Trente-trois jours après la signature à Ouagadougou de l’Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers de paix entre le gouvernement malien et des groupes armés, des représentants des deux groupes rebelles touareg (MNLA et HCUA) ont été reçus dimanche soir à Bamako par le président de transition, Dioncounda Traoré.
Alors que la situation reste tendue sur le terrain à Kidal, Bamako a reçu une délégation des deux principaux groupes armés signataires de l’Accord de Ouagadougou. Les représentants du MNLA et du HCUA ont été reçus hier dimanche 21 juillet 2013 à la résidence présidentielle par le chef de l’Etat par intérim, Dioncounda Traoré. Si du côté du gouvernement malien, aucune déclaration n’a été faite au sortir de cette audience, le représentant du MNLA, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh a déclaré que cette rencontre entre dans le cadre de l’application de l’Accord préliminaire de Ouagadougou en attendant l’accord définitif de paix.
Cette rencontre des bandits armés avec le chef de l’Etat par intérim au nom de la réconciliation et du dialogue national ne manquera pas de susciter des réactions au sein de l’opinion publique nationale. Pour beaucoup de Maliens de telles rencontres peuvent mettre un plomb dans les ailes des actions judiciaires engagées contre ceux qui sont visés par des mandats d’arrêts internationaux pour avoir agressé le Mali.
Il faut rappeler que la délégation des rebelles touareg comprenait quatre membres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et trois du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). La rencontre qui a débuté vers 17H30 (locales et GMT) à la résidence du président Traoré a continué dans la soirée où les deux parties ont finalement rompu le jeûne et accompli la prière du crépuscule (Fitr) ensemble.
Parmi les membres du MNLA, figure Ibrahim Ag Mahmoud Assaleh, et parmi ceux du HCUA, Ahmada Ag Bibi, tous deux sont visés par des mandats d’arrêt internationaux lancés par la justice malienne, qui accusait notamment de « sédition » plusieurs membres de ces groupes armés touareg.
Les autres délégués touaregs reçus étaient Moussa Ag Acharatoumane, Mohamed Zeïni Maïga et Ambeiri Ag Rhissa pour le MNLA, ainsi que Redouane Ag Mohamed Aly et Intalla Ag Assaid pour le HCUA.
On se demande qui du gouvernement d Mali et des groupes rebelles est demandeur d’une telle rencontre ? Comment des gens visés par des recherchés puissent fouler le sol bamakois sans être inquiétés ? Il faut rappeler que les rebelles touareg perdent de plus en plus le terrain au profit de l’armée qui, selon de sources concordantes, mène des patrouilles dans la ville de Kidal. La présence de l’armée et de l’administration maliennes, refusée pendant longtemps par ces groupes rebelles, redevient une réalité après la signature, le 18 juin à Ouagadougou, de l’accord avec le gouvernement et le duo MNLA/HCUA.
Les prises d’otage entreprises par les hommes du MNLA n’a pas aussi été encouragée par l’armée malienne et les forces internationales présentes sur place. Les agents électoraux enlevés récemment dans la région de Kidal ont tous recouvré leur liberté. Et Bamako garde espoir que l’élection se tiendra à Kidal comme partout sur le territoire national. Mais d’ici à là une adresse du chef de l’Etat sur cette visite pourra bien édifier les Maliens. Sinon le porte-parole du MNLA est bien habitué à travestir les réalités des faits. Ibrahim Ag Mohamed Assaleh a bien l’habitude de dire à la presse malienne à Ouagadougou qu’il ne voit pas de différence entre l’Azawad, le Wassoulou et le Kénédougou…, avant de nier catégoriquement lorsque les siens l’ont interpellé.
Markatié Daou