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23e édition du Forum de Bamako: le triptyque développement local, sécurité et paix en débat

«Développement local comme facteur de paix et de sécurité», c’est la problématique au cœur de la 23e édition du forum de Bamako qui a ouvert ses portes, hier jeudi 18 mai, à l’hôtel Salam. La cérémonie d’ouverture de l’événement était présidée par le ministre délégué chargé de l’Élevage et de la pêche, Youba BA, représentant le Premier ministre ; en présence du président de la Fondation Forum de Bamako, Abdoullah COULIBALY ; des Ambassadeurs accrédités au Mali ; des personnalités maliennes et étrangères et des délégations venues à travers le monde.

L’objectif général de cette rencontre de haut niveau est d’approfondir le débat sur le triptyque « développement local, la sécurité et la paix » à la lumière des expériences menées en Afrique et ailleurs dans le monde. Le Forum permettra de fournir non seulement des données actualisées sur cette problématique, mais également de tirer les leçons et partager les expériences vécues ainsi que les politiques mises en œuvre à divers niveaux.
De manière spécifique, il s’agira de faire le point de la mise en œuvre des Agendas pertinents par rapport à cette problématique, en particulier l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 ; analyser les contraintes liées à la mise en œuvre des programmes de développement local, avec une attention particulière à l’impact de la COVID-19 sur les systèmes socio-économiques, culturels et politiques.
Aussi, il sera question de passer à revue certains questionnements pour trouver les voies et moyens de faire du développement local, un véritable outil en faveur de la sécurité et de la paix sur le continent.
Le développement local dans toute
sa splendeur
Dans ses mots de bienvenue, le président de la Fondation Forum de Bamako, Abdoullah COULIBALY, a affirmé que le développement local, la paix et la sécurité sont trois notions qui nous font rêver à une société harmonieuse où il fait bon vivre, où les citoyens voient leurs aspirations légitimes comblées.
« Dans tous les pays du monde entier, singulièrement en Afrique, au Sahel et au Mali, ce rêve a malheureusement du plomb dans l’aile. Bien entendu, il est hors de question, pour nous, de nous limiter à un tel redoutable constat. Quelles sont donc les perspectives d’avenir pour que le rêve soit réalité ? Que pouvons-nous faire pour que les choses changent et aillent dans la bonne direction ? », s’est interrogé M. COULIBALY.
Selon lui, ces interrogations seront au menu des discussions entre d’éminents participants venant d’Afrique et des quatre coins du monde, pour s’évertuer à partager leurs idées sur ces capitales et lancinantes interrogations afin de proposer des pistes de solutions qui vont servir à enrichir la réflexion chez les décideurs, ici au Mali, certes, mais aussi ailleurs en Afrique.
Le Président du Forum de Bamako a défini le développement local comme une dynamique économique et sociale, concertée et impulsée par des entités désignées sous l’appellation de « collectivités locales ». Il est ainsi perçu, ajoute-t-il, comme pouvant être générateur de sa propre dynamique de développement en puisant dans ses capacités d’initiatives et d’organisation.
« L’un des objectifs du développement local est, de ce fait, centré sur la mobilisation de toutes les potentialités d’une localité pour dynamiser les activités productives et améliorer le niveau de vie de ses propres citoyens », a affirmé Abdoullah COULIBALY.
Il a fait comprendre que le développement local reposait prioritairement sur l’exigence de participation, car elle suppose que les populations et autres organisations de base prennent une part active au processus de décision. Par conséquent, les moyens de financement du développement local doivent naturellement accompagner le processus.
Malheureusement, déplore l’initiateur du Forum de Bamako, souvent dans la réalité, on constate, l’insuffisance de capacités des acteurs locaux du développement et surtout le transfert logique des ressources financières qui ne suit guère.
Il a enfin fait comprendre que le développement local signifiait de donner aux citoyens la possibilité de maîtriser leur propre développement en apportant des solutions partagées à des problèmes existentiels concrets.
Forum de Bamako, une référence internationale
L’Ambassadeur du Sénégal au Mali, Birame Malick DIAGNE, a affirmé que le thème retenu pour cette 23e édition du Forum de Bamako était d’actualité. Il a salué le président de la Fondation forum de Bamako pour sa vision de pérenniser ce forum qui est devenu une référence internationale.
Le diplomate a souligné que cette édition se tenait dans un contexte sensible pour le Sahel avec la propagation des groupes terroristes. Parlant du thème, M. DIAGNE a déclaré qu’il faudrait l’implication des populations locales qui sont les mieux placées pour connaître les besoins réels.
Il a profité de l’occasion pour faire un plaidoyer en faveur du développement du corridor au niveau des frontières avec la mise en œuvre de projets d’avenir.
Madame l’Ambassadeur du Royaume de Suède, Christina KÜHNEL, a déclaré que cette édition se tenait au moment où plusieurs pays de la sous-région sont confrontés à l’insécurité, aux conflits, aux impacts des changements climatiques, à la pauvreté…
« Est-ce que le développement local peut aider à résoudre ces problèmes ou bien est-ce qu’il faut d’abord la sécurité pour assurer le développement », s’est interrogée madame l’Ambassadeur, avant de répondre que la paix et le développement vont de pair.
Elle a déclaré que le développement local, la paix et la sécurité faisaient partis des stratégies de son pays avant d’évoquer la gamme de programmes de développement diu Danemark dans plusieurs domaines et les initiatives dans la résolution des conflits avec l’accent sur les femmes et les jeunes.
Pour sa part, madame l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique, Rachna KORHONEN, a reconnu que le Mali ne manquait pas de ressources nationales pour le développement. Selon elle, il est temps d’utiliser les compétences pour le développement de toute la sous-région.
L’Ambassadeur des USA a affirmé que son pays était impatient de voir que les dirigeants de la transition prennent des mesures pour la mise en place d’un gouvernement civil.
Pour l’avènement d’un Mali de paix et de cohésion sociale, madame l’Ambassadeur a appelé les autorités et les populations à jouer leurs rôles.
Le Chef de la MINUSMA, El Ghassim WANE, a saisi l’occasion pour expliquer que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger contient plusieurs dispositions dont l’objet est précisément de favoriser le développement local et les initiatives de base. Ce faisant, dit-il, il s’agit tout autant de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité récurrente que connait cette partie du Mali que de préserver et conforter l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays.
« De même, la stratégie pour la stabilisation des régions du Centre lancée par le Premier ministre a Mopti, en mars dernier, fait-elle une large place à la valorisation des initiatives locales. L’objectif est clair : mobiliser toutes les énergies existantes pour restaurer durablement la paix et la réconciliation et promouvoir le développement dans cette région meurtrie par plusieurs années de violence », a rappelé El Ghassim WANE.
Dans sa conférence inaugurale, Alioune SALL a décortiqué les éléments constitutifs d’un développement local. Il s’agit de la démographie, de l’économie, les structures sociales et les conflits. Il a fait comprendre que le développement local n’exclut pas les conflits.
De ce fait, dit-il, toutes les sociétés doivent se protéger avec des valeurs.
« Toutes les sociétés connaissent des conflits et développent des mécanismes de gestion de ces conflits », a affirmé Alioune SALL.
Le conférencier a enfin souligné qu’il existait des exemples de développement local réussi et qu’il s’agissait de faire remonter ces exemples à l’échelle.
Le territoire comme chef d’orchestre du développement
Le représentant du Premier ministre, Youba BA, a souligné que le développement local fait du territoire le chef d’orchestre de son propre développement par la participation de la population en synergie avec les acteurs de l’écosystème.
Selon lui, cette 23e édition du Forum de Bamako va susciter la réflexion et l’analyse autour du développement local, axe majeur de reconstruction, de cohésion sociale et de devenir.
Le ministre Youba BA s’est dit convaincu que le développement de nos terroirs ne serait effectif et réel sans une prise en compte de la dimension culturelle du développement et de nos valeurs et normes socioculturelles à travers les mécanismes traditionnels de régulation sociale de nos diverses aires culturelles ; l’analyse historique et socio-anthropologique des aires culturelles afin de mieux appréhender le mécanisme endogène du processus de développement de notre pays.
Il a appelé les participants à analyser les mécanismes de développement qui ont laissé pour compte des territoires après plus de 60 ans d’appui national et international au développement. Aussi, le ministre a invité les participants à questionner les approches qui n’ont pas marché afin de donner des résultats positifs escomptés aux populations.

PAR MODIBO KONE

Source ; Info Matin

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