A l’occasion du dialogue interactif sur la situation des Droits de l’Homme au Mali, S.E.M Mamadou Henri Konaté, Ambassadeur et représentant permanent du Mali à Genève (suisse) a défendu les couleurs de son pays, lors de la 46ème session du Conseil des Droits de l’Homme à Genève.
Dans une déclaration ponctuée de reconnaissance et d’appel au soutien, S.E.M Mamadou Henri Konaté a tout d’abord félicité le présent dialogue interactif qui consistera à renforcer l’efficacité du Conseil des droits de l’Homme, malgré un contexte sanitaire particulièrement difficile. De suite il dira que lui et sa délégation ont pris note des commentaires et recommandations issus du fameux rapport de Monsieur Alioune Tine, Expert indépendant sur la situation des droits de l’Homme au Mali.
« Je voudrais, à présent, partager avec vous quelques informations sur la situation des droits de l’Homme au Mali et faire quelques commentaires sur ledit rapport élaboré, comme vous le savez, dans une conjoncture qui n’a pas permis à l’Expert indépendant de visiter le Mali durant la période de référence. Nous espérons que le prochain rapport verra le jour dans des conditions bien meilleures, » affirme-t-il. Pour lui, malgré le contexte sécuritaire, la question des droits de l’homme au Mali est prise en compte par les autorités. « Il est toutefois indéniable aujourd’hui, que le pays rencontre de réelles difficultés et des contraintes de tous ordres, en lien avec sa situation sécuritaire et le contexte de lutte contre le terrorisme. En dépit de cela, il reste déterminé à respecter et à faire respecter les droits de l’Homme sur l’ensemble de son territoire. C’est un défi qu’il a à cœur de relever pour peu qu’il bénéficie d’un accompagnement accru et d’une meilleure compréhension de la communauté internationale. »
Cependant, S.E.M Mamadou Henri Konaté n’a pas caché son inquiétude face à la crise sécuritaire qui sévit dans les régions de Ségou et Mopti où le respect des droits de l’homme connait des difficultés
« S’agissant de la situation dans les régions du centre du Mali, elle reste malheureusement marquée par la poursuite des activités criminelles des groupes terroristes qui continuent d’attiser les violences intercommunautaires dont l’impact sur les populations civiles demeure une source de préoccupation. C’est pourquoi, le Gouvernement multiplie les initiatives visant à renforcer la cohésion et l’entente nationales avec l’implication des notabilités traditionnelles et d’autres bonnes volontés, afin de favoriser un dialogue direct entre les différentes communautés, tout en renforçant la sécurité et la protection des civils et de leurs biens. La mise en place des Comités communaux de réconciliation procède de cette volonté de résoudre la difficile équation des violences intra et intercommunautaires». Il dira que la dimension de la justice dans une crise comme celle que vit le Mali n’est plus à démontrer. A cet égard, les progrès enregistrés en matière de justice transitionnelle sont encourageants, s’exprime-t-il. M. Konaté ajoute, « Il est heureux de constater qu’à ce jour, la Commission vérité, justice et réconciliation a recueilli plus de 19 800 témoignages de victimes dans plusieurs régions du Mali. » Il rappelle également que cette commission a tenu deux audiences publiques et qu’une troisième est attendue pour le 27 mars courant.
Par ailleurs, S.E.M Konaté explique que les juridictions nationales compétentes jouent, non sans difficultés, leur partition pour briser la chaîne de l’impunité dans des affaires de violations présumées des droits de l’Homme impliquant des acteurs étatiques comme non-étatiques
A ce titre il déclare, « S’agissant des acteurs étatiques, plus d’une dizaine d’affaires impliquant des éléments des forces de défense et de sécurité maliennes en opération sont en instruction devant les Tribunaux militaires de Mopti et de Bamako. cela suite à des allégations de violations des droits de l’Homme dans les localités de Boulkeissi (Douentza), Nantaka (Mopti), Doma (Bandiagara), Malémana (Tenenkou), Diabali, Sokolo (Niono) et de Massabougou (Macina), pour ne citer que celles-ci. C’est la preuve que la lutte contre le terrorisme ne saurait justifier la commission d’actes répréhensibles. Pour ce qui est des violations des droits de l’Homme commises par les acteurs non étatiques, des poursuites judiciaires ont été engagées par le Pôle Judiciaire Spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, concernant les exactions commises dans les localités de Yorou, de Ganganfani, d’Ogossagou, à deux reprises, et de Sobane Da. A ce jour, une vingtaine de personnes se trouvent détenues dans le cadre des procédures d’Ogossagou et de Sobane-Da».
Toutefois, S.E.M Mamadou Henri Konaté dira que les procédures judicaires souffrent de certaines lenteurs en raison notamment de difficultés liées à l’insécurité, de l’absence des services publics compétents dans certaines localités
Par ailleurs, en ce qui concerne la problématique d’esclavage au Mali, il dira « sur la question des atteintes aux droits à travers les formes contemporaines d’esclavage, plus d’une trentaine de personnes ont été placées sous mandat de dépôt par le Tribunal d’Instance de Nioro du Sahel pour assassinat et discrimination à caractère ethnique». S.E.M Mamadou Konaté affirme que le Gouvernement du Mali réaffirme sa ferme volonté de poursuivre sa coopération avec tous les mécanismes des droits de l’Homme. Pour clore ses propos, il ajoute que les autorités maliennes appellent à une intensification des efforts et des synergies afin que la crise malienne ne prenne des proportions plus larges susceptibles de compromettre la sécurité internationale.
Oumar ONGOIBA
Source : Le Soir De Bamako