C’est par ces mots, entre autres, que le ministre des Affaires foncières de l’Urbanisme et de l’Habitat, Dionké Diarra, a affronté l’épreuve de son interpellation par des membres du Conseil national de la transition, le 11 février dernier. Initiée pour avoir des explications à la démolition de la zone aéroportuaire qui fait couler tant de larmes, depuis une vingtaine de jours, la comparution du ministre promettait un débat houleux pour un CNT qui effectuait son baptême du feu dans l’exercice.
Et, au terme de l’épreuve, on peut dire que le débat aura tenu toutes ses promesses. Et pour cause, le ministre Dionké a été la cible d’une kyrielle de questions de la part de l’ancien porte-parole de la Synergie des syndicats de l’éducation fortement préoccupée par les motifs avancés par les autorités et les sorts des familles déguerpis. Parlant des motifs, le ministre des Affaires foncières a insisté sur les nombreuses tentatives de démolition qui se sont heurtées aux contingences politiques. «Et nous sommes dans une transition», a martelé le ministre. Pour justifier sa décision, il a rappelé que l’opération repose avant tout sur l’appartenance de l’espace concernée au domaine public de l’État, qui a été morcelé et vendu par la mairie du District de Bamako en violation flagrante des textes. Et contrairement à ce que certains pensent, il n’y a pas de complicité entre la mairie et les agents de l’État, a soutenu le ministre en pointant du doigt la Mairie du District comme seul responsable et bénéficiaire des ventes des espaces en question. «C’est elle qui a empoché les sommes. Aucun reçu de versement à l’impôt de ces achats n’a été fait», a-t-il expliqué avant de relever que la mairie avait été sommée d’arrêter la vente desdits espaces.
Enfonçant davantage l’administration d’Adama Sangaré, il ajoutera que le maire a tenté de résoudre le problème, en juillet 2008, en demandant dans une lettre confidentielle adressée au ministre des Affaires foncières de l’époque la dé-classification de la zone aéroportuaire pour y opérer des attributions après s’être rendu compte qu’il est dans l’illégalité. Sa demande sera malheureusement rejetée en plus d’avoir été sommé de reporter ses actes et d’arrêter la délivrance de nouvelles attributions, a indiqué le ministre Diarra, prévenant au passage que tous les actes de la Mairie du District sur la zone aéroportuaire sont nuls et sans effet et qu’aucune indemnisation n’est prévue pour les victimes de l’opération. Selon le ministre, en clair, les victimes ne disposent tout simplement d’aucun droit juridique. Qui plus est, les frais de démolition des constructions devraient être à leur charge. Et d’affirmer par ailleurs que l’opération va se poursuivre parce que sur 7 100 hectares, seuls 1 000 hectares ont été libérés.
Amidou Keita
Source : Le Témoin