orienter les interventions vers les domaines jugés prioritaires par les Etats de la Région.
Le rapport du secrétariat technique qui sera présenté lors de la rencontre couvre les activités du ST (coprésidé par l’Organisation des nations unies et l’Union africaine) depuis la troisième réunion de la Plateforme ministérielle (PMC). Il s’articule autour des activités liées au fonctionnement du secrétariat et de celles liées à l’appui apporté par lui à la PMC et aux quatre GT.
Il est importe de souligner que conformément à son engagement pris lors de la 3e réunion de la PMC, notre gouvernement a mis à la disposition du ST durant le premier trimestre de cette année des locaux équipés. Le rapport indique que le Secrétariat a aidé les GT à organiser trois réunions spécifiques au cours desquelles les membres de ST et la présidence de la PMC ont traité entre autres de l’opérationnalisation des GT ainsi que de la préparation et de l’adoption des modalités de fonctionnement des Groupes. S’y ajoute l’approfondissement de la cartographie sectorielle des stratégies Sahel.
Les travaux des GT ont été, de leur côté, lancés en mars dernier et se poursuivent avec assiduité afin d’améliorer les mécanismes de coordination. L’objectif global des Groupes est de permettre dans leurs domaines respectifs, une coordination effective de la mise en œuvre des stratégies et initiatives pour le Sahel. Composé des représentants des Etats du Sahel, des organisations membres du ST ainsi que des Etats et des organisation régionales et internationales œuvrant dans le Sahel, chaque GT est coordonné par un Etat du Sahel soutenu par deux institutions multilatérales qui en sont les co-rapporteurs. Il comprend des membres étatiques et non étatiques.
COORDINATION ET MISE EN COHÉRENCE. Pour Pierre Buyoya, l’actuelle réunion permettra de faire un bilan en vue de mieux dégager les perspectives. Le patron de Misahel a souligné que les deux dernières années ont été marquées dans le Sahel par un contexte sécuritaire globalement meurtrier. Il s’est inquiété de la recrudescence des actes terroristes, des trafics en tous genres et de la prévalence de la criminalité transfrontalière organisée. La situation est encore aggravée par les attaques sporadiques, mais persistantes au Nord de notre pays, par les exactions du groupe Boko Haram au Nigéria et au Cameroun et par la situation d’instabilité généralisée en Libye.
A ces préoccupations d’ordre sécuritaire, il faut ajouter la crise socio-économique représentée par la propagation de la maladie à virus Ebola qui constitue une menace sérieuse pour plusieurs pays de la région ouest-africaine, y compris ceux du Sahel. Le haut représentant de l’UA s’est par contre réjoui du succès des pourparlers inter-maliens ainsi que les efforts faits par la PMC sous la présidence malienne pour l’opérationnalisation des GT. Ce qui a permis de rendre fonctionnels les coordinateurs nationaux des quatre GT, coordinateurs fournis par le Burkina, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Mali. S’y ajoute l’élaboration des notes de cadrage des différents GT accompagnées de feuilles de route et d’un programme de travail pour chaque groupe.
Le numéro un de Misahel a souhaité que soit maintenu le rythme de travail actuel afin d’atteindre les résultats concrets escomptés en matière de coordination et de mise en cohérence des différentes stratégies et initiatives pour la région et pour les populations du Sahel. Car, a commenté pierre Buyoya, malgré les résultats fort encourageants obtenus, il reste encore du chemin à faire. L’année prochaine devrait voir les GT devenus opérationnels faire des rapports permettant de commencer les travaux de coordination. Relever les défis qui se posent aux régions du Sahel exige en effet que celles-ci continuent à conjuguer leurs efforts afin de faire face aux menaces et de bien en gérer les conséquences politiques, humaines, sociales et économiques.
Abdoulaye Diop, qui a rendu lui aussi hommage au travail abattu par la PMC sous la présidence malienne, a indiqué qu’il s’agit maintenant d’assurer la durabilité des efforts dans le traitement des défis du Sahel. Il faut surtout maintenir l’attention sur les plus importants défis de la région. Cela en facilitant la convergence de points de vue sur les priorités dans les initiatives régionales du Sahel. Le ministre insistera sur le suivi des progrès et des réalisations, notamment à travers la coordination du soutien de la communauté internationale. Le chef de la diplomatie malienne a par ailleurs appelé à une meilleure mobilisation des ressources et des énergies en vue de répondre efficacement aux besoins à long terme de la région du Sahel dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, du développement et de l’humanitaire.
Il faut souligner que la Plateforme est dotée d’une présidence tournante assumée par un Etat du Sahel désigné pour un mandat de 2 ans. La présidence qui s’achève a été assurée par notre pays.
M. A. Traoré
source : Essor