Notre jeune Nation, berceau des grands empires, est aujourd’hui confrontée à des défis de sécurité et de développement. Elle doit dessiner une nouvelle voie, afin de retrouver la place qui lui revient dans le concert des Nations. Pour cela, elle doit mettre l’accent sur la paix et le développement.
Les défis de développement vont de pair avec les problématiques de paix.
Pour devenir émergent dans cinq ans, le Mali doit impérativement soigner, dans un délai de 18 mois, les plaies de l’insécurité qui affligent sa population et son économie depuis déjà trop longtemps.
Il faut pour cela, renforcer le renseignement militaire en collaboration avec les populations locales, de manière à anticiper les mouvements de tous les ennemis de notre État. L’armée doit être la pierre angulaire et la priorité des réformes, ainsi que le nerf de tous les autres recrutements. Il faut de la stratégie, des hommes et des armes. Il faut du renseignement et de l’entraînement.
“La paix, ce n’est pas seulement le silence des balles” !
La paix, c’est aussi l’adoption d’une stratégie holistique. Il faut des institutions qui jouent leur rôle pour le bonheur des Maliens et du Mali. Le redéploiement de l’administration d’État dans les zones touchées par les conflits est une priorité afin qu’il n’y ait aucune autre loi dans ces zones que la loi de la République.
Il faut apaiser et créer la confiance d’ici à deux ans, ainsi que faciliter le retour de toutes les populations déplacées. Tous les Maliens ont droit au Mali. Nous devons poursuivre le processus de décentralisation pour doter notre pays de régions fortes et opérationnelles, capables de se soutenir mutuellement. La représentativité et l’inclusivité doivent être les fondements de nos futures institutions, qui ne doivent exclure ni les jeunes ni les femmes.
La paix ne peut se faire non plus qu’en disant la vérité. Un cadre de dialogue et de concertation, doit recueillir toutes les aspirations de nos populations vivant dans les zones en conflit. Mais le dialogue ne suffit pas. Des plans régionaux d’urgence d’électrification et d’adduction d’eau doivent permettre de relancer les régions qui présentent des lacunes à cet égard.
La fin de la guerre d’ici 18 mois, l’accès à l’eau et à l’électricité pour 100 % des Maliens d’ici 48 mois permettront maintenant de passer de la paix au développement.
Il faut réinvestir dans l’éducation, car la formation des Maliens est le socle du véritable développement. L’État doit lancer un programme visant à construire davantage des salles de classe pour réduire les effectifs par classe dans les écoles publiques. Une salle de classe “normale” accueille au maximum 40 élèves, pas 130 ! Nous devons également réviser les programmes et promouvoir la paix dans toutes nos écoles. Un plan agricole d’émergence doit permettre de produire massivement les denrées de première nécessité de nos populations, afin de faire drastiquement baisser leur prix de vente et de permettre aux Maliens d’améliorer leur alimentation. Des industries textiles et de transformation doivent accompagner la paix, car il n’y a pas de développement sans pouvoir d’achat. La modernisation des infrastructures est également essentielle pour un Mali moderne, qui doit repenser ses routes et s’engager dans la transformation technologique et numérique qui touche le reste du monde.
Nous devons travailler pour mettre le Mali au travail.
Moussa Djiré
“Tribune du 22 septembre 2023”