Le 15 Mai reste malgré tout une date symbolique en République du Mali. En effet, elle consacre la signature de l’Accord de Paix et de Réconciliation entre le Gouvernement du Mali et les groupes armés du nord. Ce jour avait sonné comme une victoire bien qu’imposée, du Peuple malien après plus de 50 ans de rebellions cycliques (1963, 1990, 2006, 2012). Pour une des rares fois, le cœur des maliens : Majorité, Opposition, société civile, avait vibré à l’unisson pour saluer cet immense espoir. Mais, un an après, la montagne ne semble avoir accouché que d’une souris tant les blocages restent entiers et le processus presque au point mort, avançant à pas de caméléon. Pourquoi est-on toujours à la case de départ ? Les groupes armés sont-ils de bonne foi ? L’agenda de partition de la communauté internationale n’est-elle pas la cause du blocage ?
Alors qu’on croyait enfin fumer le calumet de la paix, avec la signature en grandes pompes de l’Accord de Paix et de Réconciliation au Centre International des Conférences de Bamako, le 15 mai et le 20 juin 2015, voilà que la mauvaise foi des acteurs impliqués dans sa mise en œuvre bloque le processus. La première responsabilité de ce surplace incombe inexorablement au Gouvernement, qui a manqué de vision et de promptitude dans la gestion de la crise.
Un gouvernement légitime et souverain ne sous-traite pas sa sécurité nationale avec un autre pays fut-il puissant, la France. Il doit, par lui-même prendre le taureau par les cornes et montrer clairement la voie pour une solution durable. Un an après la signature, le constat est plus qu’accablant. Les indicateurs sont toujours au rouge tant sur le plan sécuritaire que sur le plan du développement global du pays.
Et pourtant, les organes de pilotage tels que le Comité de Suivi de l’Accord et ses différents sous-comités que sont : le sous-comité chargé des questions politiques et institutionnelles, celui chargé des questions de défense et de sécurité, le sous-comité en charge des questions de développement économique social et culturel et le sous-comité chargé de Réconciliation, Justice et Questions Humanitaires.
Les quelques actions qui pouvaient être considérées comme résultats probants sont en train de fondre au soleil comme du beurre de Karité, telles que la tenue de la conférence de Paris sur le développement du Mali, la tenue des concertations entre la CMA et la Plateforme qui ont eu lieu à Anéfis du 27 septembre au 16 octobre 2015, le forum unilatéral de la CMA à Kidal et celui de Ménaka tenu récemment en présence des représentants de l’Etat.
Toutes ces actions n’ont malheureusement pas été suivies d’effets concrets et tangibles. Aujourd’hui encore, les questions qui fâchent sont celles liées à la mise en place des autorités intérimaires, qui divisent tant la classe politique. Les opérations de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion, DDR, n’ont pas toujours commencé malgré l’identification des 23 sites.
Les groupes armés conditionnent le DDR à la mise en place des autorités intérimaires comme pour dire que dans la mise en œuvre de l’Accord, nous faisons un pas en avant et trois pas en arrière. Et prenons garde que le DDR ne soit pas une vaste entreprise de «blanchiment de cerveaux et de compétences».
Youssouf Sissoko