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10 pépites musicales d’Afrique à découvrir

Du cœur de la tradition à la modernité la plus électrique, les musiques africaines débordent de vitalité et d’invention, comme en témoignent ces dix puissants albums.

oumou sangare artiste chanteuse malienne

Oumou Sangaré, Mogoya

Comptant parmi les chanteuses les plus renommées du Mali, Oumou Sangaré est aussi une femme d’affaires très occupée dont le dernier album remonte à 2009. Mogoya a donc été longtemps attendu et, dans un premier temps, il surprend : en s’appuyant sur le goût du label No Format pour une pop afro-synthétique, la diva paraît parfois se mettre en retrait alors même que sa parole reste engagée (dans Yere Faga, elle évoque ainsi le suicide, mal auquel s’abandonnent de plus en plus de Maliens). Une façon peut-être d’exprimer un désabusement que la voix, toujours superbe, conjure moins souvent par ses éclats. Ce léger nimbe de tristesse finit toutefois par faire oublier les incises malencontreuses de “french touch” et nous ramène au véritable sujet de cet album : Oumou elle-même, immense et fragile.

Blay Ambolley, Ketan

En Afrique de l’Ouest, les vétérans de l’afro-funk ont généralement tant joué, tant vécu, que leurs manières y ont gagné une assise et une souplesse infinies. En 45 ans à faire pencher le highlife tantôt vers le jazz, tantôt vers le hip-hop – il a largement contribué à définir le hiplife, rap en langue fanti sur des instrumentaux highlife –, Blay Ambolley a acquis cette science. Elle lui permet, dans ce 30e album de laisser le cool marquer le tempo et présider à tout. Quand la voix fond souvent en murmures lascifs à la Barry White, la musique, elle, distille tous les bonheurs du highlife – séduisante idée de la “haute vie”. A paraître le 12 mai.

Vieux Farka Touré, Samba

Après une collaboration très réussie avec Julia Easterlin, Vieux Farka Touré revient au blues dans un album dominé par l’urgence (les enregistrements ont eu lieu dans le cadre des Woodstock Sessions, soit dans des conditions live) et le plaisir tout simple de jouer. Or, quand le plaisir est là, avec des musiciens d’une trempe pareille, on aurait tort de ne pas le laisser nous gagner. Virtuose de la guitare, Vieux délivre ici des solos jubilatoires (l’excellent Ba Kaitere) et distribue généreusement une leçon d’interprétation à la mali

Cheikh Sidi Bemol, L’Odyssée de Fulay

C’est un très beau projet, porté par un artiste attachant, Hocine Boukella, leader du groupe Cheikh Sidi Bemol (où l’on retrouve notamment Maxime et Damien Fleau de Festen). Il a donné naissance à un spectacle narrant les fabuleuses aventures d’un personnage de la mythologie kabyle, mais aussi à un album dépouillé et recueilli, gorgé de silences et de mélodies douces, œuvre de poésie qui ne transige pas avec le tohu-bohu moderne et ne regarde que le passé, celui des déesses et des géants, des génies et des contes, celui d’une certaine enfance enfin, salutaire à retrouver.

Kasai Allstars, Around Felicite

Le nouvel album de Kasai Allstars constitue la bande originale du film Félicité d’Alain Gomis. C’est pourquoi il tranche un peu avec la production habituelle du collectif congolais, auteur il y a quelques années de Drowning Goat (Mbuji Mayi), que l’on retrouve interprétée dans le film. A côté de titres déjà enregistrés sur d’autres albums, des inévitables likembés électriques et de l’atmosphère de cérémonie foutraque à laquelle le groupe nous a habitué, on trouve ainsi trois titres d’Arvo Pärt enregistrés avec l’Orchestre symphonique kimbanguiste et tout à fait étrangers au style du Allstars. Cet hétérogénéité peut heurter, elle offre néanmoins à ce disque touffu des aérations assez plaisantes.

Ifriqiyya Electrique, Rûwâhîne

S’il est un terme que le langage médiatique a vidé de sa substance, c’est bien celui de transe, trop souvent employé pour désigner des états d’abrutissement par les décibels ou dans une perspective entachée d’exotisme. Le projet mené par Ifriyya Electrique comporte ce risque en ceci qu’il confronte le rituel de possession de la communauté Banga de Jérid (Tunisie) aux sonorités électroniques élaborées par des musiciens européens. La détermination des expérimentateurs est telle cependant, et leur respect si sincère, qu’aucun doute n’est permis quant à leurs intentions. En mêlant le bruit de l’industrie aux répétitions incessantes de la cérémonie, cet album instaure un chaos métallique à faire fuir tous les démons et réjouir les organismes.

Danyèl Waro, Monmon

A chaque interprète de maloya sa façon d’exprimer l’immémoriale peine et la force de l’espérance, de laisser affleurer la mystique de l’océan et du volcan, de dire ce qui doit être dit. Mais entre tous, Danyèl Waro demeure unique. Affaire de fougue, de révolte personnelle, de foi du corps et de l’âme dans les mots et le chant, la plainte et la résistance. Monmon peut bien se lire (le livret reproduit les textes créoles en français) autant que s’écouter, l’essentiel se situe dans la profération, qui secoue tant celui qui la reçoit, jusqu’à ce Karinm final, que Danyèl et sa femme Florans entonnent a cappella, dans une intimité libératrice.

Kale Jula, Mande Kulu

Si les traditions maliennes savent parfaitement s’accommoder de l’électricité pour s’adapter aux tournures rock, pop ou funk, il n’en demeure pas moins que leur enchantement premier doit tout à l’acoustique, aux chaleurs du bois, à la vibration de la corde. Les guitaristes Samba Diabaté et Vincent Zanetti s’attachent à restituer les incomparables beautés de ces formes musicales tout en les confrontant délicatement au violon de Jacky Molard et à la contrebasse d’Hélène Labarrière. Travail de fins ciseleurs, où le temps même s’expérimente autrement, et qui commande de tout arrêter pour écouter gravement, recevoir l’enseignement profond de cette musique.

Nawal, Aman

Il y a dix ans, Nawal, chanteuse comorienne aux compositions imprégnées de spiritualité et d’humanisme, enregistrait un petit bijou intitulé Aman. Elle le ressort aujourd’hui, en prélude à un nouveau disque à paraître l’année prochaine. En arabe et en français, puisant dans des influences aussi bien africaines qu’asiatiques, orientales et jazz, elle y plaide pour la paix et la prise de conscience écologiste, l’éducation et le féminisme, sans jamais donner l’impression de prêcher lourdement ou naïvement. Métisses, teintés de soufisme, chacun de ces plaidoyers semble toujours neuf et plus nécessaire que jamais.

Mulatu Astatke, Mulatu of Ethiopia

La découverte progressive des musiques éthiopiennes a fait émerger ces dernières années quelques figures majeures, dont la plus populaire demeure Mulatu Astatke. Vibraphoniste, arrangeur, compositeur et band leader, Mulatu doit cette reconnaissance à son rôle déterminant dans la naissance de l’éthio-jazz. Enregistré en 1972 aux USA et pour la première fois réédité aujourd’hui en stéréo et en mono, Mulatu of Ethiopia constitue l’un des premiers manifestes de ce genre. Funk, jazz, gammes éthiopiennes et langueurs sud-américaines s’y embrassent dans une atmosphère feutrée, presque spectrale et sous-tendue de mystères hypnotiques. Un indispensable, à acquérir à partir du 19 mai.

 

Source: lesinrocks

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