L’épidémie d’Ébola qui sévit dans la localité de Bikoro, sur les rives du lac Tumba, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo, a fait à ce jour 17 victimes. La maladie s’est déclarée dans une zone forestière située dans la province de l’Équateur.
D’après le ministère de la Santé, 17 cas ont jusque-là été confirmés par des analyses en laboratoire. “Après être venue à bout de huit épidémies, la République démocratique du Congo dispose de l’expertise et des compétences pour contenir ce nouvel épisode.” Jean-Jacques Muyembe, directeur de l’Institut national de recherche biomédicale de Kinshasa “Cinq échantillons prélevés chez les cas suspects ont été envoyés pour analyse à l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) de Kinshasa, le dimanche 6 mai 2018. Des cinq échantillons analysés, deux se sont révélés positifs à la maladie à virus Ébola sérotype Zaïre”, précise un communiqué du ministère de la Santé. Jusque-là, les autorités sanitaires ont identifié vingt-et-un cas suspects, dont dix-sept morts présentant des signes de fièvre hémorragique. Jean-Jacques Muyembe est l’un des experts congolais de la maladie à virus Ebola. Il dirige l’Institut national de recherche biomédicale. D’après ce médecin virologue, l’épidémie pourrait être contenue d’ici trois à quatre semaines : “les risques de propagation sont très faibles parce que c’est une zone vraiment reculée. Les voies de communication sont très difficiles. Donc il est peu probable qu’un malade puisse quitter cette zone et se rendre à Mbandaka ou à Kinshasa”, explique le médecin congolais. C’est la neuvième fois que la République démocratique du Congo fait face à une épidémie d’Ebola. La dernière flambée d’Ébola y est survenue en 2017 dans la zone de santé de Likati, située dans la Province du Bas-Uélé, dans le nord du pays, et a été rapidement endiguée grâce aux efforts conjoints du gouvernement, de l’OMS et de nombreux autres partenaires. Selon l’OMS, l’efficacité de la riposte engagée face à la flambée de MVE de 2017 tient à plusieurs facteurs: les cas présumés ont été rapidement notifiés aux autorités locales, les échantillons de sang ont pu être immédiatement analysés grâce au renforcement des capacités de laboratoire nationales, le gouvernement a annoncé la flambée tôt, des activités de riposte rapide ont été menées par les autorités sanitaires locales et nationales avec un solide soutien des partenaires internationaux, et l’accès aux fonds souples a été rapide. Dans un communiqué, l’organisation dit avoir débloqué US $1 million de son Fonds de réserve pour les situations d’urgence pour financer les activités de riposte des trois prochains mois, dans le but d’arrêter la propagation de la maladie à virus Ebola vers les provinces et pays voisins. Le virus d’Ebola avait été découvert en 1976 à Yambuku, une localité du Nord de la RDC, située près de la rivière Ebola, dont la maladie tire son nom. “Après être venue à bout de huit épidémies, la République démocratique du Congo dispose de l’expertise et des compétences pour contenir ce nouvel épisode”, renchérit Jean-Jacques Muyembe. Des équipes du ministère de la Santé ont déjà été déployées sur le site de l’épidémie. “A l’heure actuelle, nous avons une équipe sur le terrain composée de médecins, d’experts en eau et assainissement, de promoteurs de la santé, de logisticiens ainsi que d’un épidémiologiste. Ils travaillent ensemble avec les autorités nationales et d’autres organisations internationales pour évaluer le contexte et pour assurer que l’épidémie soit contenue”, indique Julien Raickman, chef de mission de l’ONG Médecins sans Frontières en République démocratique du Congo. Les équipes déployées sur le terrain vont identifier les cas et les isoler avant de leur administrer éventuellement un vaccin. Il s’agit d’un vaccin expérimental qui peut en principe être administré aux personnes déjà atteintes ou courant le risque d’être contaminées par le virus, explique un expert du ministère de la Santé. La maladie à virus Ebola est une fièvre hémorragique grave, souvent fatale, causée par un virus appartenant à la famille des filoviridés. D’après l’OMS, le taux moyen de mortalité est d’environ 50%. Dans sa phase initiale, le virus d’Ebola est porté par des chauves souris. Celles-ci transmettent la maladie à des singes avec qui elles partagent le même écosystème. Le virus se transmet ensuite aux humains, à travers la manipulation de viande de brousse. Enfin, en phase d’épidémie, la transmission interhumaine se fait par contact direct avec des fluides corporels (sang, sperme, salive, vomissures ou encore lait maternel). D’après l’OMS, la période d’incubation varie entre deux et vingt-et-un jours. Parmi les symptômes, on compte l’apparition soudaine de fièvre et de fatigue, de douleurs musculaires, de maux de tête et de gorge. Ces symptômes initiaux sont suivis de diarrhées, d’éruptions cutanées, d’insuffisances rénales et hépatiques et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes. A ce jour, la plus grave épidémie du virus d’Ebola a sévi entre 2013 et 2016 en Afrique de l’Ouest. La maladie a affecté la Guinée, la Sierra Léone et le Libéria, faisant plus de onze mille morts. En dehors des effets dévastateurs sur la santé, l’épidémie d’Ébola a également eu un impact socio-économique prononcé en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone. Selon la Banque mondiale [1], le produit intérieur brut (PIB) des trois pays a connu une baisse de l’ordre de 2,2 milliards de dollars en 2015. La maladie a entraîné une baisse des investissements et une perte substantielle de la croissance du secteur privé, une baisse de la production agricole qui a suscité des inquiétudes sur la sécurité alimentaire et une diminution du commerce transfrontalier à mesure que les restrictions sur les mouvements, les biens et les services augmentaient.