Le 15e Forum annuel de Bamako, qui s’est déroulé du 19 au 21 février, avait pour thème « l’émergence de l’Afrique à l’horizon 2035 » en présence du président de la République malienne, Ibrahim Boubacar Keïta, de l’ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson et de l’ambassadeur de l’Union européenne au Mali, Richard Zink.
Manifestation unique en son genre en Afrique, ce forum axé sur les enjeux de développement est un lieu d’échanges d’idées où se rencontrent chefs d’entreprises, hommes politiques, décideurs publics, universitaires, experts, représentants de la société civile et médias du continent africain.
Les pistes évoquées sont connues : une croissance toujours plus forte, une meilleure redistribution des richesses, une amélioration des infrastructures transnationales, la lutte contre la corruption, de nouvelles sources de financement (partenariat public-privé), des efforts autour de la jeunesse, la priorité accordée à l’éducation, la formation professionnelle et la recherche. Lors de son intervention à la cérémonie d’ouverture, le président malien a déclaré que l’Afrique peut et doit cesser d’être perçue comme un continent à la traine. Pour lui, « il faut sortir rapidement nos populations des griffes de la pauvreté ; la croissance doit se transformer en création d’emploi stables. En l’absence de sécurité, il n’y a pas de développement durable ». L’ambassadeur de France a d’ailleurs rappelé l’engagement et les efforts de son pays dans le domaine de la sécurité tant en Afrique qu’au Mali.
Cependant, la réalité malienne est moins brillante : djihadisme conquérant, fractalisation des territoires, menaces de sécession, démographie galopante, sous-développement chronique, absence d’intégration régionale … Des zones entières du nord du Mali échappent au contrôle du pouvoir central. La priorité est le retour de l’administration dans le Nord pour assurer ainsi l’indivisibilité du pays. Tombouctou, Gao et Kidal, aux mains d’une poignée de djihadistes, sont en premier lieu des régions administratives avant d’être des territoires touaregs. L’armée malienne, qui vient d’être dotée d’un budget substantiel, se doit d’être présente dans le nord non seulement pour combattre les ennemis mais aussi pour rasséréner la population civile.
Même si le Mali possède de nombreuses ressources comme l’or, l’uranium, le pétrole ainsi que diverses matières premières minérales, en particulier dans le nord, la reprise de toute activité économique ne pourra se faire qu’une fois la sécurité du pays assurée. Les Maliens pourront ainsi se consacrer au développement durable de leur pays en général et des régions du Nord en particulier.
L’homme africain est bien entré dans l’histoire et son continent n’est pas en achronie. A l’image du continent africain, le Mali doit faire montre de résilience face à la crise. En revanche, il doit changer de posture face aux djihadistes. Et comme le disait Clémenceau : « dans la vie, il faut savoir d’abord ce que l’on veut. Ensuite il faut le dire. Enfin, il faut l’énergie pour le faire ».
Amadou KEL ULLI
Source: Autre presse