Sous la présidence du Premier Ministre Dr Boubou Cissé, la 24ème session de l’Espace d’Interpellation Démocratique s’est déroulée le mardi 10 décembre, au Centre International de Conférences de Bamako(CICB). Pour cette édition, 465 demandes d’interpellations ont été enregistrées, parmi lesquelles 246 ont été retenues. Le fait marquant de cette session 2019 de l’EID est le retour d’une même demande d’interpellation faite par les mêmes personnes au cours des précédentes sessions.
Des citoyens, certains en larmes, victimes d’injustice ou d’abus de pouvoir par des agents de l’Etat, des entreprises privées et des tierces personnes, se sont tour à tour exprimés.
En effet, l’espace d’Interpellation Démocratique est organisé par le bureau du Médiateur de la République pour commémorer la journée de la déclaration universelle des droits de l’homme chaque 10 décembre.
Cette 24ème session de l’EID avait comme invité spécial, M. Aguibou Bouaré président de la Commission Nationale des Droits de l’homme(CNDH). Aussi, elle a enregistré la présence des présidents des Institutions et des membres du Gouvernement.
« Cet espace où le Gouvernement se soumet aux interpellations des gouvernés est un exercice salutaire pour la jeune démocratie malienne, à l’image de laquelle il contribue à donner force et singularité » a déclaré le Médiateur de la République, Baba Hakib Haïdara.
Selon le Médiateur de la République, pour cette 24ème session, le secrétariat permanent de l’EID a enregistré 465 demandes d’interpellations, contre 454 en 2018. Parmi lesquelles il en a retenu 246 dont 38 dossiers pour lecture en public et 208 dossiers pour suite à donner par les départements ministériels concernés. « Les 219 dossiers restants n’ont pas été retenus pour défaut de conformité avec les critères définis par le règlement intérieur de l’EID » a-t-il précisé.
Dans le même ordre d’idées, Baba Hakib, s’est réjoui de la nette croissance de la participation des populations aux sessions de l’EID durant ces cinq dernières années, passant de 206 demandes d’interpellations en 2015 à 234 en 2016 et 290 en 2017 puis 454 en 2018 et 465 pour cette année.
D’après le Médiateur Haïdara, en ces mêmes années, il a été enregistré des taux respectifs en provenance des régions de 60% en 2015, 56% en 2016, 60% en 2017, 80% en 2018 et 67% en 2019, cela malgré l’état d’insécurité dans les régions du nord et du centre du pays. « Nous avons enregistré, pour cette 24ème session, seulement 4 demandes d’interpellations des Maliens de la diaspora » a-t-il-regretté.
Quant au président de la CNDH, il dira que la session 2019 de l’EID se tient à un moment où le Mali fait face à une guerre asymétrique imposée par les forces obscurantistes ayant perdu toute humanité, ignorant par conséquence tout sens de la dignité humaine.
Pour M.Bouaré, le retard dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger causant le non-retour des services sociaux de base dans les zones dont l’accès est interdit à l’Etat central , prive les populations qui y résident de leurs droits fondamentaux, notamment le droit à la santé, à l’éducation. «Il est temps que ces abus et violations des droits cessent par la présence effective de l’Etat sur toute l’étendue du territoire malien »a exprimé le président de la CNDH.
En outre, le président de CNDH a salué les efforts du Gouvernement sur le théâtre des violations des droits de l’homme à travers la distribution de vivres aux rescapés des violences, la réalisation des infrastructures de sécurité, la construction ou la réhabilitation des palais de justice et des prisons.
« Ces efforts sont sans doute à compléter par l’adoption et la mise en œuvre de mesures sécuritaires adéquates permettant le retour de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national avec comme finalité l’exercice de son pouvoir régalien de protection des personnes et de leurs biens » a-t-il précisé.
Par ailleurs, le président Bouaré a invité les autorités à renforcer le processus de montée en puissance des FAMAs. De même, il a exhorté la communauté internationale de s’impliquer davantage auprès des FAMA dans la lutte contre le terrorisme en veillant scrupuleusement à la protection des personnes et de leurs biens.
Avant de terminer, il a invité les plus hautes autorités à une prise en charge rigoureuse à travers l’adoption d’une loi incriminant l’esclavage et les pratiques assimilées.
Par Jean Joseph Konaté
Source: Le Sursaut