Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mardi l’ONU à agir “immédiatement” face aux “crimes de guerre” commis selon lui par la Russie dans son pays, sans quoi les Nations unies n’auraient qu’à “simplement fermer”.
À la suite de ce discours solennel par vidéo retransmis en direct dans la salle du Conseil de sécurité, Volodymyr Zelensky a fait diffuser des images très crues de personnes tuées en Ukraine. Pour le président ukrainien, les violences à Boutcha où des dizaines de cadavres de personnes portant des vêtements civils ont été découverts ces derniers jours, sont comparables à la violence menée “par des terroristes comme Daech”, mais commise “par un membre du Conseil de sécurité des Nations unies”.
Volodymyr Zelensky a ainsi appelé à ce que la Russie soit exclue du Conseil de sécurité, dont sa présence comme membre permanent rend une telle décision pratiquement impossible, et à une réforme du système de l’ONU, afin que “le droit de veto ne signifie pas le droit de tuer”. Sans quoi, les Nations unies n’auraient qu’à “simplement fermer”, a-t-il déclaré.
“Maintenant nous avons besoin de décisions du Conseil de sécurité pour la paix en Ukraine. Si vous ne savez pas comment prendre cette décision, vous pouvez faire deux choses”, a déclaré le président ukrainien. “Soit exclure la Russie en tant qu’agresseur et à l’origine de la guerre afin qu’elle ne bloque pas les décisions relatives à sa propre agression. Puis faire tout ce que nous pouvons pour mettre en place la paix”, a exhorté M. Zelensky en présence du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. “Ou l’autre option est de montrer, s’il vous plaît, que nous pouvons nous réformer ou changer (…). S’il n’y a pas d’alternative ou d’option, la prochaine option serait de carrément vous dissoudre”, a encore soutenu le président ukrainien.
“Juste pour leur plaisir”
Car en Ukraine, a-t-il lancé devant les représentants des pays membres, ses concitoyens “ont été tués dans leurs appartements, dans leurs maisons avec des grenades ; des civils ont été écrasés par des tanks alors qu’ils étaient dans leur voiture au milieu de la route, juste pour leur plaisir.” “Ils ont découpé des membres, tranché des gorges. Des femmes ont été violées et tuées face à leurs enfants, leur langue coupée parce qu’ils n’entendaient pas ce qu’ils voulaient entendre”, a-t-il encore déclaré depuis un bureau, mur blanc et drapeau de l’Ukraine en fond.
Ces actions montrent que “désormais, la Charte des Nations unies est littéralement violée, dès son premier article”, a dit Volodymyr Zelensky, demandant que la Russie soit “tenue responsable” pour “les pires crimes de guerre” commis depuis la Seconde guerre mondiale, selon lui. “Si cela se poursuit, les pays ne pourront compter que sur la puissance de leurs propres forces pour assurer la sécurité, et non plus sur le droit international, sur les institutions internationales,” et “les Nations unies n’auraient qu’à fermer.” “La Charte des Nations unies doit être restaurée immédiatement”, a-t-il appelé.
Le président ukrainien a aussi dénoncé la “colonisation” de la Russie. “Ils ont besoin de notre richesse, de notre peuple. La Russie a déjà renvoyé des centaines de milliers de nos citoyens dans leur pays. Ils ont enlevé plus de 2.000 enfants,” a poursuivi le président ukrainien. “La Russie veut faire des Ukrainiens des esclaves silencieux.”
La Russie répond
À la suite de cette déclaration et de la diffusion d’une vidéo d’”images épouvantables”, selon les mots de l’ambassadrice britannique Barbara Woodward, le représentant russe au Conseil de sécurité a répondu au président ukrainien.
“Nous ne sommes pas venus en Ukraine conquérir des territoires”, a déclaré Vassily Nebenzia, contestant à nouveau les accusations d’atrocités visant l’armée russe: “vous avez vu des cadavres et entendu des témoignages, mais vous n’avez vu que ce que l’on vous a montré. Vous ne pouvez pas ignorer les incohérences flagrantes dans la version des événements promues par les médias ukrainiens et occidentaux.”
Il a également déclaré que son pays avait procédé à l’évacuation de “600.000 personnes” d’Ukraine, dont “plus de 119.000 enfants”. “Et nous ne parlons pas, en aucune manière, (de personnes parties) sous la contrainte ou enlevées, ainsi que le décrivent nos partenaires occidentaux, mais bien de décisions volontaires”, a-t-il affirmé.
SOURCE: https://www.7sur7.be/