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11ème Grand débat économique : le modèle économique post-crise en questions

Pour entrainer le Mali vers une économie forte et une croissance soutenue, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, préconise un libéralisme qui fait du secteur privé le moteur de la croissance et du développement. L’approche est jugée « dangereuse » pour Etienne Fakaba Sissoko pour qui le libéralisme a montré ses limites dans bien de cas. Pour l’économiste, qui prône le modèle socialiste, l’Etat doit être au cœur de l’activité économique tout en réservant, sans doute, une place au secteur privé. Regards croisés.

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Pour « un match » de 90 minutes les prolongations ont dû être jouées entre les deux invités, sans parvenir vraiment à les départager. Tant les idéologies sont contradictoires. Pour sa 11ème livraison le Grand débat économique de l’association forum de la presse du Mali a installé ses quartiers à l’Université Sup-Management pour un face-à-face entre deux écoles autour du thème « Quelle économie pour le Mali après la crise ? ».

« Au Mali, on n’a pas de politiques économiques »

Faisant le diagnostic de la situation économique, l’ancien Premier ministre pense que celle-ci est indissociable de la situation politique, sécuritaire du pays de façon générale. Selon Moussa Mara, il faut une stabilité dans ces domaines avant d’asseoir une économique répondant aux attentes. C’est donc dans un contexte économique difficile, marqué par l’instabilité institutionnelle, que se trouve notre économie, constate-t-il. L’ancien Premier ministre regrette que le Mali n’ait pas de politiques économiques suffisamment claires jusque-là. La politique est une vision, explique-t-il, d’où l’importance, selon lui, de remettre l’économie au cœur de nos politiques. Face à cette situation, Moussa Mara préconise une politique économique cohérente basée sur un modèle capable de booster le secteur privé. C’est avec cela que nous parviendrons à inverser la courbe du chômage et à asseoir une économie forte et réduire considérablement la pauvreté.

Si Etienne Fakaba Sissoko partage le diagnostic posé par son vis-à-vis sur l’économie, il refuse la solution proposée par ce dernier. Selon le directeur du Centre de recherche et d’analyse politique, économique et sociale, on ne peut relancer notre économie en prônant un modèle libéral qui a montré ses limites dans bien de cas.

 « Il faut remettre en cause les politiques économiques jusque-là adoptées »

« Le modèle libéral tel que prôné par Moussa Mara est un modèle dangereux pour les couches faibles, car dénoué de tout sens humains et ouvre la voie au capitalisme sauvage où l’Etat perd complètement le contrôle de l’activité économique », tranche Etienne Fakaba. Comme solutions, l’universitaire préconise plutôt un modèle social qui remet l’Etat au centre de l’activité économique tout en permettant au privé d’exercer.

« Dans l’activité économique, l’Etat doit rester fort, jouer son rôle de gendarme et évite l’expansion de l’informel »,explique l’économiste. En clair, selon lui, la situation actuelle de l’économie malienne est le résultat des limites des politiques économiques jusque-là adoptées.

Cette proposition qui fait réagir Moussa Marra, ressemble, selon lui, aux théories tiers-mondistes des années 1960. Qu’il en soit ainsi si vous le voulez, réplique Etienne Fakaba qui argue que ce modèle a pourtant montré ses preuves dans l’économie malienne où, entre 1960 et 1968, le Mali disposait d’une trentaine d’entreprises et sociétés d’Etat. Pourtant on n’avait pas de mines d’or comme maintenant, renchérit-il. Qu’avons-nous fait de ces entreprises ? S’interroge-t-il. Nous les avons privatisés, regrette Etienne, au nom d’un libéralisme qui a appauvrit les ménages, plongé notre économie et nous imposé le diktat des institutions de Bréton Wood.

Favoriser la bonne gouvernance

Pour Moussa Marra, la réalité des années 1960 n’est pas comparable à celle d’aujourd’hui. Dans tous les pays où l’Etat s’est substitué au privé, l’échec a été évident. L’Etat n’a jamais été un bon gestionnaire, martèle l’ancien Premier ministre.

Dans le cadre des initiatives de relance économique, Moussa Mara met l’accent sur les domaines prioritaires, comme les facilités d’octroi des marchés publics aux entreprises locales au niveau régional, l’investissement dans la restauration, l’hôtellerie, l’artisanat, le tourisme en mettant l’accent sur le tourisme intérieur. « Au Mali, l’élite a la mauvaise habitude de passer ses vacances à l’extérieur. Il faut encourager des vacances à l’intérieur du pays pour permettre à l’économie locale de tourner. Et dans le domaine de l’artisanat, l’Etat doit consommer malien, comme les mobiliers de bureau », propose Moussa Mara.

Sur ces propositions, les deux invités se rejoignent. Et Etienne d’ajouter que les secteurs agricole et industriel doivent être davantage valorisés par des politiques d’appui à la production et à la consommation, adapter la formation aux besoins de l’emploi pour réduire le chômage et former des cadres compétitifs à l’étranger, valoriser notre potentiel minier, créer l’école des mines, favoriser l’entreprenariat en créant la Banque publique d’investissement. Selon Etienne, tout comme Moussa Mara, tout cela passe par la bonne gouvernance.

 

Tony Camara

 

La rédaction

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