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Youssouf Diakité : Un destin à la force du poignet

«Il est parfaitement admis aujourd’hui qu’on peut être poète sans jamais avoir écrit un vers, qu’il existe une qualité de poésie dans la rue, dans un spectacle commercial, n’importe où .. . ». La référence à cette citation de l’écrivain d’origine roumaine Trsitan Tzara (de son vrai nom Samuel Rosenstock) dans le numéro 11 des «Cahiers du Jazz» pour parler de Youssouf Diakité, un fonctionnaire non-voyant, est délibérée et traduit une volonté d’exhiber chez cet homme au sixième sens très développé ce qu’il exhale de beau comme la poésie, de touchant, de grandeur d’âme et de persévérance dans l’effort. Il s’agit tout simplement de montrer le génie qui sommeille en tout être humain, même avec un handicap.

 

Le parcours de celui qui a su additionner les atouts pour ne pas continuer à vivre avec son handicap visuel «comme un rat au dessus de l’épaule», inspire respect. Il officie à la direction nationale de la protection sociale et de l’économie solidaire comme chef de la section suivi des institutions de sécurité sociale et des conventions bilatérales et multilatérales, depuis 2005.«J’aurais aimé être chef de division», confie l’expert international en technologies de l’information et de communication (Tic) pour aveugle et malvoyant et en éducation inclusive. En cette qualité, il a fondé l’école des jeunes aveugles de Missala.

Vêtu d’un costume blanc, les yeux cachés derrière de sombres lunettes, celui qui nous accueille dans son bureau a une emprise sur le monde moderne. Il «a ouvert ses yeux sur le monde et ses mystères», un jour de décembre 1971 à Bamako, avant d’être scolarisé à l’Institut national des aveugles du Mali, Ismaïla Konaté (Inam) qui a été bâti sur les cendres de l’Institut des jeunes aveugles du Mali (IJA), à l’âge de 5 ans par un oncle. Déjà, dans le cœur de ce fils de magasinier couvait l’envie de repousser les limites de l’handicap visuel, en atteste son cursus scolaire et universitaire. Il a été 1er national l’examen du Certificat d’études primaires (CEP) en 1984 et obtenu mention bien au baccalauréat dans la série Langues et littérature (LL) en 1992, avant de décrocher une maitrise en droit privé à l’école nationale d’administration (ENA) d’alors.

RICHE CARRIÈRE D’EXPERT-C’est à partir de 2007 que Youssouf Diakité suivra une série de formations en informatique à l’Institut Montéclair d’Angers en France en Word, Excel, Powerpoint, Windows, gestion de clef USB, messagerie électronique et la manipulation des téléphones adaptés. Il justifie son choix pour les Tic par son désir d’avoir un bon rendement administratif et l’envie d’avoir une autonomie. Cet ancien formateur en chef du centre informatique de la bibliothèque sonore de l’Union malienne des aveugles (Umav) a formé une centaine de non-voyants en informatique au niveau national et international.

Youssouf Diakité a aussi participé à des séminaires internationaux sur des thématiques comme le leadership des personnes handicapées, éducation intégratrice et inclusive de qualité et l’accessibilité des personnes handicapées aux NTIC. Ses compétences d’expert international en Tic pour aveugle et malvoyant lui ont permis de monnayer son talent auprès de Handicap International, de l’Assemblée permanente des chambres de métier du Mali (APCMM), de l’Agetic et l’Établissement qataro-mauritanien pour le développement social (l’EQMDS) de Toujounine à Nouakchott. Il a initié plusieurs membres de l’Association nationale des aveugles de la Mauritanie aux aides techniques adaptées à l’informatique pour non-voyants.

Concernant sa rencontre avec l’éducation inclusive, l’expert en Tic dira qu’il a acquis les notions lors de ses cours d’informatique à Angers. Youssouf Diakité est père de six enfants dont trois filles. Il parle anglais, français et bambara.

Mohamed D. DIAWARA

Source : L’ESSOR
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