Un nouveau vaccin existe désormais contre la polio. Il s’agit du Vaccin anti-poliomyélite inactivé (VPI). C’est ce vaccin qui sera adopté pour l’éradication mondiale de la polio. Son lancement a eu lieu, vendredi dernier, dans notre pays par le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Mme Togo Marie Madeleine Togo, au Centre de santé communautaire (CSCOM) de Safo en présence du maire de la commune rurale de Safo, Mayan Kané, du représentant de l’OMS, le Dr Baba Tounkara, du représentant de la commission polio-plus de Rotary international, le Dr Aliou Maiga, et de la représentante de l’UNICEF, Alexandra Dentice.
L’introduction de ce vaccin a été décidée par l’Assemblée mondiale de la santé qui a élaboré un plan stratégique pour l’éradication de la poliomyélite dans sa phase finale 2013-2018. Ce plan élabore une démarche globale pour achever l’éradication, y compris l’élimination de tous les cas de poliomyélite.
Le plan stratégique appelle à l’introduction du VPI d’ici fin 2015 dans les 124 pays, dont le Mali, qui n’utilisent que le VPO. Tous les pays devaient introduire au moins une dose du Vaccin anti-poliomyélite inactivé (VPI) dans leur calendrier de vaccination de routine avant la fin 2015. Les doses de VPI sont administrées à partir de la 14è semaine après la naissance au moment de l’administration du Penta 3. Le VPI est administré en plus des doses existantes de VPO. L’OMS a fait ces recommandations afin de minimiser les risques associés au retrait du VPO.
Évoquant les avantages de ce vaccin anti-poliomyélite, Mme Togo Marie Madeleine Togo a cité la réduction du risque de la réémergence du polio virus type 2 après le retrait de la composante 2 du VPO, la stimulation de l’immunité contre les poliovirus de types 1 et 3, ce qui permet de réduire la vulnérabilité mondiale aux poliovirus sauvages encore existants mais aussi d’accélérer l’éradication dans les zones infectées, et la facilitation de l’interruption de toute flambée épidémique de type 2 en garantissant une réponse immunitaire plus rapide et plus efficace au VPO monovalent de type 2 à ce moment précis.
Elle a confirmé que le Mali a souscrivait aux recommandations de l’OMS et prévoyait d’introduire une dose du VPI dans son PEV de routine en 2016. Pour cette introduction, les stratégies habituelles de vaccination seront menées avec le centre fixe, la stratégie avancée et la stratégie mobile.
Au Mali, la situation sanitaire se caractérise par la persistance des maladies infectieuses et parasitaires, avec un niveau élevé de morbidité et de mortalité chez les femmes et les enfants. « Il a été prouvé que la plupart des maladies meurtrières et ou handicapantes qui touchent le plus souvent les enfants peuvent être évitées par la vaccination », a souligné le ministre. C’est dans ce cadre que le Mali a lancé officiellement son Programme élargi de vaccination (PEV) le 11 décembre 1986 afin de réduire le taux de morbidité et de mortalité dû à six maladies cibles (tuberculose, diphtérie, coqueluche, tétanos, poliomyélite, rougeole). Notre pays a progressivement introduit la morbidité et la mortalité de ces maladies.
Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique a également rappelé qu’en 2015, aucun cas de poliomyélite n’a été signalé dans la région africaine et seulement deux pays restent endémiques à ce jour dans le monde : l’Afghanistan et le Pakistan. Depuis 1988, l’OMS a fixé un objectif d’éradication de la poliomyélite pour 2000, puis pour 2012, après deux reports, a rappelé Mme Togo Marie Madeleine Togo qui a relevé qu’en mai 2012, l’Assemblée mondiale de la santé a décrété l’achèvement de l’éradication du poliovirus, urgence programmatique pour la santé publique mondiale. C’est pour cette raison qu’un plan stratégique pour l’éradication de la poliomyélite dans sa phase finale 2013-2018 a été élaboré.
Au regard des progrès réalisés jusqu’ici en matière de lutte contre la poliomyélite, elle a lancé un appel aux autorités politico-administratives, aux mères, aux associations de femmes, de jeunes, aux chefs coutumiers, aux leaders religieux et à l’ensemble des organisations de la société civile à beaucoup plus d’engagement, d’implication pour la réussite effective de l’introduction de ce vaccin dans le Programme élargi de vaccination.
La représentante de l’UNICEF, Alexandra Dentice, a précisé que ce vaccin est sans danger, efficace et qu’il protège les enfants contre la poliomyélite paralytique définitive. Au cours des 10 dernières années, rappellera-t-elle, plus de 10 milliards de doses de VPO ont été administrées à près de 3 milliards d’enfants de par le monde, plus de 10 millions de cas de polio ont ainsi été évités, et la maladie a été réduite de plus de 99%. Selon Alexandra Dentice, le VPO contient des poliovirus atténués (affaiblis) dans de très rares occasions. Son utilisation peut provoquer des cas de poliomyélite paralytique associé au vaccin et de poliovirus circulant dérivés de la souche vaccinale. C’est pour cette raison que l’éradication mondiale de la polio nécessite l’arrêt de l’utilisation du VPO dans la vaccination de routine dès que possible, après l’éradication de la transmission de la poliovirus sauvages.
La représentante de l’UNICEF a ainsi invité les habitants de districts comme Diré, Sélingué  et Markala  à faire cette vaccination car ces districts avaient plus de 20% de leurs enfants non vaccinés en 2015.
Le représentant du Rotary international, le Dr Aliou Maiga, a confirmé que la polio a été réduite de façon drastique et que d’énormes progrès ont été effectués. Cette innovation, dira-t-il, sera une nouvelle façon de faire et permettra de mieux éradiquer le mal.
Le représentant de l’OMS, le Dr Baba Tounkara, a assuré qu’en introduisant ce vaccin dans le calendrier de vaccination systématique, les pays exempts de poliomyélite seront mieux protégés contre une réinfection par cette maladie ou sa réapparition, les enfants seront mieux protégés contre des poliovirus et l’éradication des souches restantes du poliovirus sera accélérée.
F. NAPHO

Source : L’Essor